Amoureux du patrimoine, l’architecte Patrick Bribosia a choisi d’habiter de façon contemporaine dans une ancienne tannerie de Huy, sa ville natale. Une cohabitation harmonieuse s’est ainsi installée entre passé et présent.

Carnet d’adresses en page 131.

« J’ai découvert cet endroit en participant à un plan d’aménagement du quartier, confie l’architecte Patrick Bribosia. On avait en effet mis au jour, ici sous le château de Huy, les traces de fondations d’habitations et de petites ruelles datant des xiiie et xive siècles, voire antérieures. Et nous avons été plusieurs à proposer qu’on intègre ce passé dans un espace public d’aujourd’hui.  » Enclavé à l’intérieur d’un îlot, la future demeure de Patrick Bribosia est alors l’entrepôt d’un magasin.  » Les personnes âgées l’appelaient la tannerie. Mais rien ne pouvait plus laisser présumer de cette activité. Sauf peut-être le fait que le Hoyoux passe sous la maison, la traversant de part en part, à la perpendiculaire. Il faut savoir que cette rivière et sa force motrice ont été la source d’une bonne part de la richesse industrielle de Huy, des tanneries à la sidérurgie.  »

Il ne faudra pas longtemps à l’architecte pour obtenir des certitudes. En supprimant une dalle de béton peu esthétique en comparaison des grandes dalles de pierre bleue du rez-de-chaussée, il découvre les trois grands bacs à tannins qui ornent aujourd’hui admirablement le grand hall d’entrée.

 » Ma démarche est toujours la même, martèle Patrick Bribosia. Je veux respecter le passé et lui laisser le temps de nous communiquer ce qu’il a à dire. Ensuite, il faut sauver tout ce qui peut l’être. C’est pour cela que la cloison vitrée qui marque la séparation entre l’espace professionnel et la partie privée s’insère dans le plan d’un très beau jeu de poutres. Si la partie délimitée ainsi û la cuisine et la salle à manger û est surélevée et dotée d’un plancher en bois, c’est tout simplement parce que les pierres bleues avaient été beaucoup trop abîmées. Et puis, cela permet de créer une isolation contre le froid qui monte du sol.  »

Il arrive aussi à Patrick Bribosia de conserver des éléments qui ne sont plus nécessaires. Le plancher de l’étage et sa structure porteuse devaient être démolis. Il a cependant conservé cinq longues solives. Elles ne supportent plus rien, l’étage a été ancré autrement. Mais elles sont toujours là, peintes en doré, comme si l’architecte avait voulu attirer le regard des visiteurs sur elles. Sous les toits, en revanche, la structure porteuse était encore bonne, mais le plancher abîmé en partie. Il a été récupéré, posé en sous-toiture (après la couche isolante en laine de roche) et peint à la chaux. Un nouveau plancher a été placé.

Les volumes étant très vastes au regard des besoins d’une famille moyenne, Patrick Bribosia leur a trouvé une autre destination.  » Géraldine, ma compagne est peintre, explique l’architecte. Il nous arrive donc d’organiser ici des expositions et d’offrir l’espace disponible à d’autres artistes… dont les £uvres finissent par faire partie intégrante de la maison. Les tables de nuit de la chambre et le service à café sont de Fabienne Withofs. Le lustre elliptique de la grande pièce a été réalisé par ma s£ur Isabelle.  » C’est aussi Géraldine qui a opéré le choix des couleurs : le mauve habille la cuisine et l’orange la salle à manger. Pour le plus grand bonheur de la tribu Bribosia.

Texte et photos :

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