L’écrivain réussit à décrire le malheur en utilisant une plume drôle et acérée. Malgré ses peines de corps et de cour, son héros fait pourtant triompher son amour de la vie.

Pourquoi  » la nostalgie est-elle une perte de temps  » ?

Si on ne la pratique pas trop souvent, c’est l’un des plus beaux sentiments qui soit. Or je tente de la fuir, sinon je reste à me morfondre sur mes parents et mes amis morts.

Que reste-t-il de votre enfance ?

J’ai été élevé à la campagne par des parents écolos avant l’heure. Il m’en reste le goût de la terre et des animaux. J’ai aussi été marqué par mes lectures : Hugo, Balzac, Céline et Gogol.

Votre rêve d’enfant ?

Être écrivain. Ma vocation de raconteur d’histoires m’est apparue en lisant Quatre-vingt-treize de Victor Hugo. Je suis devenu journaliste par hasard, mais j’adore ce métier.

 » Les romans sont des histoires vraies, racontées par des menteurs.  » Quelle est votre vérité ?

Il y a plus de vérité dans mes romans que dans des essais autobiographiques. Je m’y sens totalement libre car on peut aller au fond des choses, en y mettant de la poésie et de la philosophie.

Le pire des mensonges ?

Quand on se ment à soi-même.

Pourquoi l’humour est-il vital ?

L’esprit ironique correspond à ma nature insolente. Jeune journaliste, j’avais déjà un tempérament de sale gosse. J’écris avec un couteau, ponctué de petits rires. L’ironie nous permet de mieux vivre dans ce monde, elle donne du recul vis-à-vis des autres et de soi.

Quel amoureux êtes-vous ?

J’aime à 200 %, voire à 300 % ! La passion, je m’en méfie, parce qu’elle est fusionnelle. Je crois plutôt à l’amour sincère à pied d’égalité. Si l’un domine l’autre, le ver est dans le fruit. L’amour peut être éternelà Mon héros le recherche, mais ne le trouve jamais.

Qui incarne  » le type moderne  » ?

Mon héros, qui est presque moi. Pour m’entretenir, je fais du sport, je mange bio et je jardine. J’ai un côté très féminin, puisque je ne triche pas, je fais les courses, la cuisine et le ménage. Solidaire des femmes, je ne pourrais pas vivre sans elles.

La femme idéale ?

Simone Veil. Contrairement à moi, cette femme engagée est incapable de faire des compromis. Elle va au bout de tout.

Les femmes aiment-elles différemment ?

Oui, elles sont plus entières et tranchent plus vite. Les hommes contournent les choses pour gagner du temps. Ils veulent tout garder et empilent les histoires, tant ils ont besoin des femmes.

Peut-on mourir d’amour ?

Le chagrin d’amour peut tuer. Avant, j’y étais insensible, mais l’abandon peut mener à l’autodestruction. Le cancer de mon héros est révélateur de la douleur liée à l’amour qui meurt.

Avez-vous déjà  » joué avec votre vie  » ?

J’avoue que je suis assez irresponsable. Cela fait froid dans le dos car j’ai des enfants. Je garde toutefois un réflexe de survie devant le précipice.

Un très grand amour, par Franz-Olivier Giesbert, Gallimard, 253 pages.

KERENN ELKAÏM

Le chagrin d’amour peut tuer

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