Entre mobilier tendance et jeu subtil des couleurs, une jeune décoratrice

a transformé, à Bruxelles, une maison de rapport avec raffinement. Complètement dandy mais sans chichis.

 » L e total look m’ennuie ! Ce que j’aime, c’est l’éclectisme… mais un éclectisme raisonné où les matériaux et les couleurs entretiennent des correspondances et forment un ensemble cohérent « , clame Julie de Halleux. Issue de la finance internationale, cette jeune décoratrice s’est reconvertie avec succès, il y a trois ans, dans l’aménagement d’intérieurs. Voyageuse à l’affût des dernières tendances en matière de design, amoureuse de Miami et d’Amsterdam, ses références sont contemporaines et… éclectiques. Elle adhère au minimalisme du Belge Vincent Van Duysen et craque pour la fantaisie du Porto-Ricain Benjamin Noriega-Ortiz qui n’hésite pas à juxtaposer une table Art déco en bronze avec un tabouret en polycarbonate.  » Tout ce que j’aime !  » embraie Julie de Halleux.

L’élégante maison bruxelloise début xxe siècle qu’elle a choisi d’emménager est elle-même un savant mélange de styles, à la fois néo-Renaissance flamande et Art nouveau, comme en témoigne le superbe sgraffite qui orne la façade principale. Les trois étages que la décoratrice a investis l’an dernier ont subi d’importantes modifications :  » Il a fallu décloisonner un maximum de pièces car je voulais que salon, salle à manger et cuisine, bien que distincts, fassent partie d’un seul et même espace.  »

Située à un niveau légèrement supérieur du salon, la salle à manger acquiert, toutefois, du haut de ses marches, une autonomie naturelle. Quant à la cuisine attenante, elle est isolée tout en étant intégrée à l’ensemble grâce à l’utilisation d’une cloison ajourée.  » Il n’y a pas de portes mais un double accès de chaque côté pour dissimuler sans enfermer.  » Un étroit monolithe qui semble découpé à même le mur et dont le verso intègre judicieusement le mobilier de cuisine. C’est d’ici que l’on peut gagner la terrasse extérieure décorée d’un simple alignement de bambous.

Dans le même esprit de minimalisme, le mobilier û plutôt blanc, gris et acier û a été choisi dans un souci de continuité chromatique, sans distinction de style ou de matières : dans la salle à manger, des chandeliers en argent du xixe siècle trouvent un écho dans la table en métal poli contemporaine à laquelle répondent les photos de paquebots échoués de Christian Ballis, fixées sur une plaque d’aluminium… Un peu plus loin, c’est le chrome qui est mis à l’honneur, grâce aux sphères réfléchissantes ramenées du Mexique et entrevues dans les demeures du célèbre architecte coloriste Luis Barragan.

Avec ses quatre mètres cinquante de hauteur sous plafond, le salon nécessitait pour sa part un mobilier imposant prêt à se mesurer aux gigantesques stores uniformément blancs qui tamisent la lumière naturelle. Julie de Halleux a opté pour des canapés cubiques grand format, signés Paola Navone pour Casamilano. Ils entourent d’épaisses tables basses en MDF laqué et dessinées, elles, par Julie de Halleux. Dans un recoin, et parfaitement adapté au format panoramique d’une photographie nocturne signée Felten et Massinger, on remarque un meuble de rangement oblong des années 1950 du designer américain Jack Dunbar.

Du décor d’origine, il reste peu de choses reconnaît Julie de Halleux, à l’exception des hautes portes intérieures pourvues de vitraux et qu’elle s’est toujours interdite de sacrifier. Seule exception car même le plafond du salon a été percé afin d’y aménager un escalier intérieur reliant les étages supérieurs. Le deuxième niveau abrite, entre autres, un bureau tandis que le dernier étage est dédié à la chambre. Située sous les combles, elle est traversée par une charpente pour le moins massive.  » Impossible de la supprimer, je me suis donc limitée à un jeu décoratif sur les contrastes.  » Au lieu de minimiser la présence des poutres, la décoratrice a pris le parti de les maximaliser ! Recouvertes de peinture blanche elles s’opposent aux murs marron, ou pour être plus précis, à la teinte  » havana smoke « . Dans la salle de bains û elle aussi  » couleur de cigare  » û, une ancienne baignoire sur pieds en fonte se marie admirablement au mobilier aux lignes épurées et dessiné sur mesure. Pour le bureau voisin, c’est la teinte  » balmoral red « , à la fois dense et lumineuse, que Julie a retenue. Une couleur qui capte l’attention sans nuire au mobilier d’exception que l’on y trouve : le meuble en bois et métal du designer Jack Dunbar, encore lui, qui ornait en 1965 l’un des bureaux de direction de la banque BBL Marnix, à Bruxelles. Une pièce de collection à l’élégance discrète, à l’image des lieux très smart qui l’abrite.

Antoine Moreno Photos: Renaud Callebaut

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