Fils du peintre Balthus, Thadée Klossowski de Rola décrit, dans son journal intime, le tableau d’une époque passée où évoluent sa défunte femme, le mannequin Loulou de la Falaise, et le créateur qu’elle inspira sa vie durant, Yves Saint Laurent.

Vie rêvée, par Thadée Klossowski de Rola, Grasset, 311 pages.

D’où vous vient l’amour des mots ?

Je me revois à 6 ans, assis à l’ombre d’un bosquet. Attiré par un livre, je me suis mis à le recopier pendant des heures. Plus que raconter ma vie ou mes amis, j’aime faire des phrases qui sonnent juste.

Enfant, que vouliez-vous devenir ?

Ecrivain, mais on m’a dit que ce n’était pas un métier. Puis, psychiatre et diplomate, or vu que ça impliquait des études, j’ai trouvé une autre voie.

Que vous a transmis votre père, Balthus ?

Peut-être un certain sens de la justesse. La beauté serait trop vague… Je l’admirais énormément comme peintre. Dans ses paysages, on peut voir son regard de génie.

Vivre avec un peintre, c’est…

Mystérieux. Balthus a longtemps été ignoré. J’avais 17 ans quand il a été reconnu, mais j’ai su très tôt ce que représentaient les difficultés liées à l’art.

Pourquoi ces  » petites pages de fièvre  » du journal intime ?

C’est un genre étrange et frustrant. On écrit ce qui nous passe par la tête, sans s’appesantir. Le fil rouge : mon histoire avec Loulou de la Falaise.

Comment définiriez-vous l’amour ?

Loulou a été mon âme soeur. Je suis tout de suite tombé amoureux de cette femme infatigable et poétique. Nous avons eu une vie de rêve, qui a duré trente-cinq ans.

Que représentait Yves Saint Laurent ?

Yves était époustouflant comme créateur et comme ami. Il a su réinventer la femme en collant à son époque. Quant à Loulou, elle était la grâce même !

Etait-elle sa muse ?

Loulou n’aimait pas ce mot, mais elle l’a inspiré en tant que femme et fantasme. Elle travaillait très dur chez YSL et parvenait à apaiser les angoisses d’Yves.

Qu’en est-il de Lagerfeld ?

Amusant et généreux, Karl a fait partie de notre bande, jusqu’à ce qu’Yves devienne une star. Ce succès a rendu jaloux Karl car, lui, nul ne le connaissait à l’époque.

Est-ce aussi un livre sur l’ennui ?

Tout à fait. J’ai une phobie de l’effort, qui m’empêche d’écrire. Mon journal essaie de combler ce manque.

 » Pourquoi je n’échappe pas au miroir ?  »

Ce journal constitue un miroir névrotique. Quand c’est devenu un piège, j’ai cessé d’écrire. Le brûler ou le publier revient au même. Dire que je suis devenu un vieux monsieur, c’est inconcevable !

KERENN ELKAÏM

 » YVES ÉTAIT ÉPOUSTOUFLANT COMME CRÉATEUR ET COMME AMI.  »

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