Au Royaume-Uni, la société Established & Sons, pilotée par Alasdhair Willis, cofondateur du magazine  » Wallpaper*  » et mari de la styliste Stella McCartney, a réussi le pari de fédérer sous une même enseigne designers débutants et confirmés et de mettre en production, dans des usines locales, deux collections de meubles en moins de deux ans. Un succès qui s’explique certes par l’intérêt sans cesse croissant du grand public pour le design de plus le plus médiatisé. Mais aussi par une prise de conscience collective de la nécessité de maintenir et de développer un outil de production dans le pays. Pourtant, il n’en a pas toujours été ainsi.  » Dans les années 1980, à part Habitat, le secteur était mort dans ce pays « , nous rappelait le designer britannique James Irvine au dernier Salon du meuble de Milan, en avril dernier. L’industrie du meuble autrefois florissante s’était peu à peu essoufflée, enterrant des pans entiers de savoir-faire à chaque fermeture d’usine. Pendant trop longtemps, des talents se sont expatriés, contraints d’offrir leurs services à des firmes étrangères, faute d’outils pour produire sur place leurs créations.

Depuis quelques années, heureusement, le vent est en train de tourner. Grâce à des associations sans but lucratif comme Hidden Art, véritable plate-forme du design londonien permettant aux jeunes créateurs de faire connaître et de vendre leurs produits sous le couvert d’un label commun devenu au fil des ans un gage de qualité. Grâce aussi à toutes les manifestations du London Design Festival qui, chaque année, fait éclore expositions, happenings et conférences aux quatre coins de la capitale, sortant le design des salons spécialisés pour le mettre à la portée de tous. Grâce surtout aux jeunes maisons d’édition qui se sont donné pour mission de débusquer, parmi les 4 500 jeunes designers diplômés chaque année dans ce pays, les futures stars du design britannique.

En Belgique comme ailleurs, le développement d’une conscience design s’affirme de plus en plus comme une priorité politique, tant on mesure enfin l’intérêt économique autant que culturel de ce secteur porteur. Dans ce contexte, on ne peut que conseiller à nos dirigeants en quête d’exemples à suivre de regarder de l’autre côté de la Manche.

 » Il n’y a pas de style british, affirme Alasdhair Willis lors de l’entretien exclusif qu’il nous a accordé ( lire page 14). Ce qui fait notre spécificité, notre richesse, c’est notre mixité culturelle, notre détermination.  » Des qualités qui s’appliqueraient plutôt bien aux éditeurs belges également.  » Les mélanges, ça nous rend encore plus forts « , chantait déjà Etienne Daho en 2002. Y aurait-il des gens sensés pour en douter vraiment ?

Isabelle Willot

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