La rencontre du Nord et du Sud. Une mode qui intègre allègrement une certaine approche conceptuelle du vêtement au désir plus instinctif de laisser parler, simplement, ses émotions textiles. Voilà ce qui caractérise sommairement José Enrique Oña Selfa, directeur artistique de la célèbre maison Loewe et guest star attentionnée de ce numéro spécial ( lire son interview et sa carte blanche stylistique en pages 42 à 57). Né en Belgique de parents espagnols, ce créateur chaleureux formé à l’école bruxelloise de La Cambre reflète, à vrai dire, la spécificité actuelle de la mode made in Belgium. Une mode singulière mais mélangée. Spécifique mais métissée.

Contrairement aux deux grandes nations du prêt-à-porter qui revendiquent traditionnellement leurs identités franco-française et italo-italienne, la Belgique ne brandit pas un nationalisme exacerbé en matière modeuse. L’explication est en partie géographique. Historiquement ouverte (pour ne pas dire contrainte) à de multiples influences étrangères, la Belgique s’illustre en effet par sa modestie, sa curiosité et son adaptation au changement. Petit pays mais large d’esprit. Ouvert aux autres. Et à l’expression enrichissante du brassage des cultures. Ce qui n’empêche nullement que la mode de notre plat pays soit immédiatement reconnaissable à l’étranger.

La mode belge est aujourd’hui un label de qualité qui force le respect, qui séduit, qui se vend. Bref, son identité est forte, même si elle prend la forme d’une étrange mosaïque culturelle lorsqu’on l’examine à la loupe. Hasard ou pas, les grands créateurs de demain épinglés dans cette édition dédiée à l’été 2006 sont précisément le fruit d’un joli métissage noir-jaune-rouge. José Enrique Oña Selfa est belgo-espagnol ; Haider Ackermann a baigné dans un environnement franco-colombien avant d’être formé à l’Académie d’Anvers ( lire pages 86 à 90) et les trois jeunes Belges prometteuses qui ont fait leurs premiers pas à Paris – Valeria Siniouchkina, Sandrina Fasoli et Cathy Pill – ont respectivement des origines russes, italiennes et lituano-polonaises ( lire pages 60 à 66).

Délicieusement exotique, la mode made in Belgium est donc finalement à l’image de ses mannequins stars reconnus eux aussi à l’étranger pour leur bel(le)gitude singulière.  » Notre pays est si petit que nos gènes sont porteurs de toutes les couleurs du Nord et du Sud « , analyse Rudi Cremers, l’un des meilleurs maquilleurs du royaume qui signe également, pour ce numéro, une production beauté exclusive mettant en scène quatre tops belges du moment ( lire pages 108 à 116). Personne ne le contredira sur cette jolie symphonie des mélanges. Car la mode belge est un stoemp et doit le rester.

Frédéric Brébant

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