Les dessous n’ont jamais été aussi coquins. Les nouvelles boutiques de lingerie s’inspirent des boudoirs… et réveillent l’érotisme pour des ambiances sex-shop de luxe.

A lors que la mode vestimentaire redevient sage, les sous-vêtements, eux, n’ont jamais été aussi coquins. En témoigne la multiplication de ces nouveaux sex-shops de luxe pour femmes qui essaiment dans toutes les capitales européennes. A Paris, Chantal Thomass vient d’ouvrir sa boutique rue Saint-Honoré dans l’esprit boudoir. Dans cet espace rose bonbon dont la décoration est signée Christian Ghion, la créatrice dévoile sur deux étages ses dessous chics. Des sous-vêtements affriolants qui empruntent à l’univers du french cancan. Féminité, frivolité, espièglerie sont les maîtres mots de cette nouvelle vague du sous-vêtement de luxe. Alcôves, murs capitonnés en Corian, comptoir en Dacryl rose exposent une lingerie des plus affriolantes. En plus des bas et des collants, dix nouvelles lignes déclinent guêpières, parures, corsets, porte-jarretelles et lingerie de nuit. Pointé aussi dans la collection automne-hiver : le n£ud en satin qui ferme un soutien-gorge. Pour les fêtes, la gamme satin Trompe-l’£il propose un slip échancré caché par une couche opaque de satin rose. Sans oublier les flacons du parfum de la créatrice habillés, eux aussi, d’une jarretière froufroutante. Ou encore ces savonnettes en forme de corsets. Quelques pièces sont proposées en exclusivité : des déshabillés sur commande, de vrais corsets, des  » trucs en plume  » pour se réchauffer ou pour sortir. L’ambiance boudoir se poursuit jusqu’aux cabines d’essayage tendues de moire parme capitonnée avec cintres en satin ornés de petits boutons pour retenir les bretelles de lingerie fine. Le ton est aux meubles anciens mêlés de meubles modernes, comme cette commode Louis XV revisitée tout en transparence dans un camaïeu de rose. Sans oublier des éléments chargés d’histoire et réactualisés, avec brio : cristal de Venise, lustres, appliques, tapis.

Dans le Ier arrondissement à Paris, la créatrice parisienne Fifi Chachnil, s’impose, elle aussi, plus que jamais dans la tendance avec ses corsets volantés, ses combinettes à jarretelles, ses ensembles en dentelles et nylon et ses peignoirs de charmeuse transparents. Toute une gamme coquine complétée par un parfum, d’inspiration boudoir.

Plus au Sud, passé les Pyrénées, univers tout de luxueuse luxure pour le magasin barcelonais justement baptisé Le Boudoir. A deux pas des ramblas, dans un joli espace décoré dans l’esprit baroque, on cultive le  » goût pour les objets de plaisir « . Aux côtés d’une lingerie fine et discrètement coquine, la boutique offre une large palette d’objets de plaisir comme des tangas comestibles, des lignes de cosmétiques baptisées fantaisie (fantaisie à 2, fantaisie orientale, fantaisie frivole, fantaisie romantique), des articles érotiques (masques vénitiens, préservatifs parfumés), des jeux, des livres érotiques, des compilations de sex lounge qui incitent à l’amour, des bijoux de peau… Le tout mis en scène dans un habillage très xviiie siècle avec une causeuse installée dans le coin librairie du magasin et un beau lustre en cristal qui trône au-dessus de la caisse.

Le boudoir qui, au xviiie siècle, désigne  » la pièce où l’on avait coutume de se retirer pour bouder « , a traversé aussi la Manche pour faire un come-back remarqué chez les Britanniques. Ainsi, dans le quartier de Carnaby Street, la boutique de vêtements Harriet’s Muse s’est métamorphosée en  » une chambre-boudoir des plus désirables « . A quelques pas, La Bête Femme n’a pas fait l’économie du canapé causeuse pour proposer ses produits de luxe pour femmes : lingerie glamour ou encore rouges à lèvres vendus dans des tubes à cigares roses. La boutique boudoir s’est répandue jusqu’à Covent Garden avec Coco de Mer dont les rayons débordent de lingerie et articles érotiques.

Plus besoin, cependant, d’aller aussi loin pour dénicher des adresses froufroutantes. Il suffit de déambuler à Bruxelles. Ainsi, dans le bas de la ville, rue du Marché au Charbon, Lady Paname, inauguré il y a moins d’un an, s’affiche comme un sex-shop de luxe pour femmes. On y trouve de la lingerie affriolante griffée Carine Gilson, Shirley of Hollywood, Cor, Yoba, Arianne, Eva Racheline, des guêpières, mais aussi des dessous dans des grandes tailles, des modèles  » smoking « , des tops asymétriques, des sacs en plume, des produits de soin pour le corps (poudres, crèmes et huiles de massage) comestibles, des bijoux de peau signés Inès de Castilho, des ceintures, des menottes, des films pornographiques, des livres érotiques écrits de la plume de Colette ou de Henry Miller. Dans ce lieu qui se veut ultra-intime, on exalte l’érotisme féminin sans vulgarité. L’habillage du magasin est raffiné et le conseil avisé. On veut décomplexer la femme et lui permettre d’acheter son vibromasseur ou son string de l’Agent provocateur avec décontraction. Surfant sur la même vague, Eva Luna, une toute nouvelle boutique, vient d’ouvrir ses portes rue du Bailli. Ce love-shop, niché à l’étage, légèrement en retrait de la rue, occupe un trois-pièces modulable tendu de grands rideaux roses mouvants. Charlotte et Marie, les deux sexologues à l’origine du projet, inspiré des love-shops québécois, invitent, avec gourmandise, à goûter aux trois atmosphères : bien-être et beauté en façade, lingerie fine, corsets et guêpières signés Chantal Thomass, Arianne, Eva Racheline, Folies by Renaud et Revanche de la femme au c£ur du magasin ; articles carrément érotiques, enfin, côté jardin. C’est là que se cachent le fameux Rabbit, le vibromasseur rendu célèbre par les quatre copines de la série new-yorkaise  » Sex and The City « , des boules de geisha, des lubrifiants dans un packaging ultra-sophistiqué. Ici, aux concepts de sex-shop de luxe ou de porno chic, on préfère celui, plus doux, de love-shop,  » qui remet la sexualité dans un cadre d’amour « .

Les marques de sous-vêtements aussi

Les boutiques ne sont pas seules à exhiber la mode cocotte du xviiie siècle. Les marques de sous-vêtements ont craqué aussi. En plus de ses leçons de séduction qui invitent à apprivoiser l’homme sans le brusquer, Aubade a lancé une ligne  » Liaisons dangereuses  » toute ornée de dentelles et de n£uds avec balconnets, shorts et jupettes, qui invite à la séduction, en mixant instruments de séduction et fausse pudeur. Le galon panthère donne du piment à l’imprimé Liberty. Le jeu de matières est souligné d’une très fine dentelle. La ligne Cristal, elle, s’imprègne de l’esprit boudoir avec une dentelle Nacre et Champagne mariée à un imprimé crème et vanille. Dans la ligne Elixir, la dentelle allie le violet et le jaune et s’habille d’un tulle en nuances de parme. La ligne Sweety mélange, quant à elle, le rose et le rouge carmin pour évoquer la gourmandise et sublimer l’érotisme des formes. Le roman épistolaire de Choderlos de Laclos a aussi inspiré la ligne de collants Falke : l’ensemble, baptisé  » Liaisons dangereuses « , se distingue par un bas et un porte-jarretelles assorti disponibles en rouge ardent ou en noir élégant. La Perla va plus loin encore en donnant la vedette aux porte-jarretelles, aux broomers en voile de polyester et aux culottes volantées au dos.

La tendance boudoir est si forte que les marques plus grand public ont aussi suivi comme Dim qui propose des caracos et des slips en tulle Stretch. Et même, pour les fêtes, des Pockets sexy qui associent un string rouge et noir ou rose à un haut rouge vif (le dépareillage est très tendance en lingerie) avec une version dentelle. Wonderbra imagine un ensemble Moulin-Rouge avec des plumes rouges et violettes qui se détachent sur fond noir. Le rebord des bonnets est orné d’un fin liseré de tulle et les côtés du slip de deux petits rubans. Jeu de laçages et de velours aussi pour les dessous signés Marie-Jo.

Etam a, de son côté, bien compris le message en déclinant à la fois une ligne coquette et une ligne précieuse. Elle accueille également, en exclusivité, des ensembles (slip ou string et soutien-gorge fermés par des n£uds) et bodies en blanc, orange et marron, signés par la créatrice belge Véronique Leroy. Autre gamme affichée par Etam, les sous-vêtements en impression toile de Jouy. La parure parfaite pour se donner des allures de marquise !

Agnès Trémoulet

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