A Paris, les jeunes créateurs ne défilent pas – trop cher – mais présentent leur collection en showroom ou dans les salons spécialisés. Weekend les a rencontrés. Tableau non exhaustif de nos coups de cour belges.

Le coin des Bruxellois

Rendez-vous Femme,  » Contemporary fashion scene « , un salon qui réunit une sélection pointue de 160 jeunes créateurs. Dans l’espace blanc du musée du Jeu de Paume, les jeunes créateurs se sont installés dans leur stand – deux portants, trois étagères et leur histoire qu’ils prennent le temps de raconter à qui veut bien les écouter et, peut-être, commander leur collection de l’été prochain. Les Belges qui attendent l’acheteur potentiel ne feraient pas rougir leurs aînés qui défilent à Paris. Il y a là Atelier 11 (1.), baptisé  » studio for contemporary jewelry  » et ses bijoux très mâle ou très femme, appelés  » Secret Geometry  » pour la saison, avec clichés détournés, touches de couleur et sens du non-sens joliment travaillés à la cire perdue. Il y a aussi les créateurs bruxellois réunis sous la houlette de Modo Bruxellæ, labellisés 101 % Brussels Fashion : Annemie Verbeke, Christophe Coppens, Les Précieuses de Pili Collado (3.), Eric Beauduin, Sandrina Fasoli (2.), auxquels se sont ralliés Le Fabuleux Marcel de Bruxelles, Christa Reniers et Isabelle Baines. Que du beau monde. Linda Van Waesberge, chargée de la communication et des projets Modo Bruxellæ, veille sur ce petit monde avec talent, elle souligne la différence :  » On offre une créativité sans être old-fashioned ou tendance. Sandrina Fasoli, par exemple, a trouvé son style, il n’y en a pas trente-six mille comme ça dans le monde ! « 

Accessoires classe

Le salon Première Classe, sous tente dans le Jardin des Tuileries, où plus de 318 marques d’accessoires  » triées sur le volet  » présentent leurs collections printemps-été 2009. Sur 5000 m2 de surface brute. Des exposants venus d’Europe, mais aussi du Japon ou des Etats-Unis, des accessoires – bijoux, sacs, chaussures, chapeaux et puis le reste, gants, parapluies, ceintures, foulards, lunettes. Il faut de tout pour faire une silhouette. Les acheteurs se pressent, ici pas de show, on regarde, on touche, on aime ou pas, on passe commande.

Le coin des Anversois

Dans la galerie Baudouin Lebon, rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie, Paris IVe, le Flanders Fashion Institute présente une poignée de jeunes créateurs flamands. Coup de c£ur pour la collection Femme de Demna Gvasalia (1.), formé à l’Académie royale d’Anvers en 2006, des silhouettes inspirées sans détour par Charles Worth et une vision très haute couture d’une mode qui sait ce que l’élégance veut dire. Autre vibration artérielle : les chaussures Elsa (4.), dessinées par Els Proost qui fit ses armes chez Martin Margiela et Dries Van Noten, avant de se lancer toute seule dans ces collections pour Homme et Femme qui remettent l’artisanat à l’honneur. Le travail du cuir est confondant, et tout le reste à l’avenant.

Le Tibet de Jessie Lecomte

A une enjambée du Musée Picasso, Paris IIIe, dans une toute petite galerie d’art, vide pour l’occasion, Jessie Lecomte (3.) présente douze silhouettes, c’est un choix – se concentrer sur  » les pièces les plus fortes « . La jeune créatrice – sortie de l’Académie royale d’Anvers et passée par Natan et Xandres – a le sens du détail. Sa troisième collection prend sa source au Tibet. Rien de politique, juste l’envie de travailler de manière artisanale des pièces très élégantes, avec touche de fluo drôlement dynamique, joliment ethnique. C’est sophistiqué, recherché. New York lui fait les yeux doux, Maria Luisa aussi. Jessie Lecomte sait qu’elle ne vendra pas des  » masses « , c’est sa façon à elle de se démarquer, l’artisanat ne souffre pas la production en chaîne. Le haut de gamme lui va bien. Jessie sourit timidement, elle fait le v£u de  » mettre un peu la route de la vie dans ses vêtements « . Elle n’en est encore qu’à sa troisième collection, elle a le temps.

Le cuir de Natalia Brilli

Pousser la porte de Natalia Brilli, rue Vieille du Temple, Paris, IIIe. Une courette, à gauche, un ex-local à poubelles repeint de blanc pour y nicher les collections Homme et à droite, une autre pièce, avec verrière très atelier d’artiste. Deux acheteuses asiatiques se pâment devant la collection Femme. Tant de finesse pour tant d’accessoires désirables. Cette saison, assorties au cuir, voici les plumes – c’est beau. Et fort. Autant que le futur projet de Natalia, invitée du Studio Delvaux, qui nous prépare quelque chose de très Delvaux et de très Brilli en même temps, à découvrir en 2009. Autant que la vitrine de Maria Luisa où, le temps de la Fashion week parisienne (2.), trône l’incroyable installation de Natalia Brilli : un band gainé de cuir – trois squelettes bien dans leur peau, avec leur instrument respectif, une batterie, une guitare et un micro cuirassé de même. Tout ce petit monde silencieux part en tournée mondiale avec arrêt dans le désordre à New York, chez Barneys, à  » Art Basel Miami « , Copenhague, Vienne, Hong Kong et même Bruxelles, dans la vitrine de Natan XIII (jusqu’au 2 novembre prochain). La boucle est bouclée.

Anne-Françoise Moyson

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