Après la déferlante des  » baby-tops « , ce sont aujourd’hui les  » vraies typées  » qui ont la cote auprès des créateurs. Coup de flash sur les 10 nouvelles filles-phares des podiums.

Il est loin le temps où Linda Evangelista clamait ne  » pas sortir de son lit pour moins de 10 000 dollars « . Oubliées aussi, les soirées où ne pas inscrire Naomi Campbell sur la liste des VIP entraînait un bannissement à vie de la galaxie fashion. Révolue, l’époque où la presse people se serait damnée pour une photo volée de Cindy Crawford au bras de Richard Gere. Quant à Claudia Schiffer, sa dernière cover de magazine la positionne en parfait contre-exemple de l’icône qu’elle a incarnée pendant des années : sa fille sur un bras, un fouet (de cuisine !) dans l’autre, la voici mère de famille rangée des podiums. Les années 1980 ont beau faire un come-back remarqué dans la mode, l’âge d’or des mannequins superstars est bel et bien derrière nous.

Seule Kate Moss, encore sur les catwalks, toujours dans la trash press, plus que jamais dans la pub, s’impose comme dernière représentante de cette lignée de tops hyperstarifiées.  » Elle est arrivée dans le métier à un moment charnière, analyse Séverine Nollet, bookeuse pour l’agence IMM (International Model Management). On passait d’une recherche d’icônes très lisses à un engouement pour des filles plus typées.  » Aujourd’hui, la tendance s’est encore accentuée. Au niveau international, ce que traquent les agences avant tout, ce sont des  » gueules « . Certaines à ce point atypiques que même Kate Moss, qui, à ses débuts, faisait figure d’ovni dans le mannequinat, est désormais perçue comme une beauté classique.

Les brunes contre les blondes ?

Exemple emblématique de cette quête de visages marquants : Irina Lazareanu. Nez imposant, yeux noisette sous une épaisse frange brune, demi-sourire à la Mona Lisa, c’est le genre de fille dont on se rappelle, qu’elle défile pour Yves Saint Laurent, Balenciaga ou, avant cela, pour les collections  » croisière  » de Chanel.  » Elle était dans le mannequinat depuis six ans, sans qu’on la remarque vraiment, se souvient Séverine Nollet. Puis tout à démarré très vite, sans doute parce qu’elle correspondait à la demande du moment.  » A savoir, une allure un rien androgyne, dernière tendance après le raz-de-marée des baby-tops façon Gemma Ward ou Lily Cole.

Il faut aussi dire qu’entre-temps Irina Lazareanu, rockeuse à ses heures, a fait un CD avec Sean Lennon. Et surtout la couverture de  » Vogue « , sésame doré de toute carrière dans la mode. Par le biais de leurs clichés, de grands noms de la photo, comme Patrick Demarchelier ou Mario Testino, jouent en effet le rôle de pygmalions modernes. On se souvient de la Une de l’édition italienne de  » Vogue  » que Steven Meisel a offerte à la Canadienne Coco Rocha, elle aussi très remarquée cette saison, notamment chez Balenciaga. Non contente de jouer les muses pour Nicolas Ghesquière, elle assure aussi la très belle campagne shootée par David Sims pour la griffe.

 » En parallèle de ces visages forts, il y a toujours une demande pour des filles plus passe- partout, plus faciles à modeler en fonction du maquillage ou de la coiffure, nuance Séverine Nollet. La beauté slave des tops venues des ex-pays de l’Est ou de Russie, blondes, fines et diaphanes, plaît toujours. A la limite, ces jeunes femmes travaillent plus et perdurent plus longtemps que celles qui sont très typées. Les vraies  » gueules « , on a vite l’impression de les avoir beaucoup vues. Et comme la mode aime se renouveler très vite…  »

Question de poids

Reste une question de poids : celle des mensurations des tops. La polémique a fait rage avant les derniers défilés… sans que l’on remarque de véritables changements dans les silhouettes présentes sur les catwalks.  » Le drame des mannequins anorexiques décédées n’a finalement pas eu tellement d’impact, reconnaît Séverine Nollet. Mis à part à Milan et à Madrid, où des mesures strictes ont été prises, les clients continuent à rechercher des filles très très minces. Mais il faut dire que dans ces deux cas précis, le gouvernement intervient dans l’organisation des défilés et soigne ainsi son image. Ce n’est pas le cas à Paris ou à New York.  »

Ainsi, Jessica Stam ou Lily Donaldson n’ont pas été rétrogradées dans le classement des tops les plus bookées : elles étaient, au contraire, de tous les shows hiver 07-08. Mais, si changements il y a, ils ne se produiront pas du jour au lendemain. Par ailleurs, une certaine hypocrisie règne aussi : dans les agences, on rit jaune quand on entend une célèbre rédactrice de mode parisienne se lancer dans une diatribe contre la maigreur des tops à la télé mais refuser en shooting une fille qui a grossi… de 600 grammes. Et d’autre part, quand une fille prend 2 centimètres de tour de hanches, le changement n’est pas perceptible aux yeux du grand public, qui, quand on prononce le mot  » rondeurs « , entend Renée Zellweger ou Cate Blanchett. Mais là, on ne joue plus dans la même catégorie. Car la carrière de mannequin commence de plus en plus jeune :  » Aujourd’hui, constate Séverine Nollet, des jeunes filles de 13 ou 14 ans défilent déjà. A cet âge-là, un tour de taille de 85 centimètres n’est pas nécessairement synonyme d’anorexie . » Heureusement, dans ce domaine comme dans d’autres, la Belgique se positionne dans un rapport plus  » humain « , avec des exigences moins draconiennes.  » Souvent, elles débutent tout doucement, vers 15-16 ans, et ne laissent en tout cas pas tomber leurs études secondaires.  » Un peu de douceur dans un monde de brutes ? Ce n’est sans doute pas Elise Crombez, belle top et belge au top, qui démentira.

Les  » caméléons  »

On les reconnaît parfois à peine, tellement leur beauté parfaite se laisse modeler en fonction du maquillage ou de la coiffure. C’est pour cela que les créateurs les aiment…

Les  » typées  »

Elles marquent un défilé ou une campagne de pub de leur visage plein de caractère. C’est pour cela que les créateurs les aiment…

Delphine Kindermans

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