Match entre deux traditions incontournables de la cuisine turque. Fast contre slow, on croit déjà connaître le gagnant. Et pourtant…

KEBAB

C’est quoi ? En persan, kebab signifie grillade et doner kebab, grillade tournante. Par extension, sous nos latitudes, on désigne par le mot kebab un sandwich fourré de viande grillée à la broche. Le plus ? La sauce blanche qui donne goût et couleur à la préparation.

Pour qui ? La jeune génération sandwichs qui apprécie manger pour pas cher, plutôt tard le soir et en version nomade…. La rue devenant un restaurant.

Principal ennemi ? Le hamburger, autre poids lourd fast food. La lutte est serrée. En Allemagne, les kebabs se vendent mieux que les burgers.

Pourquoi craque-t-on ? Forcément parce qu’on a faim. Mais si l’on en croit une enquête menée en France par le Credoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie), aussi pour accéder à un certain rituel du partage.

Lettres de noblesse ? On attribue le doner kebab tel qu’il s’est développé en Occident à Mehmet Aygün, un Turc ayant immigré à Berlin. En 1971, il aurait imaginé de le servir fourré dans un pain.

Paradoxe ? Contrairement à la croyance générale, la viande employée n’est pas de l’agneau, ni du mouton. Le plus souvent, il s’agit soit de veau, de dinde ou de poulet.

Verdict ? Le kebab est un poids lourd de la restauration mondiale, on en trouve même sur l’île de Svalbard en Norvège. Très plébiscité, il remporte le match facilement.

SOFRA

C’est quoi ? Le sofra incarne tout l’art de vivre de l’Empire ottoman à travers un repas basé sur la convivialité, la lenteur, des préparations généreuses et des règles strictes. Le mot sofra désigne l’endroit où l’on pose les plats, que ce soit une belle table basse ou un simple chiffon jeté sur le sol.

Pour qui ? Quasi plus personne. Juste quelques adeptes du slow food qui s’échinent à en retrouver les traces et quelques communautés alevies et bektashis vivant en Anatolie.

Principal ennemi ? Forcément le kebab qui incarne un raccourci gastronomique quasi barbare face au sofra.

Pourquoi craque-t-on ? On s’assied autour du sofra pour affirmer son lien à la communauté humaine, aux ancêtres et à la religion. Hommes et femmes partagent la même nourriture en respectant le rituel qui est le témoin que l’on se passe de génération en génération.

Lettres de noblesse ? La tradition du sofra s’est constituée au fil des siècles. Sa période faste coïncide avec l’âge d’or de l’Empire ottoman, soit le XVIe siècle.

Paradoxe ? On pourrait imaginer le sofra complètement obsolète. Il est on ne peut plus pertinent à une époque où chacun cherche à affirmer une appartenance.

Verdict ? On ne se fait pas beaucoup d’espoir sur les chances de diffusion du sofra. N’empêche, ce rituel détient les clés de la cuisine turque, l’une des plus savoureuses au monde.

PAR MICHEL VERLINDEN

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