Au Muy, tout près de Saint-Tropez, un musée insolite et de plein air rend hommage aux constructions de Jean Prouvé (1901-1984). Démontés, rénovés et réinstallés ces opus font à nouveau merveille dans un cadre de nature provençale.

Il y a une vingtaine d’années déjà, Enrico Navarra, galeriste à Paris, marchand d’art contemporain et éditeur, profondément attaché à ses origines méridionales, a eu envie d’une résidence secondaire au soleil. Il a ainsi acquis un terrain au Muy, à deux pas de Saint-Tropez, où il a fait édifier une agréable maison de vacances. Rapidement, il a compris le parti professionnel qu’il pourrait en tirer. Comme beaucoup de gens riches et célèbres, marchands ou collectionneurs d’art, passent l’été dans cette belle région de France, il les a invités à découvrir ses propres collections sur place. Puis il a imaginé de les retenir pour de petits séjours dans une seconde construction : la maison d’amis.

Au fil du temps, en effet, la propriété du Muy a pris une importance de plus en plus grande dans l’organisation professionnelle d’Enrico Navarra. Au point, qu’aujourd’hui, elle en constitue le c£ur. De résidence secondaire, elle est en effet d’abord devenue une prolongation du siège parisien, et depuis lors, la galerie principale. En passe même d’ouvrir des filiales en Extrême-Orient.  » Cela se comprend aisément, explique le maître des lieux. Collectionneurs, acheteurs, critiques d’art sont de plus en plus souvent sur la Côte d’Azur. On les y contacte plus facilement, et les relations qu’on peut nouer sont infiniment plus cordiales – et efficaces – que celles que l’on peut établir dans une grande ville comme Paris. « 

C’est dans cet environnement favorable, né d’un heureux mariage de la nature provençale et d’aménagements inspirés, qu’Enrico Navarra a installé sa collection la plus originale : des créations architecturales de Jean Prouvé (1901-1984).  » J’ai toujours estimé, commente-t-il, que ses éléments d’architecture étaient plus intéressants que son mobilier. Les structures du CNIT ( NDLR : Centre des nouvelles industries et technologies, le premier bâtiment érigé sur le site de La Défense, à Paris, et dont le chantier se déroula entre 1956 et 1958), par exemple, ou de l’aérogare d’Orly sont très élaborées… La recherche technique y devient esthétique.  » En écho à ces réalisations architecturales gigantesques, le galeriste a réuni au Muy des constructions plus modestes : une station-service, en aluminium et plastique, que Prouvé avait réalisée pour Total, et plusieurs maisons démontables, en aluminium et bois, commande, après la Seconde Guerre mondiale, du gouvernement français, pour accueillir des réfugiés. Il a également déniché, avec l’aide de Patrick Seguin, son confrère et complice en admiration du célèbre architecte, un auvent qui avait protégé l’entrée des bâtiments de la Sécurité sociale au Mans et qui est devenu un garage ainsi que les portes d’entrée de la Fédération nationale du bâtiment à Paris.

Ces opus de Prouvé, Enrico Navarra les a hissés au rang d’£uvres d’art à part entière. Les portes de la Fédération du bâtiment, par exemple, qu’il tient pour des  » bijoux d’£uvre d’art et de technicité « , il les a enchâssées dans la galerie où sont exposées différentes £uvres, dont du mobilier de Prouvé lui-même, mais également des pièces de Le Corbusier ou de Charlotte Perriand. Les constructions démontables, elles, ont été restaurées puis remontées pour y présenter, là encore, des £uvres d’art des meilleurs artistes du xxe siècle et du début du xxie siècle : l’une est présentée comme un studio d’habitation, l’autre comme une salle de gymnastique… Un ensemble d’une grande cohérence artistique et esthétique.

Carnet d’adresses en page 80.

Reportage : Luxproductions. com

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