Exclusif : le label britannique trendy Established & Sons – qui ne travaillait qu’avec des créateurs made in UK – ouvre aujourd’hui ses collections à quatre designers internationaux. Parmi eux, un Belge, le jeune Bruxellois Sylvain Willenz.

« Honnêtement, je n’en reviens toujours pas, nous confiait modestement il y a quelques jours Sylvain Willenz. Established & Sons est une boîte magnifique. C’était mon rêve de travailler pour eux. Chaque année, lors du Salon du meuble de Milan, je passais des heures sur leur stand à observer dans les moindres détails les objets présentés.  » Cette année, les lampes Torch en plastique moulé de Sylvain Willenz y occuperont une place de choix. Archétype de la lampe de poche, elles seront éditées par E&S en trois tailles et trois couleurs différentes, à suspendre individuellement ou en grappe de dix ou vingt pièces. Un bel objet, tout simple en apparence et qui porte déjà la patte affirmée de son jeune créateur.

Une approche pointue et séduisante

 » C’est comme cela que j’aime penser aux objets, précise Sylvain Willenz. De quoi leurs ombres auront-elles l’air ? Comment peuvent-ils rester simples et facilement reconnaissables tout en étant élégants et sophistiqués ? C’est ludique, graphique, un peu comme une icône.  » Le prototype de la Torch, présenté lors du salon londonien  » 100 % design « , en septembre dernier, a tout de suite séduit Mark Holmes, directeur artistique d’E&S.  » Je connaissais déjà le travail de Sylvain lorsque je l’ai revu à Londres, rappelle Mark Holmes. En voyant sa présentation, il était clair pour moi que ses recherches rigoureuses sur les matériaux et les procédés de fabrication lui avaient permis de développer des produits très efficaces d’un point de vue industriel. Son approche du design est à la fois très personnelle et très pointue tout en étant capable de séduire un grand nombre de personnes. « 

Pour Mark Holmes comme pour Sylvain Willenz, le timing était parfait. Depuis son lancement en 2005, E&S n’avait encore travaillé qu’avec des créateurs britanniques ou basés en Grande-Bretagne, mêlant dans son catalogue designers confirmés et jeunes talents. Objectif avoué : faire changer la perception peut-être négative que l’on pouvait avoir du design britannique à l’étranger. Et inverser la tendance qui voulait que depuis des années les designers made in UK quittent le pays – souvent pour l’Italie – afin de se réaliser. Fort de son succès fulgurant, porté il est vrai par la personnalité charismatique de son CEO Alasdhair Willis – mari à la ville de la styliste Stella McCartney -, le label a aussi réussi à séduire très vite des créateurs extérieurs à la Grande-Bretagne.

 » Il a toujours été dans nos intentions de travailler avec des designers internationaux, souligne Alasdhair Willis. Dans nos prévisions, nous pensions qu’il nous faudrait plus de trois ans pour arriver à mettre de telles collaborations sur pied. Mais notre société se porte tellement bien que nous avons finalement pu lancer ce projet plus tôt que prévu. « 

En avril prochain, lors du Salon du meuble de Milan, E&S dévoilera donc les objets de ses premiers  » expats « , les Néerlandais Maarten Baas et Wouter Scheublin, l’Espagnol Jaime Hayon – assimilé à un Britannique depuis qu’il a emménagé à Londres l’an dernier – et le Belge Sylvain Willenz qui, en travaillant ainsi pour une société londonienne, retrouve une ville qu’il connaît bien pour y avoir étudié le design au Royal College of Art et vécu pendant sept ans.

Comme souvent dans ce milieu, tout est affaire de contact et de confiance.  » J’ai rencontré Mark pour la première fois un peu par hasard, se souvient Sylvain Willenz. L’an dernier, j’avais décidé de ne pas exposer lors du Salon de Milan. Mais d’aller directement montrer mon portefolio, de me présenter dans les sociétés qui m’intéressaient. Si on se prépare bien, si on y va un peu au culot, je suis convaincu que c’est aussi efficace si pas davantage que de prendre un stand au Salon Satellite ( NDLR : une section de la Foire réservée aux jeunes créateurs). Une fois sur dix, vous tombez sur quelqu’un qui vous regarde de haut. Mais le reste du temps, j’ai été très bien accueilli.  »

Un adepte de l’autoédition

Dès les premières minutes, le courant passe entre Mark Holmes et Sylvain Willenz. La deuxième rencontre, quelques mois plus tard, sera la bonne. Sylvain qui a eu le temps de réfléchir aux attentes du DA a alors dans ses cartons un produit parfaitement en phase avec l’univers d’Established & Sons.  » C’est un vrai bonheur de travailler avec eux, ajoute Sylvain Willenz. On est très encadré et c’est plutôt rassurant pour un jeune créateur. Leur philosophie, c’est de présenter chaque année un nouveau produit par créateur. Je suis bien sûr libre de travailler avec qui je veux, mais je sais aussi que je peux leur proposer des projets en priorité. « 

Jusque-là, il est vrai, le Belge avait plutôt joué en solo, préférant autoéditer ses créations que de travailler pour un label dont il ne partagerait pas pleinement la philosophie.  » C’est mon petit côté snob « , reconnaît Sylvain Willenz qui produit et distribue lui-même dans le monde entier le sac en caoutchouc Stuff – vendu notamment au Bozar Shop, à Bruxelles – qui lui a valu en 2006 l’obtention d’un label Henry van de Velde.  » Cela me prend une bonne journée par semaine, précise-t-il. Depuis un an, je reçois aussi pas mal de commandes d’architectes pour des meubles que je réalise sur mesure.  » Ajoutez à cela un projet de disque dur externe en plastique injecté pour le fabricant de matériel informatique Freecom et vous comprendrez aisément que l’année 2008 comptera double dans la carrière du créateur bruxellois qui, après Milan, en digne fils d’Established, risque d’être très sollicité…

Isabelle Willot

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