Barbara Witkowska Journaliste

Carnet d’adresses en page 105.

En grec ancien, Iunx signifie  » fascination et séduction par l’odeur « . Tel est le nom de ce superbe espace dédié aux parfums qui vient d’ouvrir ses portes rue de l’Université, sur la Rive Gauche à Paris. Jouant la carte de la discrétion, les grandes vitrines affichent un décor minimaliste. En poussant la porte, on pénètre dans un univers singulier, superbement épuré. Le noir, qu’il soit mat, satiné ou brillant domine. Les murs, légèrement inclinés, très blancs, forment des taches de clarté dans une ambiance sombre et raffinée. L’idée d’un temple futuriste vient immédiatement à l’esprit.

Iunx, l’empire des sens

Face à l’entrée, un grand bassin d’eau renforce le sentiment de calme et de sérénité.  » Iunx est un projet personnel, imaginé et créé par Fabienne Conte-Sévigné et le photographe Francis Giacobetti, souligne la directrice Francine Beaurin. C’est un écrin destiné à mettre en valeur et développer les parfums composés par Olivia Giacobetti, fille de Francis. Il y a environ 60 fragrances, sous différentes formes, souvent inédites. Iunx, parrainé par Shiseido, est un tout nouveau concept qui mélange des aspects poétiques, technologiques et pratiques.  »

On est plongé dans un univers polysensoriel où les odeurs se découvrent, se sentent, se touchent, ont un sens et parlent à tous les sens. Les produits sont admirablement présentés dans des vitrines. On les découvre grâce à des testeurs olfactifs, parfois étonnants et très high-tech, comme, par exemple ces  » cornets de glace « , en plexi et métal. Il suffit de les tourner légèrement, les senteurs flattent les narines quelques secondes, puis  » retombent « , sans envahir l’espace. On commence par les soins du corps. Les gelées rafraîchissantes ont des noms de rêve : Citron doux au gingembre rose ou encore Kumquat infusé à la sauge. Pour la douche, Olivia Giacobetti a imaginé des Gels parfumés Fleur de courgette, Laurier aux deux poivres ou Graines de melon d’eau. Le rituel du bain s’accompagne de Feuilles Essentielles aux huiles essentielles de laurier, de lavandin et de menthe verte ou encore du Bain des Simples, un lait fin aux essences, notamment, de basilic, camomille, estragon. Les Eaux de toilette pour le corps, à l’abri de généreux flacons aux lignes très pures, sont numérotées de 0 à 9. Légères et raffinées, elles laissent flotter des ondes très subtiles de feuilles, de bois, d’épices ou d’agrumes. Il y a aussi une Eau de parfum, une seule : l’Ether de Iunx. C’est un galet allongé en résine noire, parfaitement lisse, d’où s’échappe une délicate vapeur de myrrhe, de rose et de bois sucré.

Dans l’Osmotek, on découvre les délicieuses odeurs pour la maison. Un diffuseur électrique de parfums (un boîtier sobre en aluminium brossé, gris clair ou noir bleuté) se branche sur une prise et diffuse dans l’atmosphère des senteurs de bois, de lin blanc ou de sucre cuit aux épices. Plus classiques, les bougies exhalent des notes délicates de céréales, d’épices, de fruits ou de bois. On termine par une petite touche gourmande. Très joliment mis en scène, voici les macarons de la célèbre maison Ladurée. Pour cette ligne exclusive, appelée Havana, Olivia Giacobetti a composé un délicieux bouquet de tabac roux de Havane, de rhum, de miel et d’épices.  » Nous proposons tout un parcours olfactif, remarque Francine Beaurin. Iunx est aussi un havre de paix, très reposant. Les clients qui poussent la porte, s’éternisent beaucoup, se posent des questions, puis reviennent pour découvrir d’autres univers et d’autres senteurs.  »

Parfumerie Générale ou la beauté dans un bar

C’est une jolie impasse, chic et calme. Au bout, une ancienne  » école pour filles « . Juste à côté, une façade entièrement vitrée. L’£il est immédiatement attiré par un décor coloré, moderne et accueillant. On pousse la porte avec curiosité. Une moquette joyeuse et multicolore contraste agréablement avec des murs blancs. Au centre, un vrai bar, tout blanc, entouré de tabourets confortables. On s’installe. L’hôtesse propose une boisson fraîche, du thé ou du café.  » L’idée de la Parfumerie Générale vient de Victoire de Taillac, explique la très enthousiaste attachée de presse Lisa Barbery. Victoire s’est occupée pendant plusieurs années des relations publiques de Colette, le premier concept-store parisien. Au cours de ses voyages, elle a découvert beaucoup d’excellentes petites marques de cosmétiques qui n’étaient pas distribuées à Paris. D’où l’idée de les réunir toutes, dans un lieu différent, visuellement cohérent et drôle.  »

Avec la complicité de Ramdane Touhami et Mustapha Bouhayati, Victoire de Taillac déniche une adresse idéale, entre la rue François Ier et l’avenue Montaigne, zone de prédilection pour le shopping chic. Ici, au fond de la petite impasse, l’ambiance est plus calme. Tout ce qu’il faut pour essayer une crème ou un maquillage dans l’intimité. Il n’y a pas de musique. Victoire voulait un endroit silencieux où l’on puisse se poser, se concentrer, se sentir bien. Les produits ? Il y a environ 40 marques, sélectionnées autour d’une idée simple : le meilleur de la beauté ; de la tête aux pieds.  » Nous revendiquons la top qualité, martèle Lisa Barbery. Il faut être sûr que la cliente n’ait pas du vent dans son sac. D’ailleurs toutes nos vendeuses sont diplômées en cosmétique, donnent des conseils judicieux et ne prennent pas les clientes pour des imbéciles.  »

Dans le domaine du maquillage, la marque Chantecaille est à l’honneur, car ses fonds de teint sont remarquables. La marque Ré Vive, mise au point par un chirurgien esthétique américain, est un excellent antiâge. L’un des points forts de la Parfumerie Générale est le service sur mesure. Celui proposé par 3 Custom Color Specialist, par exemple. De jeunes Américains, passionnés par la couleur, rééditent votre rouge à lèvres préféré, qui a été retiré du marché ! Il faut apporter un échantillon et patienter un à deux mois, pour obtenir deux bâtons à la couleur et à la texture parfaitement identiques à l’original. On peut aussi commander une poudre à sourcils assortie à la couleur des cheveux ou encore une ombre à paupières dans la couleur de son choix, mais dans une texture existante. Derrière Aromapothecary se cache une jeune Américaine qui à l’aide de son logiciel prépare trois produits à base d’huiles essentielles (gommage, huile de bain et gel de douche), parfaitement adaptés à votre type de peau. Il y a aussi des marques qui racontent de vraies histoires. Territoire a été créé par Dominique Champaux, Française née au Maroc. Passionnée par les parfums, elle compose des fragrances naturelles de là-bas : Fleur d’oranger, Fleur de Henné ou Bergamote. Elle fournit un emploi aux femmes et fait travailler des artisans, notamment des souffleurs de flacons de verre, en contribuant ainsi à sauvegarder ce savoir-faire ancestral.

Parfumerie Générale s’adresse aussi aux hommes (20 % de la clientèle). On sélectionne pour eux des produits comme ils les aiment, simples, efficaces et sans chichis. Le must ? Ramdane Touhami a imaginé, dans le fond de l’espace, un corner  » barbier « . Rayures bleues et blanches aux murs, ambiance Tintin, on se fait raser à l’ancienne au coupe-chou et on se détend avec un massage du cuir chevelu.

Maquillage professionnel chez Viseart

Changement de quartier, changement d’ambiance. Populaire, métissé et funky, le quartier Oberkampf est à la pointe de la tendance. Les bars branchés pullulent. Les studios photos dans le vent ont pignon sur rue. Cinéastes, danseuses d’opéra et stylistes déambulent dans les rues. Jean Nouvel, la star des architectes, a installé ses bureaux dans un magnifique bâtiment industriel vieux d’un siècle.  » J’aimais bien cette ambiance décalée et alternative, dans un quartier préservé, où l’on mélange le luxe et le pas cher « , confie Anne de Sercey, directeur artistique de Viseart, premier beauty bar à Paris. Décor métissé, comme il se doit, l’aménagement de ce bel espace lumineux a été entièrement imaginé par Anne de Sercey. Le sol, en béton lissé, légèrement brut, cohabite avec un mobilier design et avec une belle palette de coloris : du kaki, du turquoise et de l’orange. Au bar, on reçoit un petit plateau, on choisit tous les produits qu’on a envie d’essayer, puis on s’installe dans le petit salon…

La marque Viseart, créée il y a six ans, était destinée uniquement aux professionnels. Ce beauty bar les rend accessibles à toutes les femmes. Tous les produits, mis au point par des maquilleurs de studio, sont très naturels et très transparents. Surtout pas d’épaisseur !  » Aujourd’hui, les femmes ne s’identifient plus aux stars, mais aux mannequins des magazines, commente Anne de Sercey. D’où notre volonté de jouer le maquillage comme un accessoire de mode. Cela dit, nous ne faisons surtout pas de relooking. Aujourd’hui, il n’y a plus de diktats et nous sommes à l’écoute des femmes.  » Le conseil de maquillage dure 45 minutes. On vous oriente, on vous explique la marche à suivre, on vous donne des trucs de pros, mais on n’impose rien. Il y a aussi un cours d’automaquillage : on travaille soi-même sous l’£il vigilant d’une maquilleuse. Les fonds de teint sont moelleux, aériens et sont proposés en quatre textures. On apprécie aussi les fards multiusages, pour pommettes, lèvres et paupières. Quant aux rouges à lèvres, spécialité de Viseart, la palette des couleurs et des textures est un régal. Et on ne quitte pas cet endroit sympathique, sans jeter un coup d’£il au fond où Anne de Sercey réunit des réalisations de jeunes créateurs, triés sur le volet.

Patyka ou la tendance  » soins d’apothicaire  »

Patyka ? Cela veut dire  » apothicaire  » en hongrois. Patyka,  » l’apothicaire du XXIe siècle  » s’est installé dans le Marais, c£ur historique de Paris, à deux pas de Beaubourg. Ici, on ne trouve que des formules à base d’huiles essentielles, élaborées par une pharmacienne hongroise dans les années 1920. Philippe Gounel, maître des lieux et très ami avec une descendante de la pharmacienne hongroise, a décidé de relancer ces recettes originales, toutes  » écologiquement correctes « . Tout est conditionné dans des flacons et des pots de verre, la seule matière qui conserve les éléments et stabilise le produit. Les flacons sont consignés. Patyka a aussi une Charte précisant que les produits sont garantis sans conservateurs, sans colorants, sans huile de paraffine et sans silicone. Ils ne sont pas testés sur les animaux.

La qualité prime sur la quantité. Les produits ne sont pas nombreux. En revanche, ils sont unisexes (les hommes représentent déjà 40 % de la clientèle) et sont quasi tous des best-sellers. L’Huile Absolue, très complète et 100 % naturelle, à base des huiles de macadamia et de jojoba et des huiles essentielles de géranium, d’onagre, de bois de rose et de santal, est excellente pour le visage, pour le corps, après rasage ou après épilation. Elle rééquilibre le cuir chevelu et soigne les fourches. Le shampooing au miel rend les cheveux très soyeux. Pour la douche, le Gel Apaisant est le plus apprécié. Quant à la Crème pour le corps, à l’huile essentielle de géranium, elle est formidable. Il y a aussi deux parfums raffinés édités à 2 000 exemplaires. Ils n’ont pas de noms, ce sont plutôt des parfums de saison. Celui pour l’hiver est boisé et épicé avec des notes subtiles de tabac et de vanille. Celui pour le printemps est plus vert, réchauffé par une pointe d’encens. C’est le créneau des parfums que Philippe Gounel compte développer.  » Dans les cosmétiques, nous allons à l’essentiel et notre offre est suffisante, précise- t-il. Dans l’univers des parfums, en revanche, la créativité est infinie et nous avons beaucoup de projets.  »

Barbara Witkowska

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