Au départ, il y avait un espace à l’architecture un peu compliquée. A l’arrivée, c’est un penthouse accueillant où ouvres d’art et musts du design vibrent à l’unisson de couleurs vives. Le bonus ? Dans ce coin excentré de Bruxelles, règnent lumière, verdure et calme.

Il y a cinq ans, quand la propriétaire de ce superbe appartement s’installe à Bruxelles, elle élit provisoirement domicile aux abords des étangs d’Ixelles. Commence alors la longue et patiente recherche de l’appartement de ses rêvesà qui doit réunir quatre conditions : une surface de 200 m2, de la lumière à profusion, un écrin de verdure et un parking. La situation géographique ? De préférence, dans le centre-ville ou dans les environs de la place Flagey, un quartier en pleine effervescence culturelle et artistique, mixte et vivant. Au bout de trois années, de guerre lasse, mais pour son grand bonheur, notre hôtesse se laisse séduire par ce duplex-penthouse haut perché, situé dans un coin excentré, résidentiel età très calme.

La surface atteint bien les 200 m2, il y a de la végétation, un parking et la lumière est fabuleuse. Le premier niveau, relativement petit, était probablement destiné à un studio. Le hall d’entrée donne le ton et indique l’inclination de la maîtresse des lieux pour la couleur rouge. Il jouxte le bureau et une chambre d’amis. Le second niveau, l’espace principal, ajouté plus tard, a été construit autour de deux grandes colonnes techniques. Une configuration un peu perturbante à première vue, mais les colonnes structurent bien l’espace et lui apportent du charme.

Acquis dans un bon état général, le duplex a toutefois nécessité quelques ajustements effectués par le designer d’intérieur Michel Penneman. La transformation la plus importante touche à la cuisine. Auparavant, elle était isolée dans une  » boîte  » fermée et baignait dans une ambiance bleu marine ; ce qui renforçait encore la sensation d’isolement. Une grande ouverture dans le mur a permis d’établir une bonne communication avec la salle à manger et d’alléger l’espace. Le nouveau mobilier, en stratifié blanc, est solide, fonctionnel et peu onéreux.  » J’ai une société d’images de synthèse, intervient Michel Penneman. Nous avons imaginé plusieurs versions avec différents emplacements pour l’évier, le plan de travail et la table de cuisson. C’est une bonne façon de visualiser le futur projet et ne pas avoir de surprises. « 

La salle à manger, elle, fait honneur aux valeurs sûres du design de la seconde moitié du xxe siècle : la table ovale d’Eero Saarinen, les chaises de Maarten Van Severen et le lampadaire Arco des frères Castiglioni. Une très belle photo de la photographe-vidéaste Isabelle Boccon-Gibod attire le regard. Le lever de soleil photographié à travers la vitre embuée d’un paquebot plonge la salle à manger dans une ambiance optimiste et paisible.

A l’entrée, un garde-corps léger et transparent a fait place à l’ancien exemplaire en maçonnerie. Juste à côté, on est interpellé par l’£uvre un peu coquine de Pauline Cornu, artiste montoise de 28 ans. Réalisée in situ, elle valorise admirablement la colonne technique. Il faut se glisser à l’intérieur du jupon pour contempler les jambes féminines finement dessinées. Des fils roses relient le jupon à une silhouette esquissée sur le mur de la colonne. Ce coin très arty accueille aussi deux photos en noir et blanc de Barbara et Michael Leisgen, artistes allemands, accrochées au dessus d’un buffet italien minimaliste.

L’imposante colonne  » cheminée  » a un peu compliqué l’aménagement du salon, mais la propriétaire a réussi à y créer deux espaces intimes et chaleureux. Le spectaculaire fauteuil Ribbon de Pierre Paulin – en version orange – voisine avec des canapés plus sobres, profonds et confortables, à l’esthétique intemporelle. Ils viennent de chez Daniel Perahia. La pièce communique avec une immense terrasse où azalées, rhododendrons, bambous, buis et lierre forment un feuillage compact, même en hiver.

Dans la zone  » nuit « , la moquette a fait place à un plancher en chêne huilé pour faire le lien avec l’espace  » jour « . La blancheur immaculée de la chambre constitue une excellente toile de fond pour mettre en valeur des £uvres d’art et des objets design, comme le K-bench orange de Charles Kaisin. Juste au-dessus, la sculpture aérienne de Lionel Estève, est réalisée avec des cordes de guitare colorées. D’une délicatesse extrême, elle se meut au moindre souffle, invite l’esprit au vagabondage et à la rêverie. Par manque de place, la photo du Belge Charley Case a été provisoirement déposée contre le mur. En effet, le sujet, un enfant flottant dans l’eau, invite à la coucher par terre.

La table à thé d’Eileen Gray a été subtilement détournée par la maîtresse des lieux en coiffeuse. Le point fort du lit italien acheté lui aussi chez Daniel Perahia ? La tête est réalisée avec des rubans élastiques tissés et est d’un confort inouï lorsqu’on s’y adosse pour lire. Tiens, deux boîtes de déménagement superposées qui servent de table de nuit ?  » Oui, confirme la propriétaire. C’est un clin d’£il. Un proverbe chinois dit : « Quand une maison est finie, c’est la mort qui entre. Il faut toujours garder quelque chose d’inachevé ». »

La salle de bains principale a conservé le style imprimé par le propriétaire précédent. Le classicisme et l’élégance du marbre gris et de la mosaïque assortie sont toujours d’actualité. En revanche, Michel Penneman a repensé la douche pour la rendre plus moderne, plus ergonomique et plus confortable. En découvrant ce bel endroit, une chose frappe le visiteur : une harmonie rare entre l’art, le design et le mobilier. Une déco pour vivre et se ressourcer :  » L’art, conclut la propriétaire, c’est ce qui permet de croire que l’homme est bon, malgré tout. « 

Par Barbara Witkowska / Photos : Renaud Callebaut

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