Retrouver Fréderic Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur la Première (RTBF radio).

« Il est sympa et attirant, mais méfiez-vous : c’est un truand !  » Au début des années 1970, Jacques Dutronc évoquait déjà le fameux  » Dragueur des supermarchés  » dans une version enjouée qui laissait entrevoir le pire côté c£ur. A l’époque, les jeux de séduction existaient évidemment dans les grandes surfaces, mais cette chasse à l’amour était discrète, subtile, camouflée. On prenait alors le temps d’épier patiemment l’autre et d’analyser consciencieusement le contenu de son caddie, avant de passer intelligemment à l’attaque au rayon fruits et légumes. On feignait l’indifférence, on surveillait sa proie du coin de l’£il et on effleurait enfin, comme par hasard, une main distraite dans la quête sublimée de la même orange. Cette époque est-elle révolue ? Sans doute pas, même si, comme dirait l’autre, tout fout le camp ! Efficacité et rentabilité obligent, la drague des supermarchés est désormais étalée, codifiée, organisée. De la Suède aux Etats-Unis, en passant par la Suisse et la Corée du Sud, un nouveau concept de séduction ostentatoire fleurit en effet dans les grandes surfaces. Le principe est d’une évidence rare : à l’entrée du magasin, les consommateurs ont le choix entre un caddie  » normal  » ou un petit panier jaune très  » flower power  » censé informer l’autre sur une réelle disponibilité sentimentale ( photo). En clair :  » Je suis libre. Vous le savez grâce à mes petites fleurs. A vous de jouer !  » Une aubaine pour les célibataires. Connue sous le nom du  » dating market « , cette initiative a d’abord vu le jour à Amsterdam, il y a presque deux ans, dans un projet initialement artistique (signé Otto Berchem en collaboration avec Ellen de Bruijne Projects), avant de se muer en un véritable phénomène de société (http://artimo.net/datingmarket). Aujourd’hui, le concept s’exporte volontiers dans le monde entier et devrait bientôt éclore dans quelques grandes surfaces de Madrid, Lille et Paris. En Belgique, toujours pas de paniers fleuris à l’horizon, mais il est probable qu’un gérant de supermarché en mal de publicité succombe très prochainement à cette belle opportunité. Exactement comme le concept new-yorkais des  » Hurrydate « , ces rendez-vous éclair organisés  » montre en main  » entre filles et garçons ( voir Weekend Le Vif/L’Express du 7 décembre 2001) et lancés seulement l’été dernier à Bruxelles (www.smartdate.be). Amusante, cette dérive de la séduction organisée est révélatrice de l’air du temps. A la fois débordés et retranchés dans une espèce de  » solitude communautaire « , les célibataires du XXIe siècle ne veulent plus perdre de temps et aiguisent donc les nouvelles armes qui leur sont offertes. Bref, il faut draguer vite et bien, si possible dans les endroits où l’on est obligé de s’éterniser. Sanctuaire idolâtré de la société de consommation, le supermarché devient donc la plate-forme idéale pour trouver l’âme s£ur tout en se sacrifiant à la corvée des courses. La révolution est bel et bien en marche : entre lait, biscottes, jambon et shampooing, on peut désormais glisser l’homme ou la femme de sa vie dans son panier fleuri. Plus consumériste, tu meurs !

Frédéric Brébant

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