La 911 fête ses 40 ans… Une silhouette intemporelle, un six-cylindres d’orfèvre, cette quadra allemande incarne le rêve absolu. Sur quatre roues.

Quarante ans. Pour une automobile, c’est l’éternité. Une longévité exceptionnelle signe d’une destinée hors du commun. L’apanage de ces voitures entrées dans l’Histoire et devenues de véritables symboles. Peu d’élues peuplent ce panthéon. La Coccinelle, la 2CV, la Mini, des petites autos populaires tout droit sorties des cerveaux fertiles d’ingénieurs guère soucieux des règles établies. Ces modèles ont vécu longtemps parce qu’ils ont été de vrais concentrés de génie et, dans son registre, la Porsche 911 est de la même veine. Une création iconoclaste et, par là même, un chef-d’£uvre.  » Populaire « , au sens économique du terme, la Porsche ne l’a jamais été, puisqu’elle est toujours adressée à une clientèle argentée. Et, pourtant aucune automobile de son espèce, telle une Ferrari ou une Jaguar, ne s’est attiré un tel capital de sympathie. Paradoxale  » popularité  » pour un modèle élitiste.

De l’avis du plus grand nombre, la 911, plus que toutes autres, personnifie le rêve sur quatre roues. C’est la voiture de sport par excellence, magique et fascinante. Celle qui fait briller les yeux des petits garçons. De tous âges et de toutes conditions sociales…

Pourquoi tant de passion ? La clef du mystère réside, en partie, dans la forme de la voiture. Un capot plongeant sans calandre à son extrémité et encadré d’ailes rectilignes, un pavillon planté court, et surtout une ligne de toit qui se prolonge jusqu’aux pare-chocs arrière en une courbe très prononcée : il n’existe pas de dessin plus simple. En résulte une ligne au-delà des modes qui, de ce fait, résiste sans dommages aux épreuves du temps. La Porsche 911, c’est une silhouette immortelle. Unique aussi, ce qui renforce encore son pouvoir de séduction. Une sportive qui exprime force et puissance sans fioritures, de la manière la plus pure qui soit, voilà qui est rare. La recette du succès pour cette automobile anachronique et singulière, le plus emblématique des joujoux à moteur. Les petits garçons, là encore…

Les singularités, la Porsche 911 les cumule. La première d’entre elles étant l’emplacement du moteur derrière les roues arrière (en porte-à-faux, dans le jargon idoine). Une spécialité maison, héritée du fondateur de la dynastie, Ferdinand Porsche, lequel créa û rappelons-le û la célébrissime Volkswagen Coccinelle. Au demeurant, une telle implantation paraît fort peu naturelle, tout le poids se portant sur l’arrière. Les spécialistes vous le diront : pour l’équilibre général de la voiture, on a fait mieux. Mais la 911 n’étant pas à un paradoxe près, c’est justement cette architecture incongrue qui fait toute sa saveur. En découlent un comportement dynamique des plus particuliers, une agilité quasi enivrante. Pour des sensations de conduite d’une extrême intensité, que seule la Porsche délivre. Qui y a goûté, ne serait-ce qu’une fois ne peut qu’en redemander.

Il y a, enfin, le moteur lui-même. Six cylindres à plat, depuis les origines et quelles que soient les versions. Une pièce d’orfèvre qui n’a cessé d’évoluer, libérant des puissances toujours plus élevées : 130 chevaux pour les premiers exemplaires commercialisés en 1964, à opposer aux 420 chevaux de l’actuelle Turbo. On s’en doute, les performances ont suivi la même courbe ascendante. Les premières 911 filaient à 210 km/h, quand la récente GT3 pointe à 306 km/h… Là, pourtant, n’est pas l’essentiel. L’attrait de ces mécaniques au son envoûtant ? Leurs fulgurantes montées en régime. Un petit coup d’accélérateur et, hop ! l’estomac remonte dans le gosier. On ne peut pas s’en lasser… Du plaisir à l’état brut, c’est ce qu’offre la Porsche 911, raison pour laquelle elle dure depuis si longtemps.

Dès sa naissance, cette géniale automobile s’est concilié des armées d’adorateurs, dits  » porschistes « . Ces fanatiques ont élevé la 911 au rang de voiture culte et, dans les faits, forcé la marque à pratiquer la monoculture durant plus de trois décennies. Il y a bien eu d’autres voitures siglées Porsche, des 914, des 924, des 944, mais la 911 les a toutes enterrées. Y compris la sublime 928 à moteur V8 û placé à l’avant, hérésie suprême û que les ayatollahs du  » flat six  » n’ont jamais considérée comme une… Porsche.

Depuis l’arrivée du Boxster, en 1994, les intégristes se montrent cependant plus coulants. A côté de la 911, Porsche a pu se bâtir une vraie gamme, y ajoutant même un 4X4 depuis peu. Lequel, malgré des prix pharaoniques, bat d’ailleurs des records de vente. Les porschistes ont eu des enfants, il faut donc bien les mettre quelque part ! Aujourd’hui, donc, la légende se porte bien. Quarante ans, pas une ride et l’avenir devant elle. En Belgique, on ne compte pas moins de 13 versions de la 911, au catalogue du constructeur. A des tarifs s’étalant, du plus bas au plus haut, de 78 529 euros pour la Carrera 2 coupé à 193 479 euros pour la GT2. Le Lotto, c’est le mercredi et le samedi…

Jean Bourquin

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