Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur la Première (RTBF radio).

F in juin. Fini le turbin. Pas de plans lointains. Ça craint. Faut-il se prendre la tête pour autant ? Non, car dans la grande soupe technologique mondiale qu’incarne la sphère Internet, certains altruistes idéalistes développent û Dieu merci û des projets hautement salvateurs pour les vacances (et plus si affinités). Prenez www.hospitalityclub.org par exemple. Grâce à cette association sans but lucratif, n’importe quel candidat au voyage peut espérer trouver le gîte et le couvert gratuits dans (presque) n’importe quel pays du monde. La mission de ce club de l’hospitalité est claire : créer un réseau international qui joue sur l’accueil et la solidarité afin de permettre à tout un chacun de voyager à moindre frais, certes, mais dans un but intrinsèquement noble. La preuve en toutes lettres sur le site :  » Si les voyageurs entrent en contact avec les habitants des régions qu’ils visitent et si les résidents ont la possibilité d’aller à la rencontre d’autres cultures, la compréhension mutuelle est meilleure et la paix sur la planète peut être renforcée.  » Un zeste utopiste, mais franchement louable. D’autant plus que l’inscription et les nuits passées chez les autres membres du réseau sont gratuites. A ce jour, l’Hospitality Club compte quelque 60 000 membres répartis dans 170 pays, dont presque 700 enthousiastes implantés en Belgique qui profitent déjà de cette belle opportunité nomade. Mais l’objectif à long terme est évidemment de gonfler les rangs pour multiplier les possibilités d’hébergement et pacifier û on peut rêver û la planète Terre. Derrière ces belles idées de cyber-entraide et de tourisme solidaire se profile toutefois une autre dimension dans cette approche inédite du monde du voyage : l’envie de prendre le temps pour se laisser guider au fil des rencontres. Nouveau ? Pas vraiment. Si l’on fait l’effort de revenir quelques siècles en arrière, on s’apercevra que cette notion d’hospitalité aléatoire était le fondement même de tout voyage à l’étranger. Aujourd’hui, on opère donc un retour aux sources avec une grosse louche de technologie en plus puisque l’itinéraire solidaire est minutieusement préparé grâce aux bienfaits de l’outil Internet. Cela dit, la notion de durée est toutefois revue à la hausse. Avec ce type de vacances, point de séjour-éclair ni d’horaires à respecter scrupuleusement : le candidat au voyage altruiste prend le temps, par définition, de découvrir l’autre dans une société malheureusement trop souvent dédiée à la vitesse. L’air de rien, cet Hospitality Club semble donc s’inscrire dans un courant émergent qui place la  » dromologie «  (terme lancé par l’urbaniste et essayiste Paul Virilio) au centre des préoccupations citadines : la vie occidentale est victime d’une accélération des événements et des relations ; tout va trop vite et l’être humain s’inscrit désormais dans un grand zapping généralisé. Bref, il est peut-être temps de penser à ralentir. De penser à prendre le temps. Le temps d’écouter l’autre. Le temps de voyager lentement.

Frédéric Brébant

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content