Fan inconditionnelle des produits de beauté Delbôve, cette Bahamienne a racheté la petite marque belge en 2011. Modernisée juste ce qu’il faut, elle connaît aujourd’hui un sursaut de jeunesse.

Se trouver au bon endroit, au bon moment. C’est souvent comme cela que s’écrivent de jolies histoires. Celle qui unit Gina d’Ansembourg à la marque de cosmétiques Delbôve a commencé par une rencontre, il y a plus de vingt ans déjà. A l’époque, la jeune femme, née aux Bahamas, retrouve la Belgique où elle a passé une partie de son enfance. Elle était  » en visite, pour revoir des amis  » mais finit par rester – un coup de foudre pour celui qui allait devenir son mari va changer la donne. C’est sur les conseils d’une copine qu’elle pousse la porte de l’un des salons de coiffure et d’esthétique tenus par les Delbôve. Passionné de chimie, Roger a déjà développé sa gamme de shampoings lorsqu’il croise la route de Marion qui a fait ses armes chez Helena Rubinstein. Ensemble ils décident de lancer une ligne complète de soins visage à base de produits naturels. Une crème d’abord, tellement  » magique « , si l’on en croit les réactions des premières utilisatrices, qu’elle est très vite qualifiée de  » sorcière « . Dans la foulée, le couple lui adjoint une eau de beauté, un distillat de neuf teintures mères qui, mélangé avec la crème, donne une émulsion lavante. Le Rituel Sorcière était né. D’autres produits suivront mais les gestes de base imaginés il y a cinquante ans n’ont jamais été modifiés.

Séduite par ces drôles de petits pots au design inspiré par la verrerie pharmaceutique d’autrefois et à l’intitulé mystérieux, Gina d’Ansembourg ne changera plus jamais sa routine.  » C’est bien la seule marque à laquelle je suis restée fidèle, sourit-elle. J’aimais les produits, bien sûr, mais aussi l’atmosphère si particulière qui se dégageait du salon de madame Delbôve. Là-bas, c’est un peu comme si le temps s’arrêtait.  » La marque dont on se passait le nom sous le manteau aurait pu disparaître avec ses fondateurs. Consciente du potentiel de cette belle endormie, notre chicissime quadra, alors en quête d’un nouveau projet professionnel, propose en 2011 à Marion Delbôve de lui racheter l’affaire. Elle hérite de toutes les formules – écrites à la main comme des préparations magistrales – ainsi que des conseils d’utilisation qui les accompagnent. Elle relance la production, adapte ce qui doit l’être avec la cosmétologue Gisèle Naveau, collaboratrice de longue date de la maison. Il y a deux ans, Gina ouvre une première boutique, qu’elle préfère confidentielle – la porte d’entrée se cache au fond d’une cour pavée – afin de mieux peaufiner son concept.

C’est dans cet écrin à la déco subtile – impossible de ne pas remarquer au plafond les lampes cuivrées de Tom Dixon -, un brin ésotérique aussi, que s’organisent des  » Sorcières Parties « . Ces ateliers pratiques – entièrement gratuits, ils peuvent aussi être privatisés – permettent aux participant(e)s de s’initier à la gestuelle qui accompagne ce rituel peu banal.  » Au lieu d’agresser la peau, comme c’est trop souvent le cas lors de la phase de nettoyage, on la soigne déjà en rétablissant la barrière hydrolipidique, détaille Gina d’Ansembourg. Tous les ingrédients actifs contenus dans la crème y sont présents. Il suffit d’éliminer l’excédent de ce mélange avec un Kleenex, pour certaines personnes ce sera même suffisant. D’autres au contraire préféreront appliquer ensuite un soin anti-âge ou destiné aux épidermes atopiques par exemple.  »

La gamme compte désormais vingt-et-une références, visage et corps. Et une dizaine d’autres, notamment des versions moins concentrées, destinées aux ados et sous-titrées  » Apprentie Sorcière « , devraient sortir des laboratoires dans les deux ans qui viennent.  » Tout est fabriqué en Belgique, insiste l’entrepreneuse. Les étiquetages sont réalisés dans un atelier protégé et les flacons vides peuvent être rapportés à la boutique pour être recyclés.  » Le deuxième point de vente, qui ouvrira début 2016 à Anvers, servira de test grand public. Si le succès est au rendez-vous – et l’afflux des commandes Internet le laisse d’ailleurs présager -, une autre enseigne verra le jour à Bruxelles. Londres suivra ensuite. Au risque que le secret jalousé par les initiées ne soit plus longtemps bien gardé.

PAR ISABELLE WILLOT

Les formules écrites à la main comme des préparations magistrales.

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