Jean-Marc Roberts cour protecteur

Dans La Prière, Jean-Marc Roberts égrène le thème de l’amour filial, tout en caressant le détonateur des pièges passionnels et idéologiques. Dans son bureau enfumé, le directeur des éditions Stock se dévoile en homme pudique et sensible.

Qu’aimeriez-vous transmettre à vos enfants ?

Surtout rienà c’est la meilleure façon de leur transmettre quelque chose. J’aime qu’ils soient différents de moi, qu’ils trouvent leur propre voix. J’admire ma fille médecin, mon fils trader à Londres et mon jeune fils, danseur étoile.

Via ce roman, qu’aimeriez-vous dire à votre aîné ?

On écrit pour donner des nouvelles, pour délivrer des secrets ou pour rétablir un dialogue. Ce livre ne peut que renforcer le lien que je partage avec lui. Mes héros sont mes doubles. A travers eux, j’essaye de me connaître, de me comprendre, mais pas de m’excuser.

 » Il n’y a pas de plus grand destin que celui de l’amour « , pourquoi ?

Comme dirait Annie Ernaux, que je vénère,  » l’amour est le plus grand luxe « . La passion fait perdre la tête, c’est la plus folle et la plus enviable des situations. Elle n’est que de courte durée, mais il n’y a rien de meilleur.

Qu’est-ce qui rend les femmes séduisantes ?

Plus libres, ce sont elles qui décident. J’aurais d’ailleurs adoré être une femme.

Laquelle ?

Françoise Sagan. Je suis né en même temps que Bonjour tristesse. Elle a vécu, moi un peu moins. Je suis joueur, mais pas flambeur.

La beauté c’està

L’imperfection. Quant à la séduction, elle est naturelle.

Ce roman dresse-t-il un parallèle entre l’aveuglement amoureux et idéologique ?

C’est le sujet même du roman. On se tue par amour et on peut tuer par amour pour une cause extrême. Cet aveuglement fait perdre la tête ou pousse certains à se faire sauter la tête. Exceptés mes enfants, je n’aime pas les appartenances. Je ne supporte pas les extrémismes, or je vis dans un pays où l’antisémitisme coule par intraveineuse. Ce n’est pas tant le terrorisme qui m’effraye, que ceux qui fabriquent les kamikazes.

Qu’est-ce qui vous rend plein d’espoir ?

L’élection d’Obama, pourquoi n’avons-nous pas un type comme ça en France ? La misère du monde se traduit par un refus à la différence. Et puis, le regard de mes enfants.

Un film.

Toto le héros de Jaco Van Dormael, un pote extraordinaire. J’ai l’impression que cette histoire parle de moi.

Pourquoi ne possédez-vous aucun bien ?

Parce que s’ancrer, c’est la mort.

Dernière fois que vous avez pleuré.

Quand Jean-Louis Fournier a eu le Prix Femina, j’ai sangloté dans ses bras.

Quelle est votre Prière ?

Que mon plus jeune enfant grandisse vite et bien. Et que je puisse devenir grand-père.

La Prière , par Jean-Marc Roberts, Flammarion, 118 pages.La suite de cet entretien sur weekend.be

Propos recueillis par Kerenn Elkaïm

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