A quand remonte le décès de Léopold III ? Comment prépare-t-on une blanquette ? Combien de fois l’Italie a-t-elle remporté la Coupe du monde de foot ? C’était qui, encore, le ministre de l’Intérieur au moment du drame du Heysel ? Après quelques secondes d’hésitation, tout perdus que nous sommes lorsque nous ne trouvons plus instantanément la réponse à une question, le premier réflexe sera d’aller consulter l’oracle Internet. A tel point que d’aucuns reprochent aux smartphones et tablettes de rendre nos cerveaux paresseux. Pour preuve, disent-ils, la plupart d’entre nous connaissent toujours les numéros de téléphone appris par coeur avant l’ère du GSM… mais plus aucun depuis qu’on les enregistre directement dans ce qui nous sert également – peut-être même plus qu’à passer des coups de fil – de disque dur externe. Et, ajouteront ces détracteurs, ce sera sans doute pire pour les jeunes générations, nées avec un clavier au bout des doigts mais mal à l’aise dès qu’il s’agit de se plonger dans un dictionnaire.

Pourtant, évitons de condamner trop vite les outils high-tech dans leur globalité. A contrario des idées reçues, il a été démontré que les jeux vidéo développent la motricité fine, l’apprentissage de la navigation spatiale et la mémoire. Par ailleurs, on sait que certains programmes apportent une aide efficace aux enfants en difficulté scolaire ou aux malades atteints d’Alzheimer ou de Parkinson. Et il est établi, études scientifiques à l’appui, qu’une activité ludique virtuelle régulière ralentit la dégénérescence mentale due à l’âge.

Ceux qui ne seraient malgré tout pas convaincus par ces exemples enthousiasmants se rappelleront peut-être (sinon, ils retrouveront facilement l’info sur le Web) qu’à une époque, la TV a elle aussi été accusée de tous les maux. Troublant d’anticipation, un documentaire caustique de 1947 intitulé La télévision, oeil de demain imagine ainsi les applications et les dérives de ce qui était alors un nouveau média : omniprésence des écrans avec  » des postes de poche, grands comme des lampes électriques « , accidents de circulation dus aux regards rivés sur ces derniers, prédominance de la forme sur le fond dans le traitement de l’actualité, etc. Mais après tout, Platon, déjà, avait émis des réserves sur l’écriture, soupçonnée d’apporter une assistance trop aisée à nos souvenirs et, de ce fait, de les effacer de notre mémoire…

DELPHINE KINDERMANS

D’AUCUNS REPROCHENT AUX SMARTPHONES ET TABLETTES DE RENDRE NOS CERVEAUX PARESSEUX.

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