Barbara Witkowska Journaliste

La joaillerie se décline toujours à coups de diamants, d’or et de pierres précieuses. Mais les pierres semi-précieuses aux teintes éclatantes, l’argent et, parfois, l’acier inoxydable, les talonnent de près. Il y a de l’éclectisme et de la joie dans les collections d’hiver.

Carnet d’adresses en page 136.

La joaillerie se porte bien, très bien même dans un contexte de morosité économique. Son succès relève davantage de la sociologie que de l’économie. En réponse à un luxe grand public, l’envie d’exclusif et d’unique se dessine comme un nouvel art de vivre. Voire même une philosophie animée par une quête du beau et du rare. Cela dit, ne nous y trompons pas. La joaillerie n’a rien d’une  » ascète  » à la beauté parfaite mais froide et ennuyeuse. Au contraire. Comme si elle voulait faire la nique à la grisaille ambiante, la joaillerie se glisse aujourd’hui dans le rôle de la joyeuse coquette et voit la vie en Technicolor.

Esthétiques minimalistes, tressages aériens, lignes parfaitement maîtrisées, les joyaux nouveaux préfèrent la finesse à l’ostentatoire. Nouvelle venue sur le marché, la collection de joaillerie Montblanc propose des £uvres pleines de poésie, construites autour d’un élément hautement symbolique, la célèbre étoile blanche posée depuis longtemps déjà sur les instruments d’écriture de la marque. Réalisées en argent 925, les pièces s’ornent parfois de diamants ou de pierres semi-précieuses. Le parme de l’améthyste ou le bleu de la topaze déclinent des codes chromatiques pile-poil dans la tendance. Dans la ligne Star, le logo tient la vedette et s’intègre dans les bagues, les boucles d’oreille ou les pendentifs. L’étoile y brille entièrement argentée, revêtue de nacre ou sertie de diamants. Pièce phare de la collection Profile, la double bague en argent est composée de deux éléments superposés. En les faisant tourner, on modifie la forme et le design. A l’évidence ludique, ce bijou ne demande qu’à être touché et manipulé, dans une quête du jeu et de l’instant poétique. La collection Bohème, enfin, révèle l’exigence de ne garder que l’essentiel. Sans fioritures ni détails superflus, les colliers et les bracelets se caractérisent par des cubes simplissimes en argent, rehaussés d’améthystes ou de topazes, ronds ou carrés. Leurs lignes lisses et pures s’adaptent au grain de la peau. Les bagues sont admirablement assorties. D’où cette impression d’équilibre qui en surgit.

L’année dernière, Calvin Klein s’est lancée dans la joaillerie à petits prix. Résultat ? Une belle gamme de bijoux en acier inoxydable, inclassable, aussi pure qu’élégante, aussi nette que… suisse, car tout est conçu et fabriqué là-bas. Magnifiquement proportionnées, les lignes de la bague cK Ellipse fluctuent dans un mouvement insaisissable. La courbure de l’acier exalte la perfection du rythme. Le cristal teinté, source de lumière, s’anime de nouveaux coloris : bleu, corail et blanc. Design épuré, simplicité et élégance, la nouvelle ligne cK Loop sublime la perfection du cercle. Une, trois ou cinq boucles ondoyantes dessinent bracelets, boucles d’oreille et bagues. Mariage chic de pierres précieuses (diamants) et de matière urbaine (acier inoxydable très lumineux), cette ligne renverse les codes de la joaillerie pour proposer une vision nouvelle et personnelle du bijou.

La maison horlogère Omega imagine des lignes de bijoux inspirées de collections de montres. La ligne Griffes évoquait les  » griffes  » des montres de la ligne Constellation. Voici la ligne Sedna. Ce nom mystérieux désigne l’objet identifié (par la Nasa) le plus éloigné de notre système solaire, à quelque 13 milliards de kilomètres de la Terre. Plus poétiquement, il symbolise une étoile qui figure, aussi, sur de nombreux cadrans de la montre Constellation. Dans la ligne Sedna, l’étoile a cinq branches et scintille de mille éclats. Le pendentif, en or jaune ou or gris, serti de 30 diamants, s’accroche à un cordon de satin rouge ou noir. Une bague sobre prend une allure ludique avec un pendentif étoile  » pampille « , pavé de 10 diamants. Or jaune ou gris.

Quête de lumière

On a l’impression que la valeur des pierres (ou le caratage) n’est pas toujours le plus important dans la joaillerie. La tendance est davantage dans la subtilité, dans la recherche de nouvelles associations de formes, de pierres et de couleurs. Ainsi, la nouvelle collection Pasha de Cartier fait, elle, la part belle aux diamants, mais aussi aux très belles et rares pierres semi-précieuses, dont l’originalité s’exprime à travers des pièces à la féminité contemporaine et élégante, en symbiose avec son époque. Pasha décline superbement, et à l’infini, la grille bombée, le leitmotiv de la montre éponyme, dont elle s’inspire. Dans un cercle, le joaillier à tissé une maille à la géométrie parfaite et l’a réchauffée de couleurs chatoyantes. En utilisant des gemmes rarement exploitées, tels la rubellite framboisée, la citrine madère, la citrine palmera, le béryl vert ou la cordiérite, il a créé des harmonies précieuses et inhabituelles. Les bagues, boucles d’oreille, colliers et bracelets sont également disponibles en version pavée de diamants, en version diamants et nacre blanche ou tout simplement en or.

Chez Chaumet, la couleur prend des allures féeriques avec la nouvelle collection de solitaires, nommée Frisson. Le diamant y reste incontournable mais n’hésite pas à s’associer à la beauté des pierres semi-précieuses. Ludiques et exubérantes, celles-ci reflètent joliment l’image de notre époque show-off et extravertie, en emprisonnant entre les griffes audacieuses et acérées la morganite, le grenat tsavorite, la kunzite, la tanzanite ou encore le grenat spessartite. La collection Frisson décline également un autre univers, plus minimaliste, qui préserve la simplicité et la pureté des formes, afin de servir au plus juste la délicatesse d’un saphir rose ou d’une perle. En vedette, une collection de bagues trois pampilles pour un porté petit doigt subtil et raffiné, une ligne autour de la perle de Tahiti en forme de goutte couleur gris argenté et, enfin, un nouveau solitaire avec un diamant mobile interprétant le solitaire classique.

Chez Pomellato la couleur étale sa palette dans un éventail de subtil camaïeu de rose, de parme et de vert. Les gemmes fines et précieuses poudrent les bijoux d’une indicible douceur. Sur bagues et boucles d’oreille de la ligne Pin Up, le quartz lemon, l’améthyste et le quartz fumé scintillent, sûrs de leur charme. Dans la ligne Baby, les nuances aquarelles du quartz rose milky, les touches mauves de l’améthyste et les éclats solaires du quartz citron dessinent une douce volupté romantique. Enfin, dans Lola, la ligne la plus classique de Pomellato, les couleurs veloutées du quartz madère, du quartz lemon, de l’améthyste, du grenat et du quartz fumé sont vivifiées par des tailles asymétriques, très originales. Bijoux exceptionnels mais faciles à porter, voilà une jolie façon d’éclairer les premiers jours d’hiver d’une touche de douceur et d’optimisme.

Parures de rêves

Gabrielle Chanel présente sa première collection  » Bijoux de diamants  » en 1932. Le thème ? La comète et l’étoile, pour  » couvrir les femmes de constellations « . En 2005, une véritable pluie d’étoile, interprétée dans une nouvelle collection, réactualise ces motifs aux accents d’éternité. Colliers, broches et bracelets  » manchettes  » forment des rivières de diamants d’un nouveau genre, aériennes, comme si les étoiles se touchaient dans l’espace sans aucun lien, comme si elles flottaient dans l’air, façon bulles, avant d’aller s’évanouir au moindre souffle… Magique !

Chez Bulgari, les parures se suivent mais ne se ressemblent pas. Après le feu d’artifice des pierres fines multicolores, retour à des harmonies plus graphiques, interprétées en or blanc et en diamants. Astrale brille de mille feux et affirme ses formes intemporelles qui se déclinent en cercles concentriques et en éléments mobiles. Créative et rigoureuse, la collection révèle une séduction sophistiquée et affirmée, très italienne. Colliers, bagues, bracelets et pendants d’oreille.

Maxi-effet et maxi-volume chez Dinh Van pour la bague Osmose. Dans une sphère généreuse en or jaune et aux courbes expertes, le joaillier parisien a imaginé d’inclure une améthyste ou un péridot. Un contraste chromatique étonnant et de superbes reflets chatoyants. En version plus festive, la bague se pare d’or gris et de diamants et place dans son c£ur une perle blanche. Disponible aussi en pendentif.

Barbara Witkowska

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