Chaque année le même pensum : trouver un agenda. Cette fois, pas état d’âme . L’agenda du (presque) poète (Editions de la Martinière) est fait pour moi. Quatre cents pages, aucun espace pour les rendez-vous. Partout, des vers, des acrostiches, des quatrains. Des couleurs. Inutile d’y chercher une information pratique, un plan de métro, une carte du monde, un répertoire. Il n’y a rien. Aucun éphéméride, aucun saint. Volumineux, lourd, insortable, intransportable, l’objet a peu de chance de trouver sa place dans un sac à main. D’ailleurs, qu’y ferait-il ?

En réalité, cet almanach n’a rien d’un agenda. Sorte de cahier d’expérimentations au quotidien, le gros livre mou et doux m’enchante. Je m’explique. A chaque jour correspond une citation poétique, parfois une £uvre en entier, puis un exercice. Rien d’autre. Vous lisez. Vous réfléchissez, vous vous lancez. Dans le grand vide, dans l’absolue liberté de la langue. Par exemple.

1er février. Une pensée de Cocteau :  » Un rêveur est toujours mauvais poète « . On vous demande d’écrire un  » poème moche  » avec une liste de mots que vous trouvez agaçants, laids, malsonnants…

26 février. Guy Goffette écrit :  » La poésie se confond pour moi avec le mouvement de l’âme que le corps suit « . Comme application pratique essayez  » d’autres positions pour écrire, couché sur le dos, assis en tailleur, debout sur un pied…  »

Jeudi 24 avril. Apollinaire dit :  » J’aime beaucoup mes vers, je les fais en chantant et je me chante souvent le peu dont je me rappelle « . On vous conseille :  » Cherche un rythme en le frappant sur un coin de table, sur un tambour ou dans tes mains. Et, quand tu l’as trouvé, dis, puis écris sur ce rythme « .

22 juillet. Une injonction de Rainer Maria Rilke :  » N’écrivez pas de poème d’amour « . A vous d’écrire un sonnet  » comportant plusieurs fois le mot  » amour  » mais attention : ce ne doit pas être un poème d’amour « .

12 février. Ma journée préférée : celle de Louis Calaferte. L’impromptu le plus court :  » Vent Glacial « .

Le devoir ? Trouvez mieux.

(*) Chaque semaine, la journaliste et écrivain Isabelle Spaak (Prix Rossel 2004 pour son roman d’inspiration autobiographique Ça ne se fait pas, Editions des Equateurs) nous gratifie de ses coups de c£ur et coups de griffe.

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