L’inspecteur Hieronymus Bosch, surnom Harry, nous revient avec une enquête sur un tueur d’enfant, innocenté vingt ans plus tard par son ADN. Un thriller frissonnant dont l’écrivain américain a le secret et qui nous mène encore une fois au cour de nos peurs.

KERENN ELKAÏM

Que vouliez-vous devenir enfant ?

Je voulais bâtir des maisons, comme mon père, et passer ma vie sur les chantiers. Pour poursuivre l’entreprise familiale, j’ai entamé des études d’ingénieur, mais la lecture de Raymond Chandler m’a donné envie de devenir écrivain. Mes parents m’ont heureusement soutenu.

Vous étiez passionné par la lecture ?

Oui, ce virus me vient de ma mère. J’ai grandi dans l’atmosphère étouffante de la Floride. Mon refuge : la bibliothèque, où il y avait l’air conditionné. J’adorais déjà les histoires de crime.

Pourquoi  » l’écriture est une bataille  » ?

La création ne vient pas facilement, d’autant qu’elle naît d’un sentiment d’urgence. Il faut parfois lutter pour gravir une montagne et parvenir à la fluidité. Telle est la part de magie et de mystère…

Vos rituels d’écriture ?

Enfermé chez moi, je ferme les rideaux. J’ignore alors si c’est le jour ou la nuit. Je m’installe sur une chaise et non à un bureau. Ma famille a toutefois le droit de frapper à la porte.

Vos sources d’inspiration ?

Tout est ancré dans le réel. Mes réflexes de journaliste me poussent à rencontrer des enquêteurs et des avocats qui m’aident à donner une étoffe authentique à mes héros.

Qu’aimez-vous dans le polar ?

Ce genre littéraire me convient car il peut s’ouvrir à tous les sujets. Actuellement, je travaille à un roman sur le 20e anniversaire des émeutes de Los Angeles. Ainsi, je questionne l’évolution de la société.

Est-ce une façon d’explorer ses  » côtés sombres  » ?

Certainement. Mes romans suivent des héros qui doivent plonger dans cette noirceur, sans qu’elle les atteigne ou les blesse en profondeur. Aussi sont-ils nobles.

Votre héros, Harry Bosch, est-il un clin d’£il au peintre ?

Oui. Alors que Michel-Ange célébrait le monde, Bosch en avait une vision sombre. J’ai emprunté son nom pour évoluer dans le chaos. Chacun de mes romans restaure une part d’ordre… À force de vivre dans la peau de mon héros, depuis vingt ans, il y a des ressemblances. Ce compagnon de vie m’aide à affronter mes peurs.

Votre plus grande crainte ?

Je suis devenu père sur le tard. Comme ma fille a 15 ans, j’ai peur de ne pas être là une grande partie de sa vie. Que restera-t-il de moi ? Quel monde est-ce que je lui laisse ? Comme le suggèrent mes romans, on doit apprendre à vivre avec ses pertes. Il faut parfois traverser un tunnel pour trouver la lumière.

De quoi vous sentez-vous coupable ?

De mon succès qui est surtout dû à la chance.

La justice, c’est…

L’honnêteté de croire en quelque chose et de pouvoir tout construire sur ses convictions.

KERENN ELKAÏM

Volte-face, par Michael Connelly, Calmann-Lévy, 435 pages.

CHACUN DE MES ROMANS RESTAURE UNE PART D’ORDRE.

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