L’antistar Karin Viard

Elle est à l’affiche dans pour La Vérité ou presque et Face cachée. Justement, quelle est la sienne ?

Comment étiez-vous, adolescente ?

Très déterminée. Indépendante. Pleine de conviction… J’avais du cran, je crois. Je suis venue à Paris à 17 ans, après mon bac, et j’ai mis des années à comprendre le fonctionnement de cette ville et des gens qui la constituent. Cela n’a pas été facile mais je pense que ces moments-là m’ont été nécessaires, surtout que je sortais d’un milieu confortable. Il ne faut pas perdre de vue le sens des réalités : c’est ce que j’apprends à mes filles. Aujourd’hui, le niveau social devient un frein ou, au contraire, ouvre grand les portes. C’est une société où il y a de plus en plus de disparités et ça me déplaît fortement.

Votre créateur préféré ?

Missoni, pour le côté dolce vita années 1970. Sinon, j’aime la rigueur des pantalons Yamamoto et la décontraction chic de Zadig & Voltaire, et Isabelle Marant.

Sortez-vous rapidement d’un rôle ?

Assez facilement, oui. Parfois je m’accorde trois petits jours de cafard mais je suis vite appelée par le concret : j’ai des enfants, un mari, des amis. Je suis très active. J’ai aussi appris à m’analyser. Quand je tourne trop vite sur moi-même, quand la machine s’emballe, c’est l’expression d’une déprime, sauf qu’elle ne s’exprime pas classiquement.

Vos livres préférés ?

Un secret de Philippe Grimbert, m’a bouleversée. Et Belle de Belle du seigneur, le roman d’Albert Cohen, est l’une de mes héroïnes de fiction préférées.

Que vous disent les gens dans la rue ?

Les femmes me parlent de ma sensibilité. Les hommes de mon côté  » super sympa « ,  » super sexy « . C’est deux regards différents. Très bien. Parfait. Surtout que j’ai toujours rêvé d’être une grande brune sans poitrine et très mystérieuse. Je ne sais pas pourquoi les gens m’aiment bien, sans doute parce que je ne les prends pas de haut. Quand on a la chance de faire un métier où l’on est attendu, on se doit d’avoir l’élégance d’être gai. Pour moi, les comédiens qui évoquent une souffrance exacerbée sont indécents. J’ai envie de leur donner un coup de pied au cul et de les envoyer faire le ménage à 4 heures du matin à Conforama.

Le design ?

Des objets fonctionnels, beaux, accessibles, quelle joie ! Les designers danois m’emballent : Marcel Wanders et Jacobsen.

L’art ?

Les £uvres contemporaines me transportent. Et je suis de près les travaux de Corinne Marchetti, qui fait des broderies sur tissu.

Se remet-on d’un premier chagrin d’amour ?

On s’en souvient toujours… Normalement, cette expérience douloureuse aide à se construire. Peut-être que les personnes les plus fragiles ne s’en relèvent jamais car elles restent bloquées dans l’idéalisation, le fantasme, le déni.

Vos modèles dans la vie ?

Elisabeth Badinter, Simone Veil, et toutes ces femmes qui se battent avec intelligence pour des idées et n’abandonnent jamais.

Vos films préférés ?

Elephant Man, de Lynch, Fanny et Alexandre, de Bergman, L’Enfance nue, de Pialat. J’adore aussi regarder les films de gosses avec mes filles. Je ne boude pas mon plaisir.

Propos recueillis par Gilles Médioni

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content