C’est fou ce que l’on parvient à faire avec deux baguettes. Certes, ce n’est pas donné à n’importe qui. Si l’on s’appelle les Fills Monkey, que l’on a de la légèreté et de l’humour à revendre, ça aide. Un incredible drum show en V.O.

Ne dites jamais à des batteurs qu’ils ne ressemblent pas à l’idée que vous vous faites d’un batteur (queue de cheval, tricot Marcel, biscotos tatoués), ils risqueraient de faire comme les deux gars de la page d’à côté : se foutre torse poil pour prouver que des muscles, ils en ont. Quand en plus ils se couchent dans le lit de la chambre d’hôtel où l’on est censée les interviewer tout ce qu’il y a de plus sérieux, on est vraiment peinée de travailler pour la presse écrite – la télé parfois a du bon. Présentation : le charmant binoclard, à gauche, s’appelle Sébastien Rambaud, l’autre charmant, Yann Coste, et le couple binômatiquement drôle,  » Les Fills Monkey « . Dans la vraie vie, ils ne portent pas de short, ni de cravate mais des tatoos, car bon sang ne saurait mentir, le premier en affiche un à la cheville, un logo ésotérique du nom de son premier groupe JMPZ, le second, sur la face interne des biceps (aïe) la même phrase, pas la même calligraphie, en chinois et en arabe,  » Battre le rythme « . Plus qu’un catéchisme.

Leur histoire d’atomes crochus remonte un peu avant 2005, ils sont  » session men « , viennent de la scène rock, électro et français, à Lyon et environs, ont 25 ans, un même feeling musical, baignent dedans, sans demi-mesure, depuis tout petits, ils apprenaient la guitare, la batterie ou le piano quand les autres faisaient du foot. En choeur, ils disent  » ça collait bien entre nous « , une démonstration de batterie plus tard (pour une marque de cymbales dans une boutique) et les voilà tous les deux parés pour l’aventure,  » on sentait poindre quelque chose en nous, on y a incorporé des gags, les gens ont ri, pourtant, on y allait du bout des doigts « . Aujourd’hui, douze ans plus tard, c’est devenu un spectacle à part entière, un OVNI  » humorythmique  » pour tous,  » de 16 mois à 96 ans « , testé et approuvé par la mémé d’un copain, un show muet, sans bla-bla mais pas sans le son, donc universel, ils s’apprêtent à tester ça de l’autre côté de l’Atlantique. Avant, ils ont fréquenté tous les publics, les vieux, les rockeux, les théâtreux, dans la rue, les prisons, les maisons de retraite et les salles de spectacle, le 140 à Bruxelles, le Sentier des Halles à Paris et retour en Belgique en juin prochain, à Charleroi et au Bota, toujours à Bruxelles. Comme tous les artistes débutants, ils ont sillonné la France dans leur 206 Break à monter leur matos tout seuls et jouer partout et n’importe où pourvu qu’ils jouent. Mais comme ils sont 2.0, et plutôt pas mal dans leur genre, le buzz sur le Net a fait le reste. Claude François Junior les a pris sous son aile,  » un producteur comme il n’y en a pas deux « , et Gil Galliot, metteur en scène, les a cadrés, resserrés et révélés à eux-mêmes – ils n’avaient pas vraiment cru jusqu’alors qu’ils pouvaient aussi être des comédiens. Leur baptême de l’air, c’est donc fait, ils ne sont plus des  » agneaux de six semaines « . On les croit sur parole quand ils disent que le feeling de la salle, ils le sentent. C’est pourquoi ils adaptent parfois leur prouesse physique millimétrée, cascade de mimes, de tours de magie, de pas de danse, de solos et concours de batterie, de Laurel et Hardy mais sans gros ni petit, d’acting, de jongleries, de surprises et de poésie qui enchante. S’ils bossent pour l’heure Bach et Satie à la guitare, cela ne les empêche pas, avant de monter sur scène, de s’échauffer en écoutant  » des trucs bien distordus « ,  » un bon gros morceau de rock avec la double pédale  » ; Rage Against the Machine ou AC/DC font alors l’affaire. Les Fills Monkey ont la vraie délicatesse des grands comiques.

www.fillsmonkey.com

PAR ANNE-FRANÇOISE MOYSON

UN SHOW MUET, SANS BLA-BLA MAIS PAS SANS LE SON.

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