Le château de Pange a retrouvé tous ses charmes d’antan. Ses superbes jardins, remaniés par le grand paysagiste français Louis Benech, eux, séduisent aussi par de poétiques aménagements en prairie sauvage. À découvrir, à un jet de pierre de Metz.

Situé à 15 km au sud-est de Metz, le long de la Nied, un affluent de la Moselle, le domaine de Pange a bien des atouts pour séduire ses visiteurs. Ses origines remontent au Moyen Âge. Mais c’est toutefois en 1720, soit au début du règne de Louis xv, que les bases de l’actuelle demeure sont construites par Jean-Baptiste Thomas, premier marquis de Pange. Le château originel – qui ne comportait qu’un seul corps central – était déjà positionné dans un méandre de la rivière. En guise de parc, les architectes avaient dessiné des parterres à la française mais leurs plans sont restés dans les cartons : le cours d’eau sort régulièrement de son lit et les jardins étaient prévus en pleine zone inondable.

Jusqu’au début du xixe siècle, différents projets d’aménagement sont mis en chantier. La modification la plus importante est apportée en 1757 quand l’édifice est flanqué de deux ailes pour lui donner plus de majesté. En 1836, les toitures sont remaniées dans le style à la Mansart. Le château et ses abords s’affichent depuis comme une résidence de plaisance, d’autant plus que les douves défensives, héritage des périodes troublées du Moyen Âge, ont été comblées. Pour agencer les jardins, les idées se sont succédé. Des esquisses du xviiie siècle prévoient une organisation de chemins en patte d’oie qui délimitent des parterres et des dessins du xixe siècle nous apprennent que de grands arbres d’essences diverses s’épanouissent autour du château.

Le domaine connaît un épisode dramatique le 15 août 1940. Les Allemands pillent et occupent la belle demeure. A la libération, Américains et Canadiens s’y installent. En 1947, elle est concédée à une congrégation religieuse puis à une institution sociale. Au début des années 80, Edith et Roland de Pange, les occupants actuels, décident de faire revivre la propriété familiale. Dans la foulée, ils ouvrent les lieux au public et adhèrent, à la fin des années 90, au réseau transfrontalier  » Jardins sans Limites « , regroupant une trentaine de jardins en Moselle, en Sarre et au Luxembourg.

Le château de Pange se trouvant aux portes de Metz, il jouit d’une grande accessibilité. La rénovation de ses jardins fait l’objet d’un concours que remporte Louis Benech, un des chefs de file du paysagisme français, dont la signature est définie comme  » un savoir-faire poétique nourri d’histoire « . Parmi ses réalisations les plus célèbres, on épingle la restauration du jardin des Tuileries, à Paris, à la demande du président Mitterrand.

Les plans que Benech conçoit pour Pange – qui a obtenu le label  » Jardin remarquable  » – s’appuient précisément sur des lignes et les axes qui forment les chemins de découverte. Mais ils offrent aussi beaucoup de poésie avec des parties en prairie sauvage, des fleurs vivaces, des plantations de rosesà Le paysagiste compense aussi des formes strictes, comme celles d’une ligne de Taxus taillés en pyramide tronquée, par le caractère souple et ondulant de hautes graminées.

L’£uvre est encore jeune. Comme la végétation, elle va s’étoffer au fil du temps. Mais d’ores et déjà, la plus grande réussite de Benech est d’avoir créé un écrin dans lequel le château de Pange semble s’être posé, comme s’il sortait d’un conte de fées.

Par Jean-Pierre Gabriel

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