Si l’on connaît la touristique  » Ardenne authentique  » pour ses atouts 100 % nature, on a aussi tout à gagner à sortir des sentiers balisés pour en découvrir les artistes… Au fil d’une palpitante journée.

DE 10 H À 11 H 30

CÉLÉBRER LES 50 ANS DE L’AKDT

À BASTOGNE

La réputation de l’Académie internationale d’Été de Wallonie n’est plus à faire : les stages et ateliers pour adultes qui y sont proposés dans une multitude de disciplines, des arts plastiques à la littérature en passant par la musique, rayonnent au niveau européen et attirent souvent des professeurs renommés. Cette année, elle fête ses 50 ans avec panache à travers diverses expositions, dont Un été partagé, à Bastogne, où l’on peut découvrir le travail des profs, une fois n’est pas coutume. Attention, on ne parle ni de suspensions en macramé, ni de vases en terre cuite tournés avec les coudes : tout profs qu’ils sont, les animateurs sont aussi des artistes professionnels. Les installations de l’éclairagiste, plasticien et scénographe Claude Couffin, ou les interprétations conceptuelles de l’engagement politique de Roel Jacobs (photo) en sont un bel exemple. Pas moins de 44 contributeurs lèvent ainsi le voile sur leurs opus pour rendre hommage à l’institution.

Un été partagé, jusqu’au 26 août à l’Orangerie du parc Elisabeth, à Bastogne. À découvrir également, Retour aux sources, jusqu’au 16 septembre, au palais abbatial de Saint-Hubert. www.akdt.be

DE 12 H À 13 H

CROQUER LES TABLEAUX

GASTRONOMIQUES DE LA FLEUR

DE THYM À HOUFFALIZE

On n’a pas souvent l’occasion de faire un pied-de-nez à la météo : cet été, soyons créatifs, c’est dans l’assiette que ça se jouera ! Le chef David Heine et son épouse française Olivia Sauvage n’ont pas volé leur Bib Gourmand au Michelin. On s’étonne d’abord, vu l’allure traditionnelle de la bâtisse, de pénétrer dans un décor au parti pris vintage et moderne à la fois. Puis, on se laisse séduire par le défilé de propositions gastronomiques, enchaînant les surprises. Le duo travaille les produits locaux en interprétations exotiques ou méditerranéennes, selon l’humeur et le marché. À La fleur de thym, on peut bien entendu choisir à la carte, mais allez… on vous conseille plutôt le menu Jeunes Restaurateurs d’Europe (84 euros vins compris) ou, pour les aventuriers de la papille, le menu Surprise, à l’aveugle (95 euros vins compris).

La fleur de thym, 34, rue de Liège, à 6660 Houffalize. Tél. : 061 28 97 08. www.lafleurdethym.be Fermé les lundis et mercredis, réservation souhaitée.

DE 13 H 30 À 14 H

PRENDRE LE THÉ EN BOUQUINANT

CHEZ LA CURIEUSE À NOBRESSART

À l’heure où de nombreuses initiatives culturelles mettent la clé sous le paillasson, c’est avec allégresse que nous frotterons nos sandales sur celui, tout neuf, de Mélanie Consiglio ! Cette jeune libraire a en effet depuis quelques années choisi sa niche, l’art contemporain. Après avoir forgé son concept à Paris, où elle a notamment suivi une formation en art dramatique au Cours Florent, elle rentre au pays et ouvre son premier point de vente à Arlon en 2008. Une clientèle aguerrie (l’Académie des beaux-arts y est vivace et de haut niveau) fait la réputation de La Curieuse, d’autant que les alternatives en la matière sont inexistantes. Livres d’art contemporain et moderne, objets arty, rayon Jeunesse, stages pour enfants animés par des artistes, expos avec des créateurs belges – surtout des femmes -, la positionnent sur la rampe du succès. En juin dernier, Mélanie Consiglio déménage le tout… chez elle ! Un nouveau départ, donc, où se développeront plus de stages pour enfants et d’expos (une par saison), et qui a la particularité d’être un vrai salon. Canapé cosy, table accueillante où prendre le thé en bouquinant, ouverture sur le jardin et généreuse lumière naturelle. Un cadre idéal pour feuilleter la sélection pointue en architecture, graphisme, photographie, pendant que les enfants gribouillent librement sur le tableau noir XXL. L’art contemporain désacralisé, on adhère !

La Curieuse, 51, rue du Centre, à 6717 Nobressart (Attert).

Tél. : 063 44 48 81. www.lacurieuse.be

DE 14 H 30 À 15 H 30

SE LA JOUER NATURE ET DÉRISION SUR LE SITE DE MONTAUBAN-BUZENOL

 » Allez à Buzenol ! « ,  » Montauban : incontournable ! « , indiquent les artistes interviewés lorsqu’on leur demande où ils prennent leur dose d’art contemporain dans leur province. En réalité, ils parlent tous d’un seul et même lieu : le Centre d’Art Contemporain du Luxembourg belge, installé sur le site de Montauban, à Buzenol-Étalle, en pleine nature.

La partie haute de l’endroit est un parc archéologique. La partie basse, quant à elle, accueille des installations temporaires.  » Notre architecte, c’est la nature « , confie le directeur Alain Schmitz. Élevé dans une ferme, il a l’habitude d’aller chercher l’art en ville, parce que l’art contemporain,  » c’est pour les autres « , dit-on dans sa famille. Quand il monte ce projet fou en 2007, son objectif est donc double : amener l’art contemporain en milieu rural, en donner les clés aux locaux par des choix clairs et pleins d’humour, mais aussi y guider ces  » autres « , ceux de la ville, par des propositions pointues et une carte maîtresse, l’émotion suscitée par la mise en perspective avec la nature.

Exemplative de cette philosophie, la grande exposition de land art Nature et Dérision accueille entre autres les pictos décalés de Jérôme Considérant, qui balise le site de panneaux clins d’£il pleins de glissements de sens, provoquant sourire et réflexion. À observer également, près de l’étang à qui il donne un tout autre visage, le bol de 6 mètres de diamètre signé Cornelia Konrads (photo). Spectaculaire, il semble engloutir une partie de l’îlot, suscitant tout à la fois émotion d’une image familière et légère bousculade de l’ordre établi. L’île, l’étang, le ciel, le bol et le paysage tout autour… chaque élément se répond et s’amplifie, nous permettant d’accéder à une autre manière de voir. En tout, une dizaine de propositions ludiques et techniques habillent et habitent le site.

Nature et Dérision, jusqu’au 14 octobre au Centre d’art contemporain de la Province de Luxembourg, site de Montauban-Buzenol (Buzenol-Étalle), www.caclb.be

DE 16 H À 16 H 30

POUSSER LA PORTE DE L’ATELIER DE LAURENCE GONRY À ARLON

Visiter un atelier d’artiste est toujours une expérience unique : on pénètre dans les coulisses, on comprend les processus, on rencontre le créateur… et on achète moins cher qu’en galerie. Si le trait et les doudous de Laurence Gonry aka Spacepafpaf, exposée, publiée et vendue depuis la fin des années 90, sont connus, ses créations évoluent au fil des spécialisations qu’elle suit : graphisme, sérigraphie, textile… À découvrir ? Des gravures de personnages rigolos et impertinents (Albert, rôle secondaire, n’a pas inventé la poudre), des monstres gentils en textile coloré, des broches décalées vendues en ballotins, des illus de  » démons intérieurs  » pas si terribles malgré leur côté Punk Attitude. La multiplication des médiums n’entrave en rien la cohérence de son univers, prolixe mais clair. Idéal pour des cadeaux coups de c£ur, ou pour habiller tout un mur avec une galerie de portraits petits formats.

Atelier de Laurence Gonry (Spacepafpaf), 15, rue de l’Esplanade, à 6700 Arlon, sur rendez-vous uniquement. Tél. : 0494 30 15 83. www.spacepafpaf.be

À PARTIR DE 17 H

FAIRE LA FÊTE AU FESTIVAL DES ARTS DE LA RUE DE CHASSEPIERRE

À la tête de cette énorme manifestation… le même Alain Schmitz, tiens tiens. Toujours mu par le désir de faire se rencontrer les différents publics et la création d’aujourd’hui, il a depuis trente-sept ans fait de ce festival l’un des rendez-vous culturels de l’été belge. On fait Chassepierre comme on fait Dour ou les Francos. Impressionnant quand on connaît la physionomie  » au repos  » de cette entité, petites rues, petits ponts, jolis bacs à fleurs et 200 âmes à tout casser. Comédiens, musiciens, clowns et acrobates bouleversent avec joie l’un des plus beaux villages de Wallonie.

Mais les troubadours ont bien d’autres atours, qui présentent aussi des spectacles à haut potentiel plastique. Certains intègrent l’art contemporain dans un format adapté à la rue, comme Page blanche de Luc Amoros (photo). Côté pile : sur un échafaudage, six peintres créent en direct sur toiles tendues. Côté face, les spectateurs assistent en live à la naissance de ces  » tableaux « , au rythme de la musique et des chants… une sorte de fresque vivante.

À épingler aussi : En-quête, de la compagnie Lune et l’autre. Fraîchement sorties de La Cambre, les créatrices de cette  » installation sensitive  » embarquent les spectateurs dans un espace tout de toile tendu, un cocon où résonnent témoignages anonymes et jeux des comédiennes sur le thème de la naissance. Extrêmement délicat, ciselé comme de la dentelle, très émouvant.

Pour Alain Schmitz, construire une programmation faisant le grand écart entre jonglerie et spectacles conceptuels, public local et visiteurs des villes occasionnels, tradition et contemporanéité, c’est son défi majeur ici, tout comme au CAC de Montauban. Y a pas de mystère !

39e Festival international des arts de la rue de Chassepierre (Florenville). Les 18 (à partir de 14 h) et 19 août (à partir de 13 h). www.chassepierre.be

PAR ANNE BOULORD

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