Le silence, des paysages à perte de vue… Montez à bord d’une montgolfière et survolez le Maroc, la Namibie ou le Grand Ouest américain, pour un voyage inoubliable.

Carnet de voyage en page 62.

Maroc

Au-dessus de l’Atlas

Il y a quinze ans, Maurice Otin débarquait au Maroc pour passer quelques semaines de vacances. Du moins le croyait-il. Tombé amoureux du pays, ce Lyonnais n’est jamais reparti et connaît désormais les paysages de l’Atlas mieux que personne, puisqu’il les voit de haut. Fondu d’aéronautique depuis sa plus tendre enfance, notre homme sait faire partager sa passion et faire planer son monde.  » Je suis le meilleur pilote de montgolfière du Maroc « , affirme-t-il malicieusement (il est le seul à être agréé par les autorités du pays) cependant que l’énorme ballon de 6 000 m3 est en train de gonfler sa voilure colorée, avec en arrière-plan les montagnes de l’Atlas.

Le soleil se lève sur la région de Marrakech. C’est l’heure d’embarquer. La nacelle d’osier s’élève doucement, dans le silence du petit matin. Instant magique. La terre s’éloigne de 2 mètres par seconde, en dévoilant ses trésors. L’ombre de la montgolfière s’accroche aux minarets, se couche sur l’ocre des maisons et la géométrie verdoyante des cultures. Les pistes dessinent un canevas coloré à travers les champs et sur les doux reliefs de cette plaine vallonnée. On flotte bientôt à 1 000 mètres d’altitude dans un paisible tête-à-tête avec les cimes enneigées de l’Atlas. Et ce n’est qu’un début.

Derrière ces montagnes se trouvent d’autres destinations accessibles aux plus aventureux. Maurice Otin entraîne ses passagers pour un circuit d’une semaine, alternant 4 x 4 et montgolfière au c£ur du Grand Sud marocain. Première étape, le village d’Aït Benhaddou, perché sur une colline non loin de Ouarzazate. Classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, ce ksar qui servit de décor aux films  » Gladiator  » (2000) et  » Lawrence d’Arabie  » (1962) est entouré de remparts percés par une porte monumentale. Son survol à basse altitude offre une vision unique sur le labyrinthe des ruelles et les hautes maisons flanquées de tours carrées. Sous les youyous, la nacelle frôle les arrière-cours où les femmes s’activent à la préparation du déjeuner. L’inévitable thé à la menthe sera servi à l’atterrissage, accompagné de quelques beignets trempés dans l’huile d’olive.

Repue, l’équipe reprend les airs et rejoint la région de Zagora, dont le survol offre un véritable cours de géologie grandeur nature. D’un côté, la hamada, grand désert de pierre. De l’autre, la vallée de la rivière Draa, ruban multicolore serpentant entre les villages berbères et les casbahs aux maisons de brique et de paille. La fertilité des oasis plantées de citronniers et d’amandiers répond à l’aridité rocailleuse des rives escarpées bordant l’oued.

Après un bivouac dans les dunes voisines de Benizouli, l’expédition se dirige en 4 x 4 vers Oumjrane pour la rencontre avec le  » vrai » désert. Ce village d’une centaine d’habitants, isolé près de la frontière algérienne, domine un océan de dunes. C’est le lieu idéal pour s’envoler vers la lumière dorée qui inonde l’étendue sablonneuse, à perte de vue. On se sent seul au monde, à l’orée du Sahara, rien ne trouble la pureté du paysage.

La montgolfière se posera une dernière fois, en douceur lors d’un  » kiss landing « . Il faut bien revenir sur terre et clore ce périple de 1 500 kilomètres avec la découverte de Merzouga, où l’on admirera un ultime lever de soleil sur les dunes.

égypte

Le cours du Nil au petit jour

Pour découvrir la vallée de Louxor loin des sentiers battus, il faut prendre de la hauteur. La montgolfière décolle de la rive ouest du Nil, où se trouvent les tombes des pharaons, et survole paisiblement la vallée des Nobles et le temple de la reine Hatshepsout, surnommé  » le Sublime des sublimes  » dans l’Antiquité. Une occasion unique d’observer le dessin du  » fleuve-dieu  » serpentant au milieu du désert. Au loin, les montagnes sacrées désertiques prennent la forme de mystérieuses pyramides. Organisés au petit matin, ces voyages aériens permettent d’échapper à la cohue touristique et à la forte chaleur.

Afrique australe

Safaris aériens

Le survol du delta de l’Okavango, au Botswana, est-il réservé à Nicolas Hulot sur son paramoteur ? Non. Des safaris en montgolfière sont organisés au départ de Stanley’s Camp, très confortable lodge. Le silence de l’aube ne sera troublé que par le ronflement des brûleurs et le grognement d’un gnou. A quelques centaines de kilomètres de là, le désert namibien offre également une faune étonnante. Suivant les courbes des dunes de Sossusvlei, la montgolfière vient effleurer le sable aux mille nuances d’ocre, troublant ainsi le repos des hôtes des lieux et narguant les autruches qui ne peuvent suivre l’ascension du ballon. A l’arrivée, bivouac au champagne !

états-Unis

En terre indienne

A défaut de pouvoir se lancer dans de fantastiques chevauchées au c£ur du plus célèbre décor naturel du cinéma hollywoodien û les balades à cheval sont proscrites depuis 2002 û les amateurs de western peuvent désormais se consoler en effectuant un extraordinaire périple aérien au-dessus de Monument Valley. Accompagné d’un guide navajo, narrateur des histoires et légendes de la plus grande réserve indienne des Etats-Unis, vous embarquerez  » à la fraîche  » pour assister au lever du soleil. Croisant silencieusement à plus de 400 mètres de hauteur, la montgolfière viendra effleurer les sommets plats û les célèbres mesas û ou anguleux du Totem, des Trois S£urs ou des Danseurs, appellations navajos de ces immenses monolithes de grès ocre, témoins des bouleversements géologiques exceptionnels qui ont façonné la région depuis 70 millions d’années. Plongée mythique dans l’histoire de l’Amérique, ce voyage d’une heure offre un spectacle et un confort qu’aucune balade en Jeep ne permettrait d’atteindre. De retour sur terre, vous pourrez prolonger le rêve en vous glissant sous les sublimes arches et ponts naturels ou en passant la fin de matinée dans une famille indienne pour y découvrir l’art ancestral du tissage des Navajos.

Pérou

La vallée sacrée des Incas

Des massifs vertigineux de la cordillère aux hauts plateaux de la région de Cuzco, la capitale inca,  » nombril  » en quechua, la balade que propose Globos de los Andes suit le cours du rio Urubamba, au c£ur de la vallée sacrée des Incas. Décollant du petit village de Maras, les ballons multicolores offrent une vue extraordinaire sur les célèbres  » salinas « , ces bassins de sel en étages qui reflètent le bleu implacable du ciel, exploités depuis la période pré-inca. Naviguant entre pampas verdoyantes et sites archéologiques à ciel ouvert, les montgolfières offrent aussi un panorama incomparable sur les sommets andins enneigés. De quoi rêver et savourer le plaisir de contempler les plus hauts  » gratte-ciel  » incas.

Turquie

Escapade en Cappadoce

Survoler la Cappadoce en ballon, c’est embrasser d’un regard l’étrangeté géologique de cette région enclavée au c£ur de la steppe anatolienne. Des pitons rocheux s’élevant à plus de 30 mètres du sol, jusqu’aux vallées verdoyantes creusées par le ruissellement des eaux, le paysage labyrinthique de la Cappadoce se prête à merveille au parcours forcément aléatoire de la montgolfière. Traçant son sillage au hasard des vents, la nacelle vous fera peut-être survoler les églises rupestres de Göreme, qui recèlent des trésors de la chrétienté d’Orient. A moins qu’un courant d’air ne vous oriente vers le piton rocheux d’Uçhisar ou vers les petites vallées inaccessibles, ornées des célèbres cheminées de fée, ces étranges colonnes coiffées d’élégants chapeaux de basalte, censés protéger les  » magiciennes  » d’une inéluctable érosion. Sculptée tant par l’ardeur des éléments que par la main de l’homme, cette contrée secrète et mystique offre le spectacle d’une nature en mouvement permanent. Après plus d’une heure de vol, votre barque d’osier entamera sa descente, rasant la cime des arbres en vous permettant, au passage, de glaner quelques abricots. Avant de retrouver la terre ferme et de plonger à la découverte de la Cappadoce  » version souterraine  » et ses dizaines de villages creusés dans la roche que le parcours aérien ne vous aura que partiellement dévoilés.

France

La chaîne des Puys, en Auvergne

Pas besoin d’aller au bout du monde pour se donner le grand frisson. Hiver comme été, lors d’un week-end au c£ur de la France, on peut tutoyer les sommets de la chaîne des Puys, paisiblement assoupie dans la verdure. Pas besoin non plus de 80 jours pour faire le tour des 80 volcans alignés sur une trentaine de kilomètres. Une heure de vol suffit, au lever ou au coucher du soleil. Temps fort de l’aérostation auvergnate : le survol du massif de Sancy et de ses trois sommets qui dominent la région à plus de 1 800 mètres. On contemplera l’ombre du ballon se reflétant dans les lacs de cratère ainsi que les glaciers ayant façonné au cours des millénaires les cirques de la région. On peut également bivouaquer une nuit dans le parc des Volcans d’Auvergne avant de prendre son envol au-dessus de la chaîne endormie. Pour les moins courageux, des formules proposent aussi un séjour en chambre d’hôte.

La vue de châteaux en val de Loire

Un temps propriétaire du château de Chenonceau, Diane de Poitiers n’eut pas le loisir de contempler  » du ciel  » le pont à cinq arches qu’elle fit construire sur le Cher. Aujourd’hui, ce privilège est à la portée de tous. Au départ du château des Dames, à l’aube ou au crépuscule, la nacelle emporte ses hôtes le long de la vallée de la Loire, serpentant paisiblement entre châteaux, vignobles et forêts. Au détour d’un nuage, la Loire dévoile ses îlots sablonneux indomptés. L’habile aérostier fait alors plonger la nacelle pour venir caresser la surface de l’eau. Avant de venir se poser là où les courants l’ont emporté, dans un silence irréel, tout juste brisé par le chuintement du brûleur.

Textes : Catherine Robin et Julien Blanc-Gras

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