A l’affiche de La Nuit nous appartient, le dernier long-métrage de James Gray, l’actrice américaine joue aussi les princesses de contes de fées dans l’édition 2008 du calendrier Campari. Rencontre exclusive sur fond d’images glossy sexy.

On se fait sur les stars plein d’idées reçues : elles sont froides et guindées. Botoxées. Beaucoup trop entourées. Capricieuses et sans intérêt. Avares de leur temps et de leurs confidences. Militairement drillées pour vous offrir des réponses convenues et prémâchées. Peut-être… mais pas toutes. Eva Mendes a choisi de croquer la vie à pleines dents. Et tant mieux si la pomme est rouge et juteuse.  » Je tombe amoureuse plusieurs fois par jour, s’exclame-t-elle avec passion. Au hasard de mes rencontres.  » Des coups de c£ur qu’elle ne réfrène pas –  » Tu es adorable « , me dira-t-elle en se jetant dans mes bras à ma grande surprise à la fin de notre entrevue qui pourtant ne devait durer que… deux minutes avant de s’étirer tout en douceur, en confidence, me donnant l’étrange impression d’avoir  » échangé  » quelque chose avec une jeune femme spontanée, à l’écoute, bien décidée à tirer, pour elle aussi, le meilleur d’une séance de promo qui lui est imposée.

Est-ce Hugo le chien qui a tout déclenché ? Un vrai symbole celui-là : un berger malinois… francophone, s’il vous plaît !  » C’est vrai tu es belge, toi aussi ? C’est drôle tu sais, je ne parle pas français, mais lui, il ne comprend que cela. Alors je m’y mets, j’apprends assis, couché, au pied…  » Ou son goût pour le design et les meubles de Charles et Ray Eames.  » Tu pourrais m’envoyer des infos sur les appartements que décore Jade Jagger ? J’adore cette fille.  » Elle rit, Eva, comme lorsqu’un peu plus tard elle se sentira portée par l’envie de chanter  » volare « . Ou de parler avec des yeux gourmands de ce top brésilien –  » Carlos, humm…  » qui lui tient compagnie sur les clichés léchés de l’édition 2008 du calendrier Campari.

Quittant pour quelques jours les plateaux hollywoodiens, la belle latine a accepté de se laisser prendre aux jeux de rôle sensuels et sexy imaginés pour cette nouvelle édition collector, tirée à 9 999 exemplaires et distribuée uniquement aux  » partenaires privilégiés  » du célèbre apéritif italien. Treize instantanés volés à des univers de contes de fées pour adulte et mis en lumière par le photographe Marino Parisetto.  » Je n’avais jamais posé pour un calendrier auparavant, précise Eva Mendes. Quand j’engage mon image aux côtés d’une marque, il faut que ce soit un produit, un projet dans lequel je crois. Ici, je l’ai fait pour le fun. Mais aussi parce que ce calendrier ne sera pas vendu et ne sera édité qu’en quantités limitées. « 

Le thème aussi – ses contes au parfum d’interdit… – l’avait séduite. Petite déjà, Eva Mendes raffolait de ces histoires magiques que lui racontait sa mère avant d’aller dormir.  » Surtout La Belle au Bois dormant, confie-t-elle malicieuse. Ma mère me disait que je lui ressemblais. Car je pouvais et je peux toujours dormir facilement 16 heures d’affilée.  »

Pourtant, les héroïnes de contes de fées ne sont plus ce qu’elles étaient : les cendrillons modernes enchaînent les tournages. Leurs bals se succèdent, à L.A., à Deauville ou à Cannes. Et les fées qui les parent pour un soir ont des noms enchanteurs qui riment avec  » couture « . Eva Mendes est l’une de ces nouvelles princesses speedées qui n’attendent pas le prince charmant – il ferait même plutôt de la figuration… – pour vivre à 200 %. Aujourd’hui à l’affiche du dernier film de James Gray, La Nuit nous appartient, où elle incarne la fiancée d’un patron de club mouillé avec la mafia, elle vient de terminer le remake très attendu de The Women – une comédie de 1939 revue par Diane English – tout en donnant la réplique à Samuel L. Jackson dans le dernier thriller fantasy de Frank Miller, The Spirit. Des projets, elle en a plein les mains. Et la tête aussi.  » Mais ses rêves, il faut savoir les protéger « , ajoutera-t-elle un brin mélancolique. Explications.

Weekend Le Vif/L’Express : Pensez-vous que les stars de cinéma sont les nouvelles héroïnes de contes de fées qui font rêver les enfants d’aujourd’hui ?

Eva Mendes : C’est vrai que certains jours, les actrices peuvent donner l’impression de vivre dans un conte de fées. On vous prête des robes et des bijoux fabuleux, avec un garde du corps en prime qui suit vos moindres mouvements. Aujourd’hui, je suis habillée par Alberta Ferretti. Mais à la fin de la journée, c’est un peu comme Cendrillon, il faut rendre tout ce que l’on vous a envoyé. J’adore ce métier mais il ne faut pas oublier que derrière les belles robes et les paillettes, il y a beaucoup de travail. Et un quotidien de personnage public qui n’est pas drôle tous les jours.

Et comme dans tout bon conte qui se respecte, Hollywood a ses côtés sombres aussi…

Tous les jobs peuvent virer à l’enfer. Mais dans les métiers créatifs, j’ai l’impression que ce côté obscur peut être, plus qu’ailleurs, très, très noir. C’est donc très important pour garder un certain équilibre de se recentrer sur sa famille et ses amis, surtout s’ils ne sont pas dans ce business !

Pour vous, la passion, c’est…

Un enthousiasme, un élan pour la vie. Qui fait que vous profitez de chaque seconde qui passe. Je tombe amoureuse plusieurs fois par jour, avec les gens que je rencontre. La passion, c’est ça, cette capacité de célébrer l’instant présent.

Pour chaque mois du calendrier Campari, vous incarnez aussi un personnage différent. Un exercice de style éloigné de votre métier d’actrice ?

J’avais surtout l’obligation de ne pas montrer qu’il faisait un froid de canard ( rires). Les conditions climatiques étaient dantesques. C’est ce qui a permis d’obtenir des cieux pleins de tempérament. Et de souder l’équipe ; un peu comme lorsqu’on va camper en bande quand on est adolescent. Mais oui, bien sûr, mis à part cela, il fallait se mettre dans la peau d’un nouveau personnage pour chaque image. Et surtout réussir à  » poser  » l’émotion. Ce qui n’est pas toujours facile car comme actrice, vous êtes plutôt dans l’action.

Vous êtes en ce moment à l’affiche de La Nuit nous appartient, aux côtés de Joaquin Phoenix. Une rencontre professionnelle qui vous a laissé un bon souvenir ?

Travailler avec Joaquin, c’est le rêve. A Cannes, en mai dernier, lorsque nous présentions le film pendant le Festival, j’ai dit qu’il était un peu comme un chiot, dans le bon sens du terme ! Et je le maintiens. Comme un enfant ou un jeune chien, il est débordant d’énergie. Elle est partout. Il est incapable de vous donner un moment qui ne soit pas généreux. Il est toujours là. Très présent. Et quand il se focalise sur vous, c’est magique, le moment devient inoubliable.

Un projet, une envie qui vous tient particulièrement à c£ur ?

Vous savez, je n’ai pas vraiment de stratégie, ni de plan de carrière. Il y a bien une chose que je rêve de faire. Mais je préfère la garder secrète. Parce que je suis un peu superstitieuse. Mais surtout, je suis assez d’accord avec ce que dit Wayne Dyer ( NDLR : un médecin américain auteur de nombreux ouvrages de coaching en développement personnel). Si vous commencez à parler de quelque chose qui ne vous est pas encore arrivé, et à laquelle vous tenez, l’ego finit toujours par se mettre en travers du chemin. Et tout devient alors plus pénible si votre rêve ne se réalise pas.

Pour la prise de vue du mois de janvier illustrée par le Petit Chaperon Rouge, vous avez eu affaire à un vrai loup pas très engageant. Vous imposez-vous des limites dans les risques que vous acceptez de prendre pour un film ?

C’est vrai que je n’étais pas très à l’aise avec ce loup. J’essayais d’être cool, mais il s’est mis à retrousser les babines et à grogner, sur commande, pour les besoins de la photo. A priori, j’ai des restrictions personnelles. Je n’ai aucune intention par exemple de sauter à l’élastique. Mais je sais aussi qu’une fois que vous êtes sur le plateau de tournage, vous habitez votre personnage. Et cela devient alors plus difficile de refuser un défi. Il ne faut jamais dire jamais. S’il fallait que je saute à l’élastique pour tourner avec Almodovar, je le ferais sans hésiter !

En novembre, vous avez fait la couverture de Maxim, le très hot magazine masculin. Vous est-il parfois difficile d’assumer tous les jours cette image de super sex-symbol ?

Vous savez, je ne me vois pas comme un sex-symbol. Je ne cherche pas à être sexy tous les jours. Vous devriez me voir faire mes courses en jogging, je ne suis sûrement pas un modèle de  » sexyttude « . Il y a un temps pour tout. Cela fait partie de mon job d’être au top quand je suis en représentation. Mais c’est une pression que je ne m’impose pas en permanence.

Vous avez une passion pour la décoration et le design. Envisagez-vous, comme Jade Jagger par exemple, d’aménager des intérieurs professionnellement ?

Jusqu’ici je n’ai créé des intérieurs que pour moi ou pour mes proches. Mais j’adorerais le faire à un autre niveau, j’y pense sérieusement, c’est une vraie passion que j’ai envie de développer. J’aime beaucoup les meubles de Charles et Ray Eames, les créations de Frank Lloyd Wright aussi, même si elles n’ont pas toujours l’air très confortables. Sa maison Fallingwater en Pennsylvanie est un véritable chef-d’£uvre.

Avec Revlon dont vous êtes l’une des égéries, vous soutenez un projet de récolte de fonds en faveur de la recherche contre les cancers qui touchent les femmes. Un acteur a-t-il le devoir de s’engager ?

Seulement si il ou elle le souhaite. Dans ce business, on a trop tendance à vouloir imposer ses vues aux autres. Vous devez faire ce qui vous semble juste, pour vous-même. Je ne crois pas que nous ayons une responsabilité morale. Pour ma part, cela me fait du bien de donner de mon temps pour les autres. Lorsque je rends visite aux enfants gravement malades dans les hôpitaux aidés par l’association  » Art of Elysium  » ( NDLR : créée en 1997, cette association organise des ateliers artistiques dans les hôpitaux) que je soutiens comme beaucoup d’autres artistes, je me sens bien, je me sens vivante. Et il n’y a pas de paparazzis. Pas de photos dans les journaux. C’est une histoire entre les enfants et moi. Tout simplement.

Propos recueillis par Isabelle Willot

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