Barbara Witkowska Journaliste

Benjamin Dessange poursuit avec succès l’expansion internationale de l’  » empire  » de la coiffure, créé il y a un demi-siècle par son père, et ouvre un nouveau centre de formation à Bruxelles. Rencontre avec un héritier à l’âme de pionnier.

Fils cadet de Jacques Dessange, Benjamin prend les rênes de l’entreprise en 2004. La passation de pouvoir coïncide avec un événement de taille : la maison fête ses cinquante ans et s’offre, pour l’occasion, un véritable palais : le plus vaste salon de beauté parisien (plus de 1 000 m2), installé dans une ancienne armurerie.  » Aujourd’hui, le plus grand salon Dessange s’étend sur 2 800 m2 et se trouve à Bahrein « , annonce fièrement Benjamin Dessange, de passage à Bruxelles, pour l’ouverture d’un nouveau centre de formation. Chemise rose et mèches en pagaille, il ne cesse de courir contre la montre. Il a commencé… par le commencement.  » A 16 ans, je travaillais l’été à faire des shampooings, passer le balai. Après le bac, mon père m’a empêché d’aller étudier aux Etats-Unis pour me garder à ses côtés. Il a toujours considéré que pour apprendre rien ne valait le terrain. Il avait raison.  » Aujourd’hui, Jacques Dessange est devenu Dessange. Il regroupe près de 500 salons dans le monde (dont une vingtaine en Belgique), les franchises Camille Albane et Frédéric Moreno, 9 écoles de formation, des gammes complètes de produits capillaires, soins de beauté, maquillage, ainsi que des accessoires…

L’  » empire  » Dessange est né en 1952, lorsque Jacques Dessange, coiffeur solognot, ouvre son premier salon parisien, au 37, avenue Franklin Roosevelt. Une adresse qui attire rapidement les célébrités de l’époque : Brigitte Bardot, Mylène Demongeot, Marina Vlady, France Gall… Aujourd’hui, Dessange, présent dans 39 pays dont la Belgique, accueille 20 000 clientes et clients par jour, à la recherche des services pointus et très haut de gamme. Le personnel, hyperspécialisé (au minimum deux personnes par cliente, en blanc de la tête aux pieds), est aux petits soins. Au début des années 1990, dans le cadre de son expansion dans la diversification, la maison rachète l’enseigne Camille Albane, pour se positionner dans un segment de clientèle moyen-haut de gamme. Dans les salons plus petits, intimes et chaleureux, s’affairent des équipes restreintes et des coiffeurs polyvalents. Ultraféminines, naturelles et faciles à vivre, les coupes de Camille Albane attirent une femme urbaine, active, nomade et exigeante en termes de qualité. Dessange acquiert ensuite la société Frédéric Moréno.  » L’enseigne d’origine toulousaine vise une clientèle de proximité, explique Benjamin Dessange. S’il y a moins de détails d’excellence, en revanche les prix sont plus doux. Les salons, installés souvent dans des centres commerciaux, fidélisent aussi une importante clientèle masculine.  » Dans tous les salons de la maison, quelle que soit l’enseigne, la star, c’est la cliente. Les centres de formation Dessange dans le monde (4 000 stagiaires chaque année) inculquent la philosophie maison aux petits nouveaux. Le dernier-né, le dixième, vient d’ouvrir ses portes à Bruxelles, sous l’enseigne Camille Albane. Le but ? S’assurer que les principes de la marque (une qualité et un service irréprochables) sont suivis et assurés dans l’ensemble du réseau international. Première étape, la mise en confiance. On parle avec la cliente, on observe son style, on suggère. Ensuite, on s’occupe de ses cheveux. Le centre de formation permet à chaque coiffeur confirmé de maîtriser la technique propre à chaque enseigne. Deux stages annuels perfectionnent ses qualités techniques et créatrices.

La beauté globale

L’autre point fort du groupe est la vente de produits capillaires et de maquillage de luxe. En 1989, Dessange s’associe avec Sanofi, fabricant, à l’époque, des maquillages Yves Saint Laurent, et lance sa propre palette de maquillages. Les salons de coiffure se transforment en salons de beauté. L’idée est judicieuse et consiste à proposer à la cliente, qui vient de passer du brun chocolat au blond vanille, un maquillage sur mesure, qui va avec son nouveau look. Le succès est au rendez-vous. Dessange décide alors de se séparer de Sanofi et reprend la gestion et le développement du maquillage en interne. Tout sera fabriqué dans l’usine bretonne, acquise en 1997. Lors de l’étape suivante, on élabore une gamme de produits capillaires et de produits de soin visage et corps haut de gamme, baptisée Dessange Paris.

Camille Albane aura aussi  » ses  » produits de soins et de capillaires, réservés aux salons. Les palettes de maquillages sont des gammes courtes, très proches des tendances de mode et fonctionnent par  » looks « . Les lancements suivent… et ne se ressemblent pas. La gamme Phytodess réunit des capillaires très haut de gamme qui allient la science et la nature. Il n’y a pas encore de produits à l’enseigne Frédéric Moréno, mais ils verront certainement le jour dans le futur. Sans oublier la ligne de soins capillaires  » Compétence professionnelle Dessange  » développée en étroite collaboration avec L’Oréal. Lancée en 1992, elle a été la première ligne de soins capillaires vendue en grande distribution sous la signature d’un grand coiffeur.  » En cinq ans, la vente de produits représente déjà 30 % du chiffre d’affaires « , conclut Benjamin Dessange.

Barbara Witkowska

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