L’accessoire vedette de la saison glisse à vos doigts les peaux les plus sophistiquées pour une élégance contemporaine. Et la beauté du geste.

Cet hiver, le gant n’est pas un mal nécessaire, comme un parapluie sous les bruines de novembre. Inséparable des élégantes jusqu’aux années 1960, il est aujourd’hui réhabilité par les créateurs. Fourreau d’agneau plongé, de python, de cuir verni glissé sur le bras, veau velours roulé sur le poignet, piqué de clous, de broderies ou perforé : le gant 2007 est un objet sophistiqué, d’inspiration moderne mais issu d’un savoir-faire complexe qui participe à sa magie.

Installée à Millau, dans le sud-ouest de la France, patrie ancestrale du gant, la manufacture Causse, fondée en 1892, assure toujours une production 100 % locale. En 2003, au côté d’Olivier Causse, de nouveaux associés ont donné un coup de jeune à l’entreprise, dont Nadine Carel et Manuel Rubio, deux passionnés aujourd’hui directeurs artistiques, et le célèbre hôtelier parisien Jean-Louis Costes. Liftée par Jean-Michel Wilmotte, également auteur de la toute nouvelle boutique Causse, à Paris, 14, rue de Castiglione (Internet : www.gant-causse.com), la manufacture réalise aujourd’hui ses propres créations, mais aussi les gants Chanel, Vuitton et une partie des modèles Hermès. Karl Lagerfeld leur en a d’ailleurs jusqu’ici commandé près de 400 paires…

Les gestes, eux, n’ont pas changé. Tout est une histoire de peaux, qui commence dans une réserve à la douce odeur de cuir. Là, les matières premières sont roulées comme des tissus : agneau plongé, veau et pécari souples comme des soies et des velours attendent la main du coupeur. Celui-ci, couteau, règle et ciseau en main travaille la souplesse du cuir, veille aux déplacements des défauts sur la matière mouvante, l’étire jusqu’à lui donner la texture idéale, impossible à quantifier et gérée au feeling. Le gant est ensuite fendu : coupé à l’aide d’un emporte-pièce, avant de rejoindre les mains expertes des couturières. Elles assemblent et piquent décorations et doublures, suivent les courbes sinueuses d’une main sûre. Un repassage plus tard, et le gant est prêt. Là, l’histoire change de peau : c’est de la vôtre qu’il est question, qui se glisse dans le cuir souple, un peu à l’étroit d’abord, puis les peaux s’apprivoisent, celle du gant épouse la vôtre, l’habille d’un accessoire sensuel et stylé, qui induit toujours une gestuelle particulière. Difficile maintenant de résister à l’appel du gant ? Reste à choisir son style et à s’introduire dans la peau du personnage qui l’incarne le mieux.

Le fourreau : fatal et glamour

Les icônes : Rita Hayworth dans Gilda (1946), Ava Gardner dans Les Tueurs (1947) et, avec elles, toutes les stars en fourreau glamour des films noirs qui ont inscrit le gant à ôter langoureusement au patrimoine stylistique et érotique.

Le style 2007 : cet hiver, le gant fourreau est le modèle le plus couru, le plus spectaculaire aussi. Il sort plutôt de jour et renonce aux effets du satin pour le cuir. Laqué zippé chez Yves Saint Laurent, rebrodé de haut en bas chez Lacroix ou Kenzo, en cuir lisse ou peau de pêche plongés dans des couleurs joyaux chez Dior, porté sous un bracelet Art déco chez Gucci ou passepoilé comme un pantalon de smoking chez Hermès : il épouse le bras de très près et joue à cache-cache avec le coude.

Comment le porter ? C’est le partenaire idéal du manteau en laine à manches courtes ou trois-quarts, que l’on croyait impraticable en plein hiver mais qui met en valeur son cuir gainant. Il accompagne aussi une robe délicate à manches courtes, voire une version bustier, portée épaules nues ou sur un sous-pull très près du corps. Un seul impératif : un parfait ajustement, sans bande de peau qui dépasse et perturbe la fluidité de la silhouette. Enfin, n’oubliez pas de vérifier la présence d’un Zip et/ou d’une doublure en soie qui permettent d’enfiler le gant sans encombre.

A éviter : le total look cuir moulant avec option vernis rutilant et laçage savant : au mieux, on frôle la Catwoman en perdition, au pire on fait animatrice de site sm.

Le flou : pour amazone de luxe

Les icônes : les belles guerrières, comme Milla Jovovich dans Jeanne d’Arc (1999) ou Keira Knightley, version Pirates des Caraïbes (2003) ; mais aussi tous les héros virils auxquels elles empruntent leur style : Ivanhoé, Zorro and Co.

Le style 2007 : inspiration masculine, coupe plus lâche, col évasé rigide ou tire-bouchonné : ce gant injecte une minidose de testostérone dans la silhouette très femme de l’hiver. Le gantelet matelassé Burberry Prorsum, inspiré du chevalier emblème de la maison, est le plus typé du genre. Mais on croise également des modèles copieusement cloutés chez Alberta Ferretti, Christian Lacroix, une version à pans flottants dézippés sur l’avant-bras Moschino Cheap and Chic ou un modèle en python lamé et agneau joliment carrossé chez Loewe.

Comment le porter : malgré son allure un peu plus  » brute « , ce gant est aussi d’une grande souplesse. On profite de son col large pour y glisser la manche du manteau ou du pull, ou bien celle d’un chemisier en soie ou satin de couleur, pour jouer le contraste. Ici, on peut montrer un peu de peau, comme une douceur suggérée entre la matière souple du col rabaissé sur l’avant-bras et la manche fluide coupée au coude. C’est un modèle qui fonctionne sur les contrastes : n’ayez pas peur du choc des matières, des mélanges de crocodile, python, lamé verni associés aux peaux les plus souples pour un effet luxe énergique.

A éviter : prendre des gants d’homme. Les gants masculins sont strictement calibrés sur une morphologie différente et flotteront grossièrement sur vos menottes de fille.

Le perforé : sport chic ou esprit pop

Les icônes : derrière ce cuir perforé, une double inspiration. D’un côté, les jolies dames amatrices de belles voitures griffées et de conduite racée à la Grace Kelly. De l’autre, les stars de la pop années 1980 aux looks électriques, Madonna et Cyndi Lauper en tête.

Le style 2007 : totalement schizophrène, le gant perforé se décline en version sport chic par des filles prêtes à prendre le volant de la Jaguar, avec un tailleur en laine grise Celine, par exemple, dont le défilé est inspiré de Sagan. Plus week-end décontracté, on le retrouve travaillé en agneau mat chez Lacoste. En revanche, Karl Lagerfeld, qui le porte lui-même avec une élégance décalée, lui redonne ses lettres de noblesse eighties et le décline en cuir bleu ou rose pétard sur main à griffes fluo très Dynastie, avec le sous-gant résille en option.

Comment le porter : face à cette avalanche de références, mieux vaut éviter de choisir son camp et un look trop typé au final. On préfère une silhouette sobre, intemporelle : un tailleur-pantalon à chemise blanche, une petite robe noire ultrasobre. En version plus mode, on opte pour le grand pantalon taille haute et la blouse de satin ou, plus junior, un slim, un blouson étriqué et des stilettos de peste rock.

A éviter : la Jeanne Mas attitude. Les années 1980, c’est chic et fun version Karl, mais on ne ressort surtout pas sa vieille panoplie avec boucles d’oreille en plumes et top résille.

Carine Bizet

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content