Porté par le vent favorable de l’aventure  » Sacrés belges ! « , le groupe Starving sort un premier album aux sonorités froides mais aux textes délicieusement chauds. En exclusivité pour Weekend Le Vif/L’Express, sa chanteuse Claudia Chiaramonte joue au top model d’un jour et se livre sans complexe.

(1) Starving,  » Tout n’est pas rose  » (Distrisound). Starving sera en concert le 7 mai prochain à Zaventem lors de l’événement Hot Couture (lire encadré ci-dessous) et à Bruxelles le 12 mai, lors des Nuits Botanique. Internet : www.botanique.be.

U n synthé très années 1980. Deux guitares très années 1990. Un cocktail très années 2000. Dès  » Allumeuse « , le morceau d’ouverture du premier album de Starving (1), le ton est donné. Le jeune groupe belge définit d’ailleurs sa musique comme  » électrorganique « , un néologisme qui insiste sur ce savant mélange de mélodies musclées et de vieux sons électroniques. Côté chant, les mots de Claudia Chiaramonte sentent carrément le soufre avec, en guise de tout premier refrain,  » Je suis une allumeuse, un vrai petit briquet ; quand je deviens fiévreuse, j’ai envie de baiser « . Ni plus, ni moins.

Séduit par l’audace et le talent prometteur de Starving, Weekend Le Vif/ L’Express a lancé une invitation  » modeuse  » à Claudia, la  » porte-parole  » du groupe : jouer au mannequin d’un jour pour notre magazine et disséquer son rôle au sein de la formation hennuyère. Le résultat est très glamour ( voir pages 20 à 25) et la jeune femme de 25 ans se révèle plutôt mature…

Weekend Le Vif/L’Express : Quels souvenirs gardez-vous de cette séance de photos de mode pour notre magazine ?

Claudia Chiaramonte : Cela m’a plu ! Pendant quelques heures, je me suis retrouvée dans la peau d’un mannequin, mais quand je suis rentrée chez moi, j’ai bien pris conscience du fait que je mesurais toujours 1,60 mètre ( rires) ! Non, sérieusement, cela m’a plu de me faire maquiller, de me faire coiffer et de voir un réel changement. J’ai donné carte blanche à l’équipe car j’avais justement envie de me laisser diriger dans les poses et dans le choix des vêtements. Je me suis retrouvée avec un autre visage, une autre attitude…

Cette métamorphose vous a-t-elle séduite ?

J’ai été surprise parce que je ne m’attendais pas du tout à ce style de vêtements. Je ne pensais pas que ce serait si brillant, si doré… Mais cela m’a plu ! J’ai adoré les matières, les coupes… En fait, j’ai pris beaucoup de plaisir parce que je n’ai justement pas l’habitude de porter ce genre de vêtements. Il suffit de me regarder pour comprendre : je suis plutôt jeans et tee-shirt ! Je bouge énormément dans la vie de tous les jours, donc les petites robes et les bijoux, ce n’est pas vraiment pour moi !

En revanche, sur scène, vous la jouez beaucoup plus sexy en portant toujours des robes chinoises, moulantes et fendues…

Oui, parce que ce sont des moments d’évasion, des moments où je ne suis plus tout à fait moi-même… En fait, cette idée de robes chinoises est venue un peu par hasard. Nous nous trouvions au Canada et j’ai vu ma toute première robe chinoise en vitrine. Je l’ai trouvée très sexy, je l’ai essayée et elle m’a plu tout de suite. Le soir même, nous avions un concert et j’ai décidé de la porter parce que je me sentais vraiment bien dedans. Depuis, j’en ai acheté beaucoup d’autres et c’est presque devenu un signe de reconnaissance. Mais bon, il est peut-être temps que je passe à autre chose. Donc, je cherche justement quelqu’un qui pourrait m’aider ! L’idéal serait un styliste qui pourrait me créer des robes originales dans lesquelles je me sentirais bien…

Mais je suppose que vous tenez à ce petit côté Betty Boop : un peu allumeuse sans avoir l’air d’y toucher vraiment…

C’est vrai que les gens qui ne me connaissent pas du tout et qui me découvrent pour la première fois sur scène pensent rapidement que je suis une allumeuse. Certains me voient même à la limite de la salope ! Mais il s’agit d’un rôle car, dans la réalité, je ne suis pas du tout comme ça. En fait, je pense que ce sont surtout les textes des chansons qui donnent cette impression-là. C’est vrai que cela tourne toujours autour du sexe et des rapports homme-femme, mais cela n’est jamais vulgaire. Même dans la chanson  » Allumeuse  » où je dis  » J’ai envie de baiser « , ce n’est pas hard car c’est dit naïvement. Je ne sais pas pourquoi j’écris ce genre de textes, mais je sais que j’ai une certaine facilité à en parler. En vérité, cela me plaît de jouer ce jeu-là. Attention, cela ne veut pas dire que je ne me sens pas bien dans ma vie de tous les jours, mais ça donne tout simplement un peu de piment à l’existence. En fait, je suis d’abord enseignante. Je fais trois heures de train chaque jour pour aller donner des cours d’arts graphiques à des adolescents et donc, à côté de ça, je suis un prof qui se lâche sur scène !

C’est Docteur Jekyll enseignante le jour et Miss Hyde chanteuse allumeuse le soir !

Exactement ! D’ailleurs, j’ai toujours un peu peur que mes élèves me voient sur scène ( rires) ! Je sais que certains d’entre eux ont déjà vu des photos de moi sur Internet, mais je pense qu’ils ne m’ont jamais vraiment vue en concert. Cela dit, ils m’ont déjà posé des questions à ce sujet et donc, aujourd’hui, tous les élèves de l’école sont au courant !

Vos élèves vous taquinent-ils sur cette double vie ?

Non, parce que j’ai un rapport très naturel avec eux. C’est vrai qu’ils ont été un peu surpris, mais le plus drôle, c’est qu’ils sont terriblement  » clichés  » : quand on fait de la musique et qu’on a un clip sur MCM, on a forcément une grosse voiture et une énorme piscine avec des danseurs tout autour ! Donc, ils arrivent difficilement à concevoir que je puisse être prof et chanteuse en même temps…

La vie quotidienne de vos étudiants vous inspire-t-elle parfois des textes de chansons ?

Cela peut arriver.  » Coma sutra « , par exemple, est l’histoire d’une fille qui vit avec angoisse son tout premier rapport sexuel. Personnellement, j’entends les adolescents parler tous les jours de leur première fois. Ils se demandent comment cela va se passer, s’ils vont avoir mal… Le problème, c’est qu’ils commencent de plus en plus jeunes ! Ils ont souvent 14 ans. Parfois, certaines filles m’en parlent directement. Elles me posent des questions et j’essaie de les éclairer parce que j’estime que cela fait aussi partie de ma mission d’enseignante. Et donc, dans cette chanson  » Coma sutra « , j’ai extrapolé cette peur de la première fois chez une jeune fille. Mais à part ça, c’est plutôt rare. En fait, j’écris souvent dans le train. J’y suis trois heures par jour, j’y vois énormément de choses et j’invente des histoires. J’écris mes chansons sur de grands billets de train rectangulaires. C’est le seul moment où j’ai vraiment le temps…

Si vous deviez définir la musique de Starving à quelqu’un qui ne vous connaît absolument pas, que lui diriez-vous ?

Je lui dirais tout d’abord que nous sommes un groupe de six personnes parce qu’on a souvent tendance à mettre la chanteuse en avant-plan, comme dans cette interview et cette production de mode ! C’est logique et je ne le dénigre pas, mais je tiens à souligner le fait que Starving est avant tout le fruit d’un travail collectif. Musicalement, nous faisons de la pop, mais en utilisant à la fois de l’organique et du synthétique, c’est-à-dire de vieux synthétiseurs et des guitares électriques. Donc, il y a une base rock, mais qui se développe avec l’électro. On essaie de combiner les deux. Je dirais aussi que le son du groupe est assez froid, mais qu’il dégage cependant une chaleur au niveau de la voix et au niveau des textes bien sûr !

Le nom du groupe peut sembler énigmatique. En anglais,  » starving  » veut littéralement dire  » crevant de faim « …

Cela vient surtout du fait que nous sommes originaires de  » la province  » et plus précisément du Borinage qui est une région assez pauvre. On a souvent ressenti du dédain de la part de groupes bruxellois qui sont très sûrs d’eux-mêmes et on veut donc exprimer cette envie de pouvoir s’imposer sur la scène rock belge en restant nous-mêmes. Donc, le choix du nom suppose que nous sommes conscients de nos origines et que nous avons faim de réussite, mais faim aussi d’évoluer musicalement. Et puis, il y a aussi le message selon lequel on crève de faim quand on essaie de vivre de sa musique en Belgique. C’est d’ailleurs pour cette raison que je suis toujours enseignante. J’ai les pieds bien sur terre et je suis consciente que, pour manger et payer mon loyer, chanter dans un groupe ne suffit pas. Bon, j’espère pouvoir me dire un jour :  » Je travaille à mi-temps et je consacre le reste du temps à la musique.  » Le rêve serait évidemment de composer non stop parce que j’adore faire ça, mais pour l’instant, je préfère ne pas me faire d’illusions.

Propos recueillis par Frédéric Brébant

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