Pour la créatrice de la marque de cosmétiques Nohèm, la philanthropie est plus une affaire de don de soi que d’argent. Cette conviction bien ancrée fait que pour elle, entraide et solidarité sont des priorités.

Créer une fondation, lorsqu’on a encore toute sa carrière professionnelle à bâtir, c’est loin d’être ce qui vous passe d’abord par la tête. Pourtant, Noémie de Goÿs a commencé par là.  » Une chance pas donnée à tout le monde « , ça, elle le reconnaît bien, même si l’envie quasi compulsive d’aider autrui la taraude d’aussi loin qu’elle s’en souvienne. Invitée à la 3e Journée de la Philanthropie organisée par la Fondation Roi Baudouin le 24 avril dernier pour témoigner de son engagement personnel, cette cheffe d’entreprise de 33 ans, mère de deux enfants et entrepreneuse à plein temps, incarne le nouveau visage d’une générosité solidaire qui semble plutôt bien résister à la crise, si l’on en croit les résultats du dernier Baromètre de la Philanthropie. Ainsi, le Belge serait aujourd’hui plus enclin à donner même si cette  » disposition à la générosité  » – on parle bien ici d’intention et pas de dons objectifs – reste fragile et conditionnée à la plus grande transparence possible du côté des bénéficiaires. Mais, comme l’explique Noémie de Goÿs, être philanthrope, ça ne se limite pas à mettre de temps en temps la main au portefeuille.  » Ce qui compte le plus, c’est le temps que l’on donne, l’investissement sur la durée dans les projets que l’on choisit de soutenir.  » Une vocation qui dans son cas s’est construite peu à peu, au hasard des expériences et des rencontres. Passionnée par les voyages, Noémie de Goÿs, alors étudiante à l’Ecole Atlantique de Commerce de Nantes, commence par sillonner le monde dans le cadre de ses études.  » La prise de conscience de la nécessité d’un commerce plus juste, des notions d’économie sociale et solidaire faisaient aussi partie de notre programme de cours « , insiste-t-elle. Bénévole pour l’Unicef, elle s’intéresse de près à la situation des femmes dans les pays défavorisés. Des femmes qui, quelles que soient les difficultés familiales ou sociétales auxquelles elles sont confrontées, trouvent toujours le moyen de prendre soin d’elles. L’envie de proposer le meilleur de toutes les beautés du monde par le biais de produits et de soins éthiques et bio commence alors à germer dans la tête de Noémie. En 2009, son père décide de vendre l’entreprise familiale. Les fonds ainsi débloqués permettent à la jeune femme de créer sa propre fondation, qu’elle baptise Amisse.  » Nous soutenons aujourd’hui trois projets de développement par an, sélectionnés sur dossier, détaille-t-elle. Principalement dans les pays du Sud mais, depuis cette année, nous finançons aussi le travail d’une socio-esthéticienne qui intervient en France en milieu hospitalier et carcéral.  » Aujourd’hui, Noémie consacre un bon 10 % de son temps à ses actions philanthropiques, même si, avoue-t-elle, sa priorité va au développement de Nohèm, la société de cosmétiques bio qu’elle a fondée peu après la création d’Amisse et qui emploie déjà quatre salariés.  » Même s’il n’y a pas de lien direct entre les deux structures, nous partageons la même philosophie, insiste-t-elle. A travers la Fondation, j’ai pu faire connaissance avec des femmes qui produisaient de l’huile d’argan, du beurre de karité. J’ai pris conscience de leurs besoins, des difficultés qu’elles rencontraient aussi. Plus tard, quand j’ai créé Nohèm, il m’a semblé normal d’acheter, quand c’était possible, mes ingrédients naturels dans des coopératives de femmes.  » Mais pour Noémie de Goÿs, il s’agit bien là de commerce, équitable certes, mais pas de philanthropie.  » Dans le cadre de la Fondation, il n’est pas du tout question d’échange commercial, d’achat, de profit, précise-t-elle. On donne, c’est tout.  » Des valeurs que Noémie entend bien transmettre à ses enfants. En mars dernier, toute la famille est partie au Maroc à la découverte des moulins à huile d’argan.  » Mon fils a déjà appris à manier le pilon pour écraser les coques, sourit-elle. Je propose… A eux, plus tard, d’en faire ce qu’ils voudront. « 

PAR ISABELLE WILLOT

 » Dans la philanthropie, il n’est pas question de commerce. On donne, c’est tout.  »

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