Entre l’avenue Mozart et la rue Jasmin, à peine quelques centaines de mètres à vol d’oiseau. Belles demeures entourées de jardins, immeubles cossus, larges artères, beaucoup d’ambassades. Quartier huppé à l’ouest de Paris, le XVIe arrondissement héberge désormais Nicolas Sarkozy, installé comme un coucou dans le confort bourgeois d’un bel hôtel particulier, propriété de sa nouvelle épouse établie rue Mozart, la bien nommée.

A deux pas, rue Jasmin, un exclu. Non, pas un SDF ou un pauvre hère sans logement. Mais, un ex-patron de presse : Alain Genestar, débarqué du magazine Paris Match pour avoir publié une photo de l’ex-femme du président avec son amant.

L’histoire paraît antédiluvienne tant le rythme présidentiel s’est accéléré en trois ans. Amoureux, séparé, réconcilié, élu, quitté, divorcé, malheureux, remarié, heureuxà La comédie maritale n’en finit pas de se jouer au gré des humeurs du chef de l’Etat.

Dorénavant, le premier est le voisin du second, dont il aurait demandé la tête, directement ou non. On ne l’apprend toujours pas en lisant le récit de cette Expulsion (Grasset) rédigé à toute vitesse du 26 avril au 3 mai 2008, comme pour s’en libérer.

Si Genestar ne nous livre pas le fin mot de l’histoire, il ne se prive pas de détailler les pressions et les intimidations exercées par son entourage ou celui du plus haut représentant de l’Etat, à l’époque  » simple  » ministre de l’Intérieur. Il ne nous épargne rien de ses colères, de son agitation, de son double visage. Mielleux, sympathique avec les journalistes, il se montre soudain violent à la moindre contrariété. Genestar détaille son rendez-vous dans le bureau du premier flic de France à l’hiver 2005, après la fameuse couverture avec Cécilia. Un feu triste crépite dans la cheminée. Les deux hommes s’expliquent. Tenu dans sa main droite contre sa cuisse, le portable de Nicolas Sarkozy se met tout à coup à vibrer impulsant au ministre une sorte de danse de Saint-Guy frénétique. Que voit Genestar ? La fameuse scène de La Grande Vadrouille lorsque Bourvil et De Funès terrorisé sont agités de tremblements compulsifs face à l’Allemand qui les interroge. J’adore ce moment.

(*) Chaque semaine, la journaliste écrivain Isabelle Spaak (Prix Rossel 2004) pour son roman d’inspiration autobiographique ça ne se fait pas, Editions des Equateurs) nous gratifie de ses coups de c£ur et coups de griffe.

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