Doux-amer, son nouveau roman décortique la vie d’un couple en plein divorce. Une expérience vécue par l’auteure qui aboutit à une satire où une brave mère de famille se trouve finalement muée en une furieuse Mata Hari. Confidences.

L’écriture est-elle pour vous une vengeance ou un défouloir ?

Plutôt le vécu qui entre de plain-pied dans le processus de la création. Mon dernier livre (*) n’est pas une autobiographie, mais plutôt un témoignage féminin sur le divorceà

L’amour est-il pure invention ?

Non, mais c’est une chose très fragile, qu’il faut protéger et réinventer chaque jour. Le mythe de l’amour vénère l’absolu et l’éternité, or il n’en est rien. Le temps, le mariage, le quotidien, le travail, les enfants, l’orgueil : tout se ligue contre lui.

La plus belle chanson d’amour ?

Le Temps est assassin de Véronique Sanson, sur le désir et la perte de l’amour. Malgré les signaux d’alerte, on refuse de voir ces petites notes de musique dissonantes, qui finissent par faire exploser le couple.

 » Avec l’ère Internet, l’amour est devenu impossible « , écrivez-vous. Pourquoi ?

Parce que les nouvelles technologies ouvrent la porte aux tentations. Le défi du couple étant d’y résister. L’époque est à la vérité. Ce retour à l’écrit dévoile la vie insoupçonnée des gens.

Si vous aviez un avatar sur Facebookà

Ce serait une grande aventurière casse-cou, qui vivrait toutes les vies que je ne vis pas. L’écriture en est vraiment le moyen le plus jubilatoire ! Mes romans dénoncent les mythes sociétaux. J’aime montrer l’envers du décor de la maternité, de l’amour, du couple, du divorce ou de la famille recomposée. Rien n’est simpleà

Le divorce est-il  » une école de la vie  » ?

Oui car il révèle la face cachée de son conjoint, de son entourage et de soi-même. Confronté à l’extrême, on voit ce dont on est capable quand on doit contre-attaquer, mentir et manipuler.

La plus grande trahison vécue ?

Celle de l’éclatement de la famille dont j’avais une idée sacrée.

La pire souffrance ?

L’annonce aux enfants. C’est là que j’ai pris conscience qu’en quelques mots, leur vie allait basculer à jamais.

Ce livre est-il un pamphlet contre la garde alternée ?

Quelle aberration que cette garde alternée ! On exige que les pères s’occupent des enfants, comme une mère, alors qu’ils n’en sont pas une et c’est tant mieux. Les petits ont besoin de leur mère, or cette société barbare les oblige à vivre sans domicile fixe.

Votre roman est l’histoire d’une mutation ?

C’est en effet l’initiation d’une femme à l’épreuve du divorce. Désabusée, elle se méfie des hommes et du genre humain. Aussi se reconstruit-elle en ayant un autre rapport au monde et aux autres.

 » J’ignorais que la liberté n’est pas féminine « , dites-vousà

Que ce soit dans le célibat, le mariage, la maternité ou la non-maternité, les femmes sont toujours en lutte contre les éléments naturels et culturels. La liberté n’est jamais acquise ! J’admire la vaillance des femmes, qui tiennent bon en assumant tous les rôles.

Avoir 40 ans, c’està

Entrer dans l’âge de la vérité. On commence à saisir la vie et à savoir ce qu’on veut. Avant, j’étais une jeune fille, une épouse et une mère. Je suis enfin femme, mais c’est un long chemin pavé d’embûchesà

(*) Une affaire conjugale , par Eliette Abécassis, Albin Michel, 324 pages.

Kerenn Elkaïm

« Mes romans dénoncent les mythes sociétaux. »

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