Le look avant les abdos
Le métier de mannequin est l’apanage des femmes. Mais, aujourd’hui, les hommes s’imposent… en toute décontraction. En Belgique aussi.
Quelles sont les qualités généralement requises aujourd’hui auprès des tops masculins ? » Malgré la mode des abdominaux façon « tablettes de chocolat », c’est toujours le regard qui prime, souligne Véronique Vermeire en charge des modèles Hommes chez Dominique Models Agency, à Bruxelles. En revanche, les mensurations ont toute leur importance. Comme les filles sont de plus en plus grandes, on n’accepte plus de tailles inférieures à 1,84 m et bientôt ce sera 1,86 m. Chez les hommes, taille veston : 46 – 48. Peu importe la pilosité ou non (l’épilation est un peu passée de mode et on revient aux torses nature, aux barbes et même aux moustaches), la couleur des cheveux (le grisonnant est en vogue) et même le poids. Celui-ci est devenu secondaire, étant entendu qu’ici un déficit musculaire est plus facilement admis qu’une inflation adipeuse. «
Contrairement aux tops féminins dont les noms sont aussi célèbres que ceux des actrices de cinéma, l’identité des tops masculins reste souvent dans l’ombre. A quelques exceptions tout de même : l’Anglo-Iranien Cameron Alborzian, le Néerlandais Mark Vanderloo ou encore – plus récemment – le Suédois Markus Schenkenberg. Parmi la génération montante, difficile de dégager une tendance bien définie… car il n’y en a pas. Comme dans la mode elle-même, tout est permis : l’éphèbe imberbe côtoie le macho mature. L’Anglais Will Chalker (26 ans) est l’un des nouveaux chouchous. Il a défilé pour Yves Saint Laurent, Paul Smith et Zara mais doit surtout sa réputation à sa pose très taille basse pour le parfum Black XS de Paco Rabanne.
Les visuels réalisés pour les campagnes de pub des parfums révèlent, en effet, et à l’échelon international, de nouveaux visages masculins. Après une campagne pour Louis Vuitton avec Jennifer López, l’Espagnol Andrés Velencoso a incarné Allure Sport de Chanel et Fleur du Mâle de Jean Paul Gaultier. Plus de soucis donc pour l’avenir de sa carrière. Les plus grandes maisons et les meilleurs photographes font appel à lui. Et il n’est pas le seul…
Gucci Pour Homme II, photographié par Mert & Marcus, a ainsi pour ambassadeur Mathias Lauridsen, dont la cote, depuis ce shooting, n’a cessé de grimper. Le Brésilien Evandro, capté en noir et blanc par Inez van Lamsweerde et Vinoodh Matadin pour le dernier masculin de Narciso Rodriguez est tout aussi courtisé. L’Anglais David Gandy, qui s’était déjà fait remarquer dans une première production de Steven Meisel pour Dolce & Gabbana, occupe le devant de la scène (littéralement) avec la dernière campagne au slip blanc de Mario Testino pour le parfum Light Blue du duo italien…
Le torse de Garret, immortalisé en noir et blanc par Fabien Baron pour Calvin Klein Man, a fait le tour de la Terre. Tout comme la campagne, plus ancienne, mais toujours d’actualité, de Peter Lindbergh pour Acqua di Giò de Giorgio Armani avec Lars qui reste très demandé. Enfin, après une campagne pour Prada Eyewear shootée par Steven Meisel, Nick Snider a également du travail assuré pour quelque temps, au même titre que Mat Gordon, le jeune Canadien qui a défilé pour Gucci avant d’en être l’image mode zoomée par Inez van Lamsweerde et Vinoodh Matadin.
Allez les Belges !
A ce jour, aucun top masculin belge n’a encore atteint le firmament. En revanche, plusieurs jeunes filles – Hanne Gaby, Elise Crombez, Ingrid Parewijck – sont parvenues à décrocher d’importants contrats internationaux ces dernières années, alors que leurs collègues masculins sont toujours en retrait. Toutefois, les débouchés sont bien présents en Belgique : des labels comme, par exemple, Scapa ou Olivier Strelli ne sont pas à sous-estimer au niveau international.
Quelques exemples de réussite toutefois : ainsi le Bruxellois Geoffroy Jonckheere (22 ans) est mannequin depuis près de trois ans. Il a posé pour des campagnes griffées Olivier Strelli, Emanuel Ungaro, Loewe… et vient de terminer un shooting pour le prêt-à-porter masculin de Louis Vuitton. Il a défilé pour Jean Paul Gaultier, Dolce & Gabbana, Valentino, Trussardi, Byblos, Neil Barrett et autres Salvatore Ferragamo. L’an dernier, il a décroché cinq couvertures de magazine, notamment les Upstreet britannique et français. Originaire de Liège, Michael Gandolfi (27 ans), lui, vit aujourd’hui à New York. Depuis qu’il a embrassé le métier, en 2003, il a bossé pour des labels prestigieux comme Burberry, Roberto Cavalli, Fendi, Karl Lagerfeld, Calvin Klein, Lanvin ou Prada. Par ailleurs, le Bruxellois Alexander Stevens (18 ans) a déjà travaillé pour Louis Vuitton et Kenzo. Les Anversois Zeno Wendelen et Benoni Loos (tous les deux 20 ans), eux, pour leur part, ont été retenus par Raf Simons, notamment. Ces cinq tops masculins sont tous représentés par la jeune agence bruxelloise IMM (International Model Management).
Chez New Models Agency, à Bruxelles, Axel, Hugues Malvolti et Glenn Danlos sont plébiscités. » Des hommes virils au look sain… parfaits pour nos clients belges, confie Ruben Debuck, Director New Faces. Mais nos nouveaux visages plus typés, eux, attirent davantage l’attention de l’étranger. Ils sont ou font plus jeunes, ils ont des looks un peu » alien » (étranges) avec des yeux souvent très écartés, des joues légèrement creusées, une constitution athlétique symétrique mais sans être musclée. Leur look est totalement différent de celui qui était en vogue il y a vingt ans. » Parmi d’autres valeurs montantes figurent encore Wenceslas, Lenaart t’Jollyn, Jules Hugal et Seppe Raes… qui, lui, a déjà été booké par Prada.
Serge Vanmaercke
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