À l’écran, il incarnera bientôt le ténébreux duc de Buckingham. Au naturel, Orlando Bloom, 34 ans, nouvelle égérie du parfum Boss Orange Man, est plutôt du genre bien dans sa tête et droit dans sa vie.

Il y a quelque chose de presque anachronique à le voir en jeans, tee-shirt et baskets, négligemment assis dans le canapé design de sa suite d’hôtel. Lui qu’on a tellement vu galoper à travers les paysages de Nouvelle-Zélande, un arc à flèches à la main. Lui que tous les gamins de 10 ans connaissent sous le nom de Legolas, l’elfe zen aux oreilles ciselées et à l’improbable chevelure dorée du Seigneur des Anneaux.  » Je lui dois tout, avoue Orlando Bloom sans détour. Ce rôle, c’est un cadeau extraordinaire qui a changé ma vie.  » Ce personnage épique, premier d’une longue série – Pâris, le prince de Troie, Balian le croisé et bien sûr Will Turner le gentleman des Caraïbes… – l’acteur de 34 ans qui s’est fait tatouer un chiffre neuf ( NDLR : en référence au nombre de membres composant la Communauté de l’Anneau dans le roman de J.R.R. Tolkien) au poignet droit n’est pas près de le renier.  » J’ai toujours adoré les classiques, parce que j’ai fait mes armes au théâtre, sans doute, ajoute-t-il. Je me dis souvent que je ne suis pas vraiment de ce siècle. Ça doit m’aider, j’imagine, à me sentir bien dans ces films d’époque.  » Preuve qu’il n’est pas las d’enfiler des cuissardes, ni de jouer les fines lames, Orlando Bloom ne s’est pas fait prier pour endosser les plastrons brodés du duc de Buckingham dans la nouvelle version des Trois Mousquetaires.  » J’aimais l’idée qu’on ne me propose pas le rôle qu’a priori les gens attendraient de moi, justifie Orlando Bloom. Je me retrouve dans la peau de celui qui est un peu le méchant dans l’histoire. Je me doutais que ce serait fun de ne pas jouer le gentil de service. Et c’était le cas. J’ai adoré ça.  »

Ce matin-là, le Britannique, papa depuis le 6 janvier dernier d’un petit Flynn – un clin d’£il à l’Errol du même nom auquel on le compare souvent ? – n’est pourtant pas venu à Barcelone pour faire la promo du dernier film de Paul W.S. Anderson, attendu sur les écrans pour la fin de l’année. Sur la table, devant lui, le panier de pommes vertes n’est pas seulement là pour offrir au jeune homme, entre deux rounds d’interviews, un surplus de vitamines. C’est un clin d’£il direct aux notes fraîches et acidulées de la nouvelle fragrance Boss Orange Man qu’il a accepté de représenter. Un jus réconfortant, aux accents de vanille, de bois et d’encens qu’il trouve  » relax et sophistiqué à la fois  » en s’empressant d’ajouter que jusque-là, il ne s’était jamais posé beaucoup de questions sur le sujet. Du parfum, c’est tout juste s’il en portait…  » Je n’ai jamais été du genre à prendre beaucoup soin de moi, si vous voyez ce que je veux dire, avoue-t-il. Ma routine beauté, c’est plutôt du style pshit-pshit… et c’est tout ! Je suis un acteur. Jusqu’ici, je ne m’étais jamais vu comme un mannequin, un type qui fait des pubs pour des parfums ou des vêtements.  » Ce qui l’a décidé à tenter l’expérience ?  » La description que l’on m’a faite de l’homme Boss Orange que je devais incarner, poursuit Orlando Bloom. Un gars à l’esprit libre, spontané, bien dans sa peau, bien dans sa tête et dans son environnement. C’était extrêmement flatteur de réaliser que c’est comme cela que l’on me voyait. Comment résister à un compliment pareil ? « 

La campagne sans chichi a été filmée et shootée dans un studio de cinéma à Los Angeles, sans script, ni story-board écrit.  » On ne m’a pas demandé d’être quelqu’un que je ne suis pas, insiste-t-il. Rien n’était apprêté, ni dans le stylisme ( NDLR : un total look Boss Orange quand même…), ni dans l’allure. Et c’est plutôt moi, ça. Au quotidien, j’aime être à l’aise dans ce que je porte, me dire que je peux aller où je veux, faire ce que je veux, vous voyez ? Le décor m’était familier aussi. Le réalisateur Jonas Åkerlund m’a expliqué :  » On va mettre la caméra ici, la faire tourner comme si on était dans les coulisses d’un plateau de tournage.  » Il n’y avait rien de prémédité. C’est là que j’ai découvert le flacon. Je l’ai manipulé, balancé de droite à gauche, c’était naturel. Je ne me suis pas pris la tête une seconde et à la fin de la journée, Jonas avait ce qu’il fallait dans la boîte ! Ce que j’étais loin de m’imaginer, en revanche, c’était que le lancement d’un nouveau parfum demandait autant de travail ! La promotion est digne de celle d’une superproduction de cinéma !  »

Un exercice auquel on le sent rompu – sa filmographie est là pour en témoigner -, lui qui enchaîne les  » face-to-face  » et les  » junkets  » ( NDLR : nom que l’on donne aux tables rondes dans le métier) sans sourciller. Arrivé la veille, il s’est jeté à corps perdu dans Barcelone, pressé de ne pas perdre une minute du peu de temps libre dont il disposait pour sentir l’énergie de cette ville qu’il ne connaissait pas. Saisir l’opportunité quand elle passe, Orlando Bloom ne cesse de le faire depuis cette terrible chute – il a 21 ans à peine lorsqu’il tombe du toit d’un immeuble lors d’une fête chez des amis – qui faillit bien le laisser paralysé à vie.  » A priori, dès que l’on me propose de faire un truc qui me terrifie, je suis partant, plaisante l’acteur qui signe lui-même toutes ses cascades. J’ai besoin de me sentir passionné par tout ce que je fais.  »

À l’entendre, on l’imagine davantage enclin à sauter en parachute qu’à faire les boutiques, même s’il confesse sans se forcer – après tout, sa femme Miranda Kerr est top-modèle… – un penchant pour les belles matières.  » J’adore les créations de Martin Margiela. Cela fait des années aussi que je porte du Neil Barrett, du Dior aussi. Et Uniqlo bien sûr.  » Une marque japonaise dont il était le visage l’hiver dernier.  » Si j’accepte de jouer les égéries aujourd’hui, c’est parce que j’ai gagné en maturité, précise-t-il. Je peux faire mon travail avec un maximum de conscience professionnelle. Sans pour autant devoir me prendre trop au sérieux.  » C’est sans doute pour cela aussi qu’il attache autant d’attention et de crédit aux compliments des jeunes enfants  » parce qu’il les sait sincères « , ajoute une de ses proches à la sortie de notre entretien. D’ailleurs, il a un vrai talent avec les mômes. Qu’ils soient fans de Legolas ou qu’ils vivent au Népal, comme Ria, 11 ans, petite porteuse d’eau qu’il a accompagnée dans ses voyages entre la source et sa maison dans le but de faire connaître la dureté de son quotidien et d’encourager les donations en faveur de l’Unicef dont il est l’un des ambassadeurs itinérants depuis fin 2009.  » J’ai tellement de chance dans ma vie personnelle, s’excuse-t-il presque à demi-mot. Je trouve ça normal de me bouger pour attirer l’attention sur ce qui ne va pas dans celle des autres.  » Une belle âme, on vous dit.

PAR ISABELLE WILLOT

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content