La commune de Lanaken accueille un rallye de voitures anciennes qui, trois jours durant, réunit passionnés et amateurs, jeunes et moins jeunes, dans une ambiance qui se veut avant tout festive. Moteur !

Pour Denis Geurts, ancien mineur de fond du charbonnage d’Eisden et aujourd’hui animateur du rallye de Lanaken, tout a commencé il y a trente-quatre ans.  » Mon beau-frère avait une voiture ancienne, se souvient-il. Quand je l’ai vue, j’ai été conquis sur-le-champ. J’ai entendu dire qu’un pensionné de la région possédait une Ford 12 M de 1958, le fameux modèle avec le globe terrestre sur le capot. J’ai pris mon courage à deux mains et j’ai tout fait pour le convaincre de me la vendre. J’y suis arrivé. Depuis lors, ça n’a plus arrêté. Les ancêtres ont pris une place de plus en plus importante dans ma vie. C’est devenu une véritable passion. J’ai finalement vendu la Ford pour m’acheter un modèle encore plus ancien, et ainsi de suite. Aujourd’hui, j’en possède quatre. On éprouve une sensation particulière en conduisant un véhicule de 1904 qui se met en marche à la manivelle, qui crachote et qui grince. On visite aussi des bourses, à la recherche d’une pièce de rechange unique. Quand on la trouve, on ressent une vraie joie. C’est comme un enfant qui obtient la figure Panini qui lui manquait pour compléter son album.  »

Cet amour pour les voitures anciennes a pris une telle ampleur que Denis Geurts ne pouvait plus se contenter de regarder les quatre exemplaires de son garage. Il est ainsi devenu, pendant douze ans, le président du Club international des automobiles historiques (IHAC). Et aujourd’hui, il est toujours membre de la STOVL, l’Amicale des voitures anciennes du Limbourg. Le rallye de Lanaken ? Il l’a organisé lui-même cinq années consécutives. Un événement couronné de succès : des mordus d’ancêtres ont convergé des quatre coins d’Europe vers la petite localité limbourgeoise, pour y parader dans leurs superbes véhicules et profiter d’une ambiance unique. Quand il jette le gant, l’organisation est reprise par quelqu’un d’autre. Mais suite à une baisse soudaine de la fréquentation, on l’appelle à la rescousse.  » J’ai tout de suite accepté. Cette tradition ne doit pas se perdre. C’était un peu mon enfant. J’avais mis toute mon âme et tout mon bonheur dans le développement de cet événement. J’avais de la peine de le voir péricliter. J’ai donc repris le flambeau. Désormais, le rallye est organisé tous les deux ans. Cet été, j’ai voulu m’y prendre d’une autre manière, plus grandiose, plus surprenante. Les amateurs de vieux tacots doivent vivre ici trois journées d’exception. Mais les personnes qui ne possèdent pas de voiture ancienne et qui viennent par pure curiosité doivent aussi trouver leur compte. Et nous leur donnerons satisfaction. Cela ne fait aucun doute.  »

UN CIRCUIT BIEN PENSÉ

Le sens de l’organisation, Denis Geurts l’a dans le sang.  » Pour que le succès soit au rendez-vous, il faut vraiment connaître son sujet. Je ne fais plus qu’un avec mes quatre modèles. Je les entretiens moi-même. Je les rafistole, je les huile, je n’ai pas peur de mettre la main à la pâte. Mais il est tout aussi important de sentir ce que le public attend. Par le passé, j’ai organisé un tas de fêtes en rapport avec le carnaval. J’ai aussi fait partie d’un duo comique pendant quinze ans. J’aime divertir. Le défi consiste à partir de rien pour monter un événement auquel le public repensera avec plaisir pendant plusieurs jours.  » L’homme en est convaincu : cette année encore, le rallye de Lanaken connaîtra un grand succès, du moins si la météo le permet, mais c’est souvent le cas. L’objectif est double. D’abord, les ancêtres doivent tenir le premier rôle : trois jours durant, Lanaken grouillera de voitures commercialisées avant 1940. Ensuite, c’est aussi l’occasion de faire découvrir le Limbourg.  » Notre province a vraiment beaucoup d’atouts à faire valoir : la nature, la culture, l’histoire… Souvent, les Belges ne sont pas assez chauvins. Comme s’ils n’osaient pas être fiers de ce qu’ils ont. Les gens qui se rendront à Lanaken avec leur voiture ancienne doivent en repartir le dimanche soir avec l’envie d’y revenir. Parce qu’ils auront vu beaucoup de belles choses. Voilà pourquoi nous apportons un soin particulier à l’élaboration de l’itinéraire, que nous modifions à chaque édition. Six personnes travaillent dessus pendant des mois. Le tracé traverse surtout le Limbourg flamand, mais il fait aussi une incursion de l’autre côté de la frontière pour montrer les beautés du Limbourg néerlandais. Cette approche a toujours porté ses fruits. Je me souviens qu’il y a six ans, nous avions fait une étape à Bokrijk. Par la suite, quatre bus allemands sont venus visiter la localité, sur la recommandation d’un des participants.  »

UNE ORGANISATION MÉTICULEUSE

Denis Geurts a acquis de l’expérience en participant lui-même à de nombreux rallyes au volant de ses voitures.  » D’avril à novembre, avec ma femme qui a aussi attrapé le virus, nous roulons parfois sur invitation. Nous allons jusque dans le Midi de la France, en Angleterre, aux Pays-Bas, en Allemagne ou en Suisse. Je connais donc beaucoup de propriétaires d’ancêtres, que j’invite à Lanaken. Des gens qui viennent de partout et de milieux très différents : on a des boulangers, des bouchers ou des cadres supérieurs. Mais ici, tout le monde est égal devant sa passion et le reste n’a que peu d’importance. C’est vraiment beau à voir.  » La plupart des propriétaires arrivent le jeudi et ne repartent que le lundi. Les organisateurs s’occupent de tout, du logement à la restauration, en veillant là aussi aux moindres détails.  » Cinquante bénévoles donnent le meilleur d’eux-mêmes. Je veux savoir à tout moment ce qui se passe et qui est responsable de quoi. Un vaste travail de réflexion est mené en amont. C’est à la fois l’intérêt et le côté excitant de la chose, tout comme le fait que l’ensemble de la ville vit au rythme de l’événement. Ainsi, nous avons voulu y associer des artistes locaux, en organisant un concours pour la conception de l’affiche. Les meilleurs projets ont été reproduits sur une carte postale. Tous les habitants de Lanaken en ont reçu une, et nous espérons qu’ils l’enverront, pour accroître la notoriété de notre rendez-vous. Reste à voir si cette action incitera les touristes à venir découvrir le Limbourg. La main sur le coeur, je peux vous dire que personne, jamais, ne regrette sa visite !  »

UNE AMBIANCE VROMBISSANTE

Petite précision : côté rallye, il ne s’agit pas d’un concours.  » Un prix de la plus jolie voiture ? Cela pourrait gâcher le plaisir. Celui qui vient jusqu’ici pour montrer son véhicule pense naturellement qu’il est le plus beau. Une compétition, c’est délicat et trop subjectif. Nous, on veut un événement avant tout familial.  » Côté animations, il y en a aussi pour tous les goûts et tous les âges. Par exemple, un véritable orchestre de cuivres sera à l’affiche. Il y aura également une partie  » exposition « , au centre de Lanaken, avec des voitures annotées d’un petit mot d’explication.  » Quant aux voitures du parcours, avant qu’elles ne partent l’une après l’autre, je donnerai aussi quelques informations sur chacune d’elles. J’ai recherché des anecdotes intéressantes. Sur les premières Ford T, notamment, qui étaient toutes peintes en noir. Vous savez pourquoi ? Parce que cette couleur séchait beaucoup plus vite que les autres. Et monsieur Ford était un petit malin ! Il se disait qu’en utilisant uniquement cette teinte, il arriverait à produire beaucoup plus de voitures et à faire plus de profit. J’explique aussi que presque toutes les voitures anciennes étaient équipées de deux pneus de rechange. Pour une raison simple : au début du XXe siècle, on se déplaçait encore beaucoup à cheval et à charrette. Les chevaux portaient des fers dont les clous se détachaient. Du coup, ces deux pneus de réserve n’étaient pas un luxe inutile. Par expérience, je sais que le public aime ce genre d’histoires…  »

A ne pas manquer non plus : le dimanche après-midi, un parcours avec des voitures plus récentes, datant de l’après-guerre. Des modèles un peu plus familiers, qui suscitent souvent une bouffée de nostalgie.  » Peut-être que votre père ou votre grand-père a conduit ce genre de véhicule. Nous voulons ainsi retracer toute l’histoire de l’automobile et constituer en quelque sorte un musée sur roues. J’espère que nous pourrons montrer entre 150 et 200 voitures, ainsi que des vélos anciens et deux très vieilles caravanes pour voir comment les campeurs voyageaient à l’époque. Les mômes trouveront également leur bonheur. Un espace sera réservé à un club d’amateurs de voitures miniatures. Une Stanley – une voiture à vapeur – de 1913 sera présente. Ce modèle spacieux peut accueillir six personnes et son propriétaire est prêt à faire des petits tours avec les enfants. On compte même se procurer une vieille balançoire de 1910, que l’on sortait jadis lors des kermesses. Les commerçants sont prêts à faire l’investissement pour faire plaisir au jeune public. Voilà précisément le genre d’interaction qui fait tout l’intérêt du rallye…  »

Ces 22, 23 et 24 août. www.lanaken.be/Oldtimertreffen

PAR BARBARA CLAEYS

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