Douceur de vivre sur fond de déserts, de montagnes escarpées, d’oasis luxuriantes et de plages paradisiaques… Cap sur  » L’Arabie heureuse « , cet Orient aux mille et une séductions.

Un soleil de plomb. 6 heures du matin sur le port de Matrah, petite bourgade implantée près de Mascate, la capitale du sultanat d’Oman, le thermomètre affiche 35 °C. Seul domine le souffle chaud et enveloppant du désert. Et pourtant, la mer est là. D’un bleu scintillant, elle est paisible et fascinante. De nombreuses maisons blanches à balcons et moucharabiehs, jalonnant la baie au pied des montagnes ciselées, s’y reflètent. A peine levé, la soif nous taraude. Paré de sa dishdasha (tunique traditionnelle) et de son kumma (toque brodée), notre guide Marhoon nous apporte, amusé, deux thés aromatisés. En prévision sans doute des 50 °C attendus cet après-midi…

De part et d’autre de la rade, l’effervescence est à son comble. Et pour cause : le marché aux poissons vient d’ouvrir ses portes. Des barques accostent sur les pontons en bois. Des brouettes font le va-et-vient. Et partout, des pêcheurs aux visages burinés, déchargeant, à même le sol, leurs prises encore frémissantes. Thon, espadon, kingfish, mérou, hareng, sardine, langouste, requin… Les acheteurs, attroupés et impatients, attendent l’heure de la criée. La vente se fera au plus offrant.

Des scènes comme celle-ci, le  » Sultanat de la mer  » en joue à chaque plage, à chaque village de pêcheur. Il faut dire qu’ici, l’océan n’est jamais bien loin. Situé au sud-est de la péninsule arabique, le pays déploie ses côtes vierges et spectaculaires sur près de 1700 kilomètres ouverts sur le golfe d’Oman et la mer d’Arabie. Rien d’étonnant à ce qu’il ait été, pendant des siècles, à la croisée des plus grandes routes maritimes. Un £il tourné vers l’Orient ; un autre, vers l’Occident.

De cet illustre passé, le sultanat nourrit encore aujourd’hui ses plus belles légendes. Celles de Marco Polo, de la reine de Saba ou de Sindbad le marin. Mais, à Oman, les Contes des Mille et Une Nuits ne se cantonnent pas à la seule littérature. Ils s’illustrent au quotidien, entre palais et mosquées féeriques, épices et parfum d’encens, khanjar et turbans à l’indienne, artisanat et courses de dromadaires, bédouins des sables et femmes voilées aux effluves sensuelles et poudrées. Bref, loin de l’exubérance de sa voisine Dubaï,  » L’Arabie heureuse  » dévoile sa douceur de vivre sur fond de déserts, de montagnes escarpées, d’oasis luxuriantes et de plages paradisiaques.

Mascate, la  » ville oasis « , concentre, à elle seule, tout l’esprit omanais. Un juste dosage entre tradition et modernité et un sens aigu de l’hospitalité doublé d’une ouverture permanente sur le monde. Aux autoroutes et constructions high-tech de la ville nouvelle répondent les maisons typiques du port de Matrah. Il faut chiner au souk local, suivre la corniche jusqu’au vieux Mascate et rattraper, enfin, les longues plages de sable fin investies par les palmiers.

Mais le joyau de la ville reste, sans conteste, la Grande Mosquée achevée au printemps 2001 sous l’impulsion du sultan Qabous, figure de proue du sultanat et gestionnaire avisé de la manne pétrolière. Dépourvu, il y a encore trente ans, de routes, d’électricité, d’écoles et d’hôpitaux, le pays n’a désormais plus rien à envier à ses cons£urs occidentales, déployant, jusque dans les coins les plus reculés, des infrastructures ultrapointues. C’est d’ailleurs à bord d’un 4×4 dernier cri que se poursuit la découverte de l’arrière-pays.

Première escale : la citadelle de Nakhal, l’un des joyaux défensifs (on en dénombre près de 500 sur le territoire), récemment restaurée et dont s’enorgueillit le sultanat depuis le xviie siècle. Perchée sur un éperon rocheux, la forteresse ressemble à un large bateau dominant la vallée tandis que s’étire, en amont, la chaîne du Djebel Akhdar. Les paysages se font ensuite plus chaotiques et minéraux. Le véhicule s’élance sur une piste accidentée au c£ur du Wadi Bani Awf. Tel un mirage, le long couloir d’escarpements dévoile bientôt de superbes palmeraies à la fraîcheur inespérée. Le thermomètre affiche 27 °C. L’occasion de faire une pause à l’ombre des palmiers dattiers et d’observer les troupeaux de chèvres crapahuter dans le sillage des bergers.

De vallées asséchées en versants escarpés, on atteint la ville de Nizwa ancienne capitale du pays, plantée au c£ur d’une oasis luxuriante et largement alimentée par le fajal Dariz (canal d’irrigation). Outre son fort monumental, la cité abrite l’un des plus anciens souks de la contrée. Malgré sa rénovation, il n’en conserve pas moins, par endroits, son charme et son authenticité d’antan. Comme en témoignent arcades, portes cloutées et vieilles échoppes. Mais c’est le vendredi matin, lors du marché et de la foire aux bestiaux, que Nizwa présente ses côtés les plus pittoresques et les plus animés. Un brouhaha où des milliers de visiteurs, venus de toute la région, négocient leur persil comme leur dromadaire, entre le beuglement des vaches et le bêlement des moutons…

Passés le village en terre de Birkat al Mawz et le superbe château de Jabrin, le massif du Djebel Akhdar laisse entrevoir ses paysages de rocs, de canyons et de pics aiguisés. Du plateau de Sayq culminant à 2 000 mètres d’altitude, le panorama est à couper le souffle. Les hameaux s’agrippent aux falaises et découvrent d’innombrables terrasses plantées de roses, de vignes et d’arbres fruitiers. Voilà sans doute pourquoi les habitants se plaisent à surnommer le site, les Montagnes vertes.

La route longe désormais de vastes plaines sauvages et caillouteuses.  » Attention dromadaire ! « , averti un panneau de signalisation. Preuve que le désert de Wahiba est proche. Quelques minutes plus tard, la Land Cruiser s’immisce au c£ur de la mer de sable. Entre dunes et larges vallées, l’erg laisse éclater son orange flamboyant, hypnotique. Parsemés, çà et là : des villages de bédouins ponctués de clôtures sommaires et de huttes de branchages.

Transition totale : le littoral et la ville de Sour, petite station balnéaire à l’atmosphère doucereuse. Face au subtil ballet de bateaux au large, on imagine les majestueux boutres en teck qui emportaient jadis d’Oman, soieries, porcelaine, pierres précieuses, laque de Chine, épices des Indes, ivoire d’Afrique et parfums du Golfe… Aujourd’hui, il n’en subsiste plus qu’une poignée, le plus souvent reconvertis en embarcations touristiques.

Sour constitue également le point de départ d’une route côtière aux paysages de toute beauté où se succèdent, tour à tour, de profonds wadis (oueds aux vallées verdoyantes) plantés de piscines naturelles aux reflets vert émeraude, et de longues plages de sable fin, vierges et immaculées. Là, juchés au sommet des falaises escarpées qui surplombent la mer d’Arabie, il nous semble retrouver cet Orient mythique que l’on croyait à jamais oublié.

Carnet de voyage en page 92.

Marion Tours

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