D ans  » Le Jour de la colère « , le metteur en scène fait évoluer cinq personnes, rescapés éphémères d’un  » 11 septembre  » européen. Colère, questionnement, constat et engagement rythment ce texte signé Thierry Debroux.

Comment la pièce commence-t-elle?

A Berlin, une explosion est survenue dans un complexe commercial énorme qui symbolise ce qu’est devenue l’Europe, depuis l’ouverture des marchés. Cinq personnages se trouvent entre la vie et la mort et chacun s’exprime sur l’attentat. Mitlaz, un homme de bon sens issu de la classe moyenne, a  » explosé  » au rayon des saucisses. Une intellectuelle de gauche recherche parmi les rayons sa petite fille, qu’elle a adoptée en Corée. Une prostituée qui faisait le trottoir devant le magasin donne son point de vue, ainsi qu’un intellectuel arabe, immédiatement suspecté d’être le terroriste, et, enfin, une sorte de fantôme qui incarne  » Ulrike Meinhofe « , le fantasme du communisme. Ces personnages sont interprétés par Sylvie Landuyt, Peggy Thomas, Anouchka Vingtier, Soufiane El Boubsi et Benoît van Dorslaer.

Comment les personnages agissent-ils?

Tous ces personnages sont le fait d’un seul : l’intellectuelle. Elle représente la conscience européenne, entre la vie et la mort, agonisante. Dans ce  » non-lieu « , les autres sont ceux qui s’agitent dans sa tête avant la mort, dans une ambiance de rêve, de fantastique et d’humour, aussi. La grande question est :  » quelle ont été les incidences concrètes sur la vie des gens après cet attentat ?  » Tout le monde se souvient du 11 septembre, de ce souvenir traumatique, pour l’Europe sujette aux crises, et qui dit maintenant vouloir la démocratie tout en étant confrontée à une violence brute, révélatrice des déséquilibres mondiaux. Berlin symbolise la ville frontière entre l’Europe occidentale et l’Est, entre l’avant et l’après-11 septembre.

Le titre,  » Le Jour de la colère  » a une connotation  » religieuse « …

Je dirais plutôt fanatique. Le 11 septembre, c’est une colère sourde, profonde, due à l’instabilité du monde. La coagulation d’identités religieuses, renforcée par la Shoah, a provoqué des colères irrationnelles. D’où ces revanches à prendre sans cesse. La pièce pose la question de la complexité humaine. Car c’est par les rencontres et la solidarité que l’ouverture vers un meilleur est possible. L’Islam n’est que le fer de lance des déséquilibres Nord-Sud qui incarnent, eux, la vraie problématique.

Du 2 au 27 mai prochain, Théâtre du Méridien, à 1170 Bruxelles. Tél. : 02 663 32 11.

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