En mêlant fragrances exclusives et packagings raffinés, les nouveaux parfums d’intérieur séduisent les hédonistes exigeants qui rêvent du meilleur pour leur maison. Weekend a déniché pour vous toutes les nouvelles tendances d’un business en constante expansion.Parfumer sa maison, c’est un peu comme s’initier à la dégustation du vin. Au début, on se laisse séduire par une senteur aussi fraîche et accessible qu’un chardonnay. On papillonne ensuite du côté des crus exotiques. Avant de revenir à des châteaux authentiques, des assemblages complexes. Ou mieux encore, à ce terroir à la production limitée qu’on est (presque) seul à connaître… En version fragrances d’intérieur, cela nous ferait musarder d’une envie gourmande de figuier à une senteur poivrée, avant de rêver d’encens ou d’ambre, peut-être teintée d’une pointe de thé. Pour ensuite se laisser séduire par une de ces bougies à la composition savante, au design d’une pureté quasi clinique ou griffées d’un grand nom de la mode.

 » Le parfum d’intérieur occupe une place de plus en plus importante dans la parfumerie haut de gamme, souligne Dimitri Mouton, chargé de la communication chez Senteurs d’Ailleurs, boutique bruxelloise spécialisée dans l’art du parfum. La tendance est au produit pur luxe, au sur-mesure. Les consommateurs sont aussi de plus en plus  » éduqués  » par rapport au parfum. Ils veulent quelque chose de personnel, en accord avec leur maison à laquelle ils attachent une attention particulière. Ils acceptent de payer, pour un parfum d’intérieur, des prix comparables à ce qu’ils investissent dans un parfum corporel. « 

Au rayon best-sellers, la bougie reste indétrônable.  » C’est l’article cadeau par excellence, poursuit Dimitri Mouton. Car elle diffuse une senteur agréable, ce qui est primordial, bien sûr, tout en créant une ambiance chaleureuse et sensuelle. Son packaging est très soigné, c’est un bel objet qui s’expose. Le spray, c’est typiquement le gadget pratique que l’on s’offre à soi-même. « 

Moins sensible aux effets de mode que la parfumerie classique – même si l’on a assisté, ces dernières années, à une montée en puissance de l’iris et du cuir comme dans la parfumerie corporelle -, le spectre des senteurs d’intérieur est davantage influencé par les saisons : une bougie  » feu de bois  » ou  » sapin  » passera mieux l’hiver, un spray  » feuilles de tomates  » ou  » fenouil  » l’été. Dans cette même mouvance  » culinaire « , le chocolat – mêlé à une pointe d’orchidée chez Mizensir ou distillé dans des bâtons d’encens chez Fauchon – séduit les gourmands sans les éc£urer. La coriandre et surtout le poivre – décliné du poivre blanc au poivre noir chez Catherine Memmi – cartonnent dans les épices. L’ambre se mêle délicatement au thé dans la bougie Mariage Frères, à la vanille et au musc chez Le Maître Parfumeur et Gantier. Quant à l’encens, revisité par Les Encens du Monde, il nous fait voyager au c£ur des Caraïbes, en se mariant avec du poivre, des écorces de citron, du piment et de la fève de cacao, ou de l’Ile de Beauté, en se corsant de thym, de paprika et de romarin.

Empreintes de maisons de mode

Visant à étendre leur emprise à l’univers de la maison, de plus en plus de créateurs de mode proposent aussi des parfums d’intérieur à leur nom. Un maître mot les caractérise : exclusivité. Guerlain ne vend ses bougies et ses encens précieux que dans sa boutique des Champs-Elysées, à Paris. Marc Jabobs a choisi le Bon Marché, à Paris également, pour commercialiser sa première fragrance Home, teintée de bleu et élaborée par Laurent Le Guernic, subtil mélange de pluie tropicale, de fleur de la Passion et de hêtre ambré. Quant au cocktail créé par Diptyque pour John Galliano, il ne se retrouve que dans des boutiques les plus pointues desservies par la marque.  » Une bougie comme celle-là est un produit de niche, insiste Dimitri Mouton. Qui plaira aux amateurs exigeants qui aiment se distinguer. « 

Même constat pour les bougies des frères Costes – les célèbres patrons d’hôtels et de restaurants fréquentés par la hype parisienne – qui associent un parfum particulier à chaque nouveau lieu qu’ils ouvrent. Derrière chacune de leur fragrance, un même  » nez « , Rami Mekdachi.  » Composer un parfum, ce n’est pas suivre une tendance, forger un concept ou inventer une histoire, précise ce transcripteur de fragrances cultes. Tout est question d’intemporalité. Mon but, c’est que la senteur que je crée soit la signature de mon client.  » Une empreinte sensuelle de son travail en quelque sorte.  » Il suffit de penser au N°5 de Chanel qui exprime le caractère à la fois innovant et iconoclaste des silhouettes imaginées par Coco Chanel « , ajoute celui à qui l’on doit aussi la très exclusive Eau de Colette. Jamais en reste en matière de branchitude, le célèbre concept store parisien vient aussi de faire appel au Labo pour lui concocter un parfum totalement exclusif. Le mantra des deux créateurs de cet atelier de senteur hors du commun ?  » La bougie Le Labo est tout simplement la seule manière décente de parfumer votre intérieur. Avec peut-être le  » Feu de bois  » et la  » Figue  » de Diptyque, il faut bien l’avouer « , assurent sur leur site Fabrice Penot et Edouard Roschi, deux anciens  » L’Oréaliens « , en slalom permanent entre Grasse et New York. Ici, les stars se font concocter un  » jus  » sur mesure, ou une bougie personnalisée. Les autres devant se contenter de se faire expédier par e-shop l’une des créations maison,  » choc sensoriel  » garanti ! Côté contenant, pas de fioriture. L’emballage se veut ultrapur, quasi pharmaceutique. Une tendance à l’épure qui se généralise pour que les bougies se fondent harmonieusement dans les intérieurs les plus contemporains.

Une expérience de chaque instant

Mais concevoir la signature olfactive de son intérieur ne se limite plus désormais à vaporiser un jus élaboré dans le living-room. Chaque pièce, chaque meuble, chaque sac peut distiller un parfum discret et subtil qui se cache parfois dans des boules de fausse fourrure posées sur une commode ou encore les orchidées artificielles, signées Hervé Gambs. Chez Acqua di Parma, les anneaux de céramique parfumés se posent sur les ampoules pour diffuser, incognito, leur fragrance lorsque la lampe est allumée. Les malles d’ambre en terre cuite du Maître Parfumeur et Gantier se cachent facilement dans un tiroir, comme l’iconique papier d’Arménie ou les Feuilles d’arbre des Collines de Provence à glisser dans le linge. Le label français vient aussi de lancer des Nectars fondants de parfum, soit des carrés de cire végétale qui se consument lentement dans un brûle-parfum. Plus classiques, les pierres de lave de Di Toscana trouvent refuge dans d’élégants écrins d’albâtre.

Séduisante alliance de technologie, de design et de poésie, Chez Moi, le tout nouvel accessoire créé pour l’Artisan Parfumeur, diffuse électriquement l’une des six fragrances contenues dans une petite perle noire, permettant de créer en moins de trois minutes jusqu’à 50 m3 d’émotion olfactive. Ici, le parfum n’est pas chauffé, ce qui garantit une meilleure préservation de la complexité du mélange.

Enfin, pour les citadins nomades qui rêvent d’emporter où qu’ils aillent un petit quelque chose de chez eux, les gris-gris en céramique imprégnés de la senteur de leur choix se glissent facilement dans un sac à main. Quant aux bougies dites de voyage – chez Diptyque, Catherine Memmi ou Baobab – elles adoptent un format mini, s’invitant ainsi aisément dans un petit coin de la valise. Un remède stylé contre le mal du pays.

Carnet d’adresses en page 86.

Isabelle Willot

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