Un pape. Lorsque, au début des années 60, Jean XXIII et son concile Vatican II lèvent l’obligation de porter la mantille, la famille Sardà se demande ce qu’elle va pouvoir faire de la belle dentelle qu’elle produit depuis 1898. Certes, une partie du stock peut encore être écoulée en Amérique latine, le deuxième marché de l’entreprise familiale, mais il n’empêche qu’une réflexion sur la réorientation des activités de cette dernière s’impose.

Un visionnaire. Andrès Sardà est chargé par son père d’offrir un second souffle salutaire aux ateliers. Ingénieur industriel de formation, Sardà voyage alors à travers le monde pour trouver une idée, commercialement exploitable, qui n’ait encore été développée par personne. Le hasard de ses pérégrinations l’amène aux Etats-Unis, où il rencontre les héritiers de Du Pont de Nemours. Séduit par le côté novateur du Lycra, Andrès Sardà sera le premier au monde à utiliser cette matière avant-gardiste, en combinaison avec ses dentelles traditionnelles produites à Barcelone.

Un dictateur. Dans l’Espagne de Franco, la lingerie féminine tient plus de l’appareillage  » orthopédique  » que du dessous affriolant. En proposant des soutiens-gorge souples et luxueux, dans lesquels les femmes se sentent bien, Andrès Sardà détonne et séduit. Les campagnes de pub, elles aussi novatrices – des filles shootées sur la plage de Saint-Trop’ par Hamilton, c’est du jamais-vu à l’époque – achèvent de transformer l’essai. Quelques années plus tard, l’invention de la couleur chair, des coutures invisibles et des bretelles transparentes, ce sera encore Sardà. Ici aussi, succès immédiat : en 1969, le comble du chic c’est de ne plus porter de soutif’. Sauf si personne ne le devine.

Une héritière. Aujourd’hui, c’est Nuria, la fille d’Andrès, qui est aux commandes de la société familiale, qui a entre-temps intégré le groupe belge de lingerie de luxe Van de Velde (Marie Jo, Prima Donna, Marie Jo L’Aventure et Marie Jo Intense). Elle dirige entre autres le bureau de style qui dessine les diverses collections griffées Andrès Sardà. Avec ses accents rétro façon  » petit baigneur  » et ses incrustations de vinyle transparent, la ligne balnéaire printemps-été 2010 (photos), présentée lors de la dernière semaine des défilés madrilènes, est emblématique de sa vision de la marque :  » Je suis à la fois gardienne d’un know-how unique, développé depuis quarante ans, et animée de la même volonté d’innover que mon père « , confie-t-elle.

Delphine Kindermans

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