Comment harmoniser passion du design contemporain avec l’architecture originelle d’une maison de 1830 ? C’est en ville qu’une famille de grands voyageurs a décidé de renouer – pour un temps – avec ses racines belges. Les architectes Gauthier Coton et Claudia Kast ont fait le reste.

« J’aime qu’un intérieur soit lumineux, que cette luminosité soit naturelle ou artificielle.  » Mère de quatre jeunes enfants, la propriétaire a vécu durant plusieurs années à l’étranger, au gré des affectations de son mari. Après Bangkok et la Thaïlande, les fonctions de ce dernier ont amené la petite famille dans l’Etat américain du Maine.  » Nous voulions trouver un ancrage bruxellois, d’autant plus que mon mari pouvait d’un jour à l’autre s’y retrouver affecté par son entreprise, ce qui est d’ailleurs le cas depuis quelques mois. « 

Auteurs de la rénovation et de l’aménagement de la maison, les architectes Gauthier Coton et Claudia Kast ont d’abord participé aux recherches immobilières du couple.  » Une chose était acquise, nos clients ne voulaient pas de la maison classique avec trois pièces en enfilade, explique Gauthier Coton, parce que l’espace central est trop sombre. Leurs recherches les poussaient même à trouver des espaces à réaffecter, comme par exemple une ancienne école. « 

Une habitation atypique, une maison de notable avec porte cochère, se présente alors à eux. Sa belle largeur en façade annonce un volume intérieur généreux. La cage d’escalier est ample et centrale. D’une façade à l’autre, elle compte deux grandes pièces. Comme trop souvent, tout ce qui était intéressant dans l’architecture originelle avait été dissimulé : les larges planches de sapin du plancher par de la moquette et les moulures par de faux plafonds. Aux entrepreneurs qui proposent de tout casser, les architectes prônent une intervention minimale. Ce qui va mettre en évidence des éléments remarquables dont de très belles portes aux vitres sablées au rez-de-chaussée.

 » La seule intervention sur la structure, précise Gauthier Coton, se limite au troisième étage : la  » suite parentale « . La charpente a été modifiée, pour offrir d’une part une vue panoramique sur la ville et accéder, d’autre part, à une terrasse avec solarium. De précédentes transformations avaient ménagé une ouverture vitrée dans le sol de cet étage. Nous l’avons conservée, car elle baigne de lumière naturelle la cage d’escalier. Celle-ci doit être agréable, conviviale. De la salle de jeux des enfants au solarium, vous franchissez six niveaux. Il faut donc encourager ces déplacements en pleine clarté. « 

On notera par ailleurs la réalisation particulièrement soignée de la salle de bains des parents.  » La propriétaire souhaitait une intervention en béton brut, ce qui aurait exigé une consolidation beaucoup trop coûteuse. Nous nous sommes alors tournés vers une solution miracle, le Kerlite fabriqué par Cotto d’Este. En plaques de 3 m sur 1 m et de 3 mm d’épaisseur, le nouveau matériau céramique permet de réaliser des pans entiers de surface sans joints. « 

La cuisine, elle, logée au premier étage dans une ancienne pièce de transition a été réalisée sur mesure et en inox, et forme un bloc monolithique aux lignes épurées.

 » Le design, explique la propriétaire, me séduit par ses lignes pures. En Thaïlande, j’avais déjà eu l’occasion de travailler avec des artisans locaux et de leur faire exécuter du mobilier comme les armoires cubiques en inox ou encore la table en bois massif de la salle à manger.  » Autre aspect du mobilier contemporain, l’éclairage choisi avec circonspection :  » Nous avons travaillé avec un spécialiste, Yves Schumacher, précise la propriétaire. Il est venu sur place pour repérer les espaces et nous proposer des éclairages appropriés. J’aime que l’éclairage soit un objet en soi, à la manière du travail d’Ingo Maurer ou de la lampe Arco (Flos) que l’on retrouve au salon.  » C’est dans la bibliothèque du rez-de-chaussée que l’objet  » lumineux  » a pris une importance considérable, sublimé par sa dimension. Il s’agit d’un lustre noir (Avico de Fontana Arte) qui renforce l’atmosphère plus intime voulue par la propriétaire, en contraste avec le blanc lumineux des autres étages.

Carnet d’adresses en page 147.

Reportage : Jean-Pierre Gabriel

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