Barbara Witkowska Journaliste

L’orchidée est au top de l’actualité. Ce joyau de la nature se glisse dans des soins cosmétiques exclusifs, est au cour d’un nouveau parfum voluptueux et s’épanouit aussi dans de fabuleuses créations de haute joaillerie… Ensorcelant !

L’industrie cosmétique poursuit certes la recherche technologique qui met au point des actifs de plus en plus performants. Mais, le naturel a lui aussi la cote et l’ère de la cosmétique authentique s’annonce. La phytocosmétique utilise des extraits naturels de plantes, choisies pour leur qualité et sélectionnées pour leur efficacité en fonction des problèmes à traiter. La dernière-née dans les recettes botaniques des labos de la cosméto ? L’orchidée.

L’orchidée antiâge

Si la beauté de l’orchidée fascine, son mystère intrigue. Pourquoi ? Tout d’abord, parce qu’elle s’épanouit dans des conditions très précaires où aucun autre végétal ne pourrait survivre. Pour pousser, elle n’a besoin que d’une branche, d’un bout d’arbre ou du pic d’un rocher. Pour vivre, elle se contente du strict minimum : un peu de soleil, très peu d’eau, mais de l’air en abondance. Mais ce qui est encore plus intrigant, c’est sa longévité. Certaines espèces vivraient des dizaines d’années tout en restant indéfiniment fraîches, belles et éclatantes.  » Avec elles, l’espoir est toujours permis, explique Philippe Lecoufle, l’un des grands créateurs-sélectionneurs d’orchidées au monde. Il suffit qu’il reste une petite pointe de vert sur les racines pour que la plante reparte pour des années. Leur durée de vie est vraiment exceptionnelle.  »

Pour tenter de percer ce secret, Guerlain s’est penché sur l’orchidée, il y a sept ans. Au terme des recherches, menées avec la complicité de Philippe Lecoufle, est née Orchidée Impériale, une crème antiâge de pointe et grand luxe. Le c£ur de la formule réunit des extraits précieux d’orchidée impériale. Leur rôle ? Inhiber la péroxydation lipidique de la membrane cellulaire qui provoque le vieillissement cutané. Et ce n’est pas tout. Les actifs boostent également la prolifération cellulaire et la production des protéines qui protègent l’ADN. Le nouveau concept joint l’utile à l’agréable et la texture de ce soin high-tech est à la hauteur de la formule. Aérienne et moelleuse, elle fond immédiatement dans la peau. Celle-ci, de plus en plus rayonnante, lisse et éclatante au fil des jours, exhale, aussi, un subtil parfum où se mêlent la rose, l’orchidée blanche et le bois de cèdre (300 euros).

L’orchidée protectrice

Terry de Gunzburg, créatrice de la marque by Terry, s’est fait connaître par sa ligne de maquillage raffinée et haut de gamme. En 2004, Terry a lancé également une ligne complète de soins. Au menu : un véritable bouquet de technologie, réunissant des fleurs sombres et quelques fruits.  » N’avez-vous jamais remarqué que la peau et les fleurs ne font qu’un ? demande Terry. Les nervures qui parcourent les feuilles ressemblent aux veines qui courent à fleur de peau, tandis que la chair douce des pétales, comme recouverte d’un duvet, a la densité d’une joue au retour d’une grande promenade au grand air.  » Pour concocter les formules ultrasophistiquées, Terry a fait son shopping au bout du monde. L’orchidée noire vient d’Orient. Ses extraits sont riches en flavonoïdes qui protègent nos cellules de l’oxydation. L’autre fleur, c’est la tulipe noire. Native du Proche-Orient, elle se distingue par une beauté et une élégance inouïes. De surcroît, c’est l’espèce végétale qui contient la plus grande quantité d’ADN. Elle est donc très douée pour régénérer et réparer la peau. Côté fruits, le choix de Terry s’est porté sur la groseille à maquereau (le groseillier à maquereau est un arbuste très résistant qui s’épanouit dans le Caucase et le nord de l’Ukraine). La pulpe de ce fruit est bourrée d’acides de fruits, de minéraux, de vitamines et de protéines ; bref, tout ce qu’il faut pour libérer la peau de son stress et la lisser. La ligne réunit des démaquillants, des lotions et des soins adaptés à tous les besoins et tous les types d’épidermes. Leurs textures glamoureuses et sensuelles, divinement parfumées, font une peau de velours et pleine d’éclat (de 50 à 135 euros).

L’orchidée se met au parfum

Son sens aigu de la métamorphose et la multiplicité de ses facettes émerveillent aussi les parfumeurs. L’orchidée noire se fait charnelle et voluptueuse comme une liqueur d’Orient et est la tête d’affiche d’Euphoria, le nouvel opus olfactif de Calvin Klein. Elle donne au parfum un volume et une consistance qui l’étoffent jusque dans son sillage. Pour lui tenir compagnie, une envolée gourmande de grenade émoustille les sens dès le départ. Dans le c£ur, sa chaleur enveloppante est tempérée par l’esprit cristallin de lotus et, enfin, dans les notes de fond, elle exhale une séduction infinie au milieu des muscs et des notes crémeuses d’ambre liquide et d’acajou. Le flacon d’Euphoria se devait d’évoquer l’orchidée. Mais la fleur affriolante et exubérante se marie mal à la sobriété du créateur américain. Calvin Klein a donc fait appel au Français Fabien Baron. Le de-signer, connu pour son style minimaliste et épuré, a admirablement relevé le défi. A coups de lignes souples et très simples, il a redessiné une orchidée en éclosion, stylisée et surprenante. Glissé dans un fourreau en aluminium, le flacon dévoile la couleur améthyste du parfum. Le cabochon, rectangulaire et affirmé, est la signature architecturée des parfums Calvin Klein.

L’orchidée joaillière

Etrange et différente,  » créature vibrante et animale « , l’orchidée est aussi en point de mire de la nouvelle collection de haute joaillerie  » Caresse d’orchidées par Cartier « . îuvre de Jacqueline Karachi-Langane, créatrice-dessinatrice de la maison, la ligne est l’aboutissement de deux coups de foudre : pour la fleur, bien sûr, tellement féminine et à la pointe de l’actualité, et pour des pierres exceptionnelles : un saphir rose et deux saphirs rose étoilé, légèrement plus opaque. Ce trio unique a inspiré une bague-orchidée de toute beauté et a marqué le coup d’envoi pour toute la collection. Les pièces-phares sont multiples. Comment ne pas craquer pour cette broche construite autour d’un rubis spinelle facetté, d’un rouge très singulier, marié à des diamants, des rubis et cette somptueuse mosaïque de grenats démantoïdes, animés d’un vert acidulé, et de grenats mandarins, plus orangés et dorés ? Peut-on rester de marbre devant ce collier, monté avec plusieurs rangs de boules de rubis ? Les pierres précieuses travaillées en boules sont rares et confidentielles, d’où leur originalité supplémentaire. Des fleurs de platine, d’or et de pierres, certaines plus abstraites, stylisées jusqu’à l’épure, d’autres naturalisées à l’extrême avec leurs lignes sinueuses, sensuelles et elliptiques. Somptueuse orchidée, fleur fatale, fardée de rubis, de saphirs et de rubellite se décline en 47 parures, dont 15 pièces uniques. La ligne est exceptionnelle, rare et onéreuse. Mais il est question de l’interpréter en version plus épurée et plus accessible. On succombe !

L’éternelle fascination

Véritable joyau de la nature, l’orchidée exerce, depuis la nuit des temps, une étrange fascination. Les Chinois ont eu le privilège de la connaître les premiers. Ils l’ont appelée  » Lan « . Un nom composé,  » Lan Hua « , désignait, lui, la fleur d’orchidée. C’était la plante que les Chinois appréciaient le plus. Ils la cultivaient pour sa beauté. Ils adoraient aussi son parfum, parce qu’il était si subtil qu’il favorisait une méditation profonde. L’arôme exhalé par l’orchidée est rapidement devenu  » parfum national  » ou  » ancêtre du parfum « . La personnalité unique de la fleur a également entraîné une symbolique riche et variée. L’orchidée était synonyme d’élégance, de noblesse, de pureté, de patriotisme et de fidélité. L’un des  » modèles  » préférés des peintres chinois, l’orchidée a même subjugué Confucius, célèbre philosophe chinois (551-449 av. J.-C.). Il n’a pas hésité à comparer ses fleurs  » à la perfection de l’homme supérieur et, son parfum, aux joies de l’amitié « . Plus tard, ce chef-d’£uvre du monde végétal a été admiré au Japon, avant d’être introduit en Europe. Ici, on lui a donné un nom d’origine grecque.  » Orchis  » signifie  » testicule « , en référence à la forme de certaines espèces.

Tout comme les Chinois, les Occidentaux se sont pris d’une véritable passion pour cette fleur extraordinaire, dotée d’une  » délicate architecture de pétales  » et décorée de mille nuances qui évoquent les plus riches étoffes de l’Orient. Guy de Maupassant et Marcel Proust lui ont déclaré leur flamme par écrit. Matisse, Monet, Van Gogh et Dali, notamment, l’ont immortalisée sur leurs toiles. Quant à sa symbolique, elle s’est enrichie de  » concepts  » plus contemporains et renvoie à la ferveur, à la sensualité et à la séduction.

A lire :  » Orchidées « , par Andrew Mikolajski, photographies de Deirdre Rooney, Marabout, 191 pages.

Carnet d’adresses en page 82.

Barbara Witkowska

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