L’auteur belge nous invite à suivre l’histoire d’Ariana, une Espagnole qui connaît un amour aussi foudroyant que fulgurant, mais qui voit celui-ci s’enfuir tout aussi soudainement. Va-t-elle savoir retrouver le fil de sa vie ?

Enfant, que vouliez-vous devenir ?

Astronaute, en raison de mon premier livre reçu, une encyclopédie sur les étoiles. Je bravais ma peur pour observer la nuit étoilée dans le jardin.

Si vous pouviez vous envoler avec un ballon, où iriez-vous ?

Sur la planète du Petit Prince.

Si vous étiez le héros d’un roman…

Derville dans Le Colonel Chabert car je préfère être un personnage secondaire. Il ne dort presque pas, a l’esprit toujours en éveil et observe tout, à l’instar de l’écrivain. Mon prénom signifie d’ailleurs en grec  » celui qui est éveillé « .

L’écriture,  » cri de détresse  » ou  » choc de l’aventure  » ?

En étant si près de soi, on touche à des choses qui peuvent nous mener à une grande détresse. Je transmets ce chemin risqué à mes personnages. L’écrivain échafaude un monde, qui peut virer à  » une prison d’imagination « , préférable à la réalité brute.

Qu’explorez-vous ?

L’extraordinaire richesse et complication de la vie intérieure. Cette énorme fabrique des sentiments décide de tout.

Qu’en est-il des failles ?

En regardant la faiblesse d’un personnage, on touche à des choses plus vraies. Ce roman révèle une femme face à une expérience très forte, l’amour. Prise entre son désir et l’impossibilité de le réaliser, elle frôle la folie. Je me projette dans cette inaccessible étoile.

Être dans la peau d’une femme, c’est…

Passionnant ! La force de mon héroïne est de ne pas oublier son amour. Seules les femmes peuvent aller à ce point au bout d’elles-mêmes.

Définissez-nous l’amour.

C’est quand le  » je  » deviens  » tu « , tant on n’existe plus que si l’autre nous appelle. On devient une réponse et non pas une question. L’amour gouverne le monde.

L’abandon, grande trahison ?

Ce n’est pas en abandonnant qu’on cesse d’aimer. Le drame c’est que ça transforme l’amour en souffrance. La présence y cohabite avec l’absence.

La solitude, poids ou nécessité ?

C’est une fatalité inévitable. Seul l’amour total la supprime.

Une deuxième naissance ?

J’ai dû renaître, il y a dix ans, en rencontrant ma femme. L’intensité de cet amour coïncide avec mes débuts d’écrivain.

Quand avez-vous  » pleuré comme un enfant  » ?

En écrivant ce roman. Je vis si intensément avec mes héros, que je prends leurs émotions de plein fouet. Le temps, c’est comme la mort, alors j’écris contre lui. Ce que nous avons été ne nous quitte jamais. Cette vision vaut pour l’humanité, qui peut retrouver l’origine du monde en chacun de nous.

Qu’est-ce qui vous sauve ?

L’écriture est la seule façon d’être proche du néant intérieur et d’y survivre merveilleusement. J’aime être dans le silence pour écrire une page de ciel noir. Le monde peut avoir disparu, il reste cette nuit intérieure, parsemée d’éclats de lumière.

Les Ballons d’hélium, par Grégoire Polet, Gallimard, 173 pages.

KERENN ELKAÏM

CE N’EST PAS EN ABANDONNANT QU’ON CESSE D’AIMER.

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