Le téléchargement gratuit de musiques ou de films sur le Net ne rime pas nécessairement avec l’illégalité. La preuve avec ces nouvelles parades qui n’ont rien de pirate.

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même », de Jean-Pierre Hautier, sur La Première (RTBF radio).

Le mimétisme était prévisible. Un an après la décision de l’industrie américaine du disque de lancer des poursuites judiciaires contre les pirates qui téléchargent illégalement de la musique sur Internet, la MPAA (Motion Picture Association of America) a emboîté le pas côté cinéma. Concrètement, cela signifie que des particuliers seront désormais poursuivis pour avoir échangé des films sur le Web sans aucune autorisation préalable. Tremblez, internautes ! Vous pouvez être condamnés, en théorie, pour avoir simplement téléchargé et envoyé à un ami une chanson ou un extrait de film sur le Net sans l’aval de son auteur. Dur, dur d’en accepter l’idée alors que cette pratique est courante depuis quelques années déjà. Avec la chute du prix des ordinateurs et, surtout, la prolifération d’adresses Internet offrant une multitude de fichiers musicaux disponibles gratuitement (et souvent même des albums complets avant leur sortie officielle sur le marché !), le citoyen s’était en effet habitué à cette notion de générosité généralisée, au point de ne même plus s’interroger sur l’illégalité d’une telle pratique. Fraudeur malgré lui, le voici aujourd’hui obligé de faire marche arrière, sous peine de poursuites judiciaires probablement disproportionnées. La faute aux industries du disque et du film dépassées par l’ampleur du phénomène ? Bien sûr, mais au-delà de leur angoisse commerciale, il convient toutefois de reconnaître, à la base, le principe même du droit d’auteur. A partir de là, il suffit ensuite de respecter simplement cette notion essentielle pour ne pas perdre les bonnes vieilles habitudes de gratuité et résister ainsi aux menaces judiciaires sur le Net. Doucement, l’air du temps est donc en train de passer du téléchargement illégal au téléchargement légal, que l’artiste soit mort ou vivant. Premier cas de figure : de la même façon qu’une £uvre musicale ou littéraire tombe dans le domaine public après quelques décennies, un film finit, lui aussi, par ne plus appartenir à son auteur ou à ses héritiers. Sur la base de ce constat, des petits malins ont donc réuni des £uvres anciennes sur leur site pour les offrir aux internautes du monde entier en toute légalité. Par exemple, sur www.archive.org, ce sont plus de 300 vieux films qui sont téléchargeables sans le moindre risque de poursuite judiciaire. De même, sur www.ebooksgratuits.com ou encore http://gallica.bnf.fr, ce sont des milliers d’ouvrages (illustrés ou non) de vieux auteurs disparus (Colette, Jules Verne, Alexandre Dumas,…) qui sont gracieusement mis à la disposition des internautes. Et les £uvres récentes, me direz-vous ? C’est le deuxième cas de figure et, là aussi, la résistance s’organise puisque certains auteurs vivants donnent carrément l’autorisation de télécharger gratuitement certains de leurs livres, de leurs musiques ou de leurs films, histoire d’inviter les internautes à s’intéresser ensuite (et cette fois contre paiement) à l’ensemble de leur travail. Ainsi, sur http://fr.peoplesound.com et sur www.cine-courts.com, il est possible de télécharger respectivement des chansons et des courts-métrages sans bourse délier. Même logique sur http://bt.etree.org où l’on peut trouver plus de 600 enregistrements de concerts gratuits avec la bénédiction de l’artiste. Bref, après avoir allègrement pillé û et souvent contre leur gré û le patrimoine des auteurs sur le Web, les internautes ont désormais des armes pour modifier leur comportement en la matière et devenir, en définitive, de gentils petits pirates. A l’abordage !

Frédéric Brébant

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