FONCTIONNAIRE EUROPÉENNE

 » Jusqu’à mon divorce il y a huit ans, évoque Joëlle Hirn, un demi-siècle dans quelques jours, ma vie sociale était plutôt limitée. Nous habitions à la campagne, à 30 km de Bruxelles, nos activités étaient assez traditionnelles : dîners entre amis, peu de sorties… Quand nous rentrions à la maison le soir, nous n’avions plus le courage de ressortir. Au fond, j’étais un peu frustrée. Après notre séparation, j’ai très vite retissé un large cercle d’amis et je me suis installée en ville. Aujourd’hui, il n’y a aucune limite. Dès que l’envie me prend, je sors boire un verre, retrouver des copains. Vernissage, théâtre, cinéma, resto, discothèque… Si ça tourne bien, ça peut durer toute la nuit. La priorité, c’est le plaisir du moment improvisé. J’ai toujours eu ce caractère, c’est ma nature profonde. Mon mariage et mes enfants avaient ouvert une parenthèse de quelques années, elle est refermée.  »

Joëlle a deux enfants, une fille de 19 ans et un garçon de 23.  » Nos rapports sont très proches, on est au même niveau. On se parle de tout, ce qui ne nous empêche pas d’avoir nos jardins secrets. Je connais leurs amis, ils connaissent les miens, on est copains mais tout n’est pas permis : ils ne contestent pas mon autorité parentale. Même si je sors plus que mon fils, qui est plus casanier.  » En revanche, elle se retrouve régulièrement en boîte avec sa fille !  » Elle me propose souvent de l’accompagner. Ça ne lui pose aucun problème, à la limite, c’est moi qui suis un peu gênée, quand la moyenne d’âge dépasse à peine 18 ans…  » Les deux femmes échangent même leurs garde-robes.  » On fait du shopping ensemble et, à part quelques vêtements plus très appropriés à mon âge, comme les jupes trop courtes, on partage tout. Les baskets et les jeans serrés, on les achète en double dans des couleurs différentes pour pouvoir les échanger. Ma fille ne me voit pas comme une vieille – c’est elle qui le dit !  »

Si elle s’assume parfaitement en quinquado, Joëlle ne se sent pas isolée. Ses amis sont dans la même tranche d’âge et partagent sa philosophie. Tout comme son compagnon, père de trois enfants un peu plus jeunes.  » C’est peut-être un phénomène urbain, mais je pense que pas mal de gens de ma génération sont dans le même état d’esprit. J’en croise beaucoup, je ne suis pas une exception. Pour les quinquas qui ont envie de s’amuser, il n’y a pas d’autres endroits que ceux fréquentés par les jeunes.  » Jeune d’esprit, oui. Mais le corps, lui,  » a l’âge qu’il a. Pour paraphraser Florence Foresti, le matin, je m’assieds sur la baignoire et j’attends que ça se défroisse. Je ne vais pas commencer à recourir au Botox, à la chirurgie ni aux cosmétiques pour ressembler à ce que je ne suis plus. Je ne cherche pas à gommer les signes de l’âge, je ne fais même pas attention : je fume, je bois, je ne fais pas de sport. Je me comporte comme une ado.  »

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