Après Tokyo et New York, c’est au cour de la principauté de Monaco que Karl Lagerfeld a choisi de présenter  » Paris – Monte-Carlo « , la cinquième collection des métiers d’art de Chanel. L’occasion pour Weekend de découvrir, en exclusivité et dans un décor de rêve, de pures merveilles…

Une féerie ! Une fois encore, la magie Chanel a opéré, et l’on se surprend à murmurer, devant ce raffinement extrême, les vers de  » L’Invitation au voyage  » de Baudelaire :  » Là, tout n’est qu’ordre et beauté. Luxe, calme et volupté « . La collection  » Paris – Monte-Carlo « , présentée hors calendrier, le 7 décembre dernier, et réunissant le savoir-faire inouï des grandes maisons françaises rachetées par Chanel (les maisons Michel pour les chapeaux, Desrues pour les bijoux, Lesage pour les broderies, Massaro pour les chaussures ainsi que le plumassier Lemarié) avait pour écrin la salle Garnier de l’Opéra de Monte-Carlo, fraîchement rénovée. Et pour son invitation au voyage, Karl Lagerfeld, aux rênes créatives, avait tout simplement insufflé le chic au plus infime détail.

Un défilé en trois actes

 » Paris – Monte-Carlo  » a nécessité des milliers d’heures de travail pour chacune des cinq maisons sollicitées. Pour cet opus, Karl Lagerfeld a renoué avec l’univers de la danse et des Ballets russes rendant ainsi un vibrant hommage à Coco Chanel qui, en 1924, signait tous les costumes du  » Train bleu « , le ballet créé par la compagnie de Serge Diaghilev et inspiré par le mythique convoi ferroviaire éponyme reliant Paris à Nice.

Le protocole voulait que  » Paris – Monte-Carlo  » commence une fois la princesse de Hanovre Caroline de Monaco et sa fille Charlotte Casiraghi assises. Comme au théâtre, trois coups marquent aussitôt le début du défilé des métiers d’art : une ligne ultramoderne, qui se veut  » romantique et urbaine « ,  » étincelante et discrète « … et que l’on découvrira en boutique dès le mois de juin prochain. Les calanques ensoleillées que longeait le Train bleu servent de toile de fond à cette collection  » fragile et solide à la fois « , dixit Karl Lagerfeld, les mannequins déambulant devant un viaduc géant traversé par  » le paquebot sur rails « .

Premier acte : le dressing du jour. De vrais bijoux… Signées Massaro, des bottes cavalières rehaussées de pierres précieuses accompagnent des tailleurs en tweed. On flashe sur les pantalons taille haute et skinny en toile de jean lamé argent. Le look mini-robe en laine et bottes est une merveille, so Chanel. Les bracelets-poignets en cuir rendent l’allure plus rock and roll. A épingler aussi : une magnifique salopette noire en satin et un tailleur jean taille haute. Le pantalon en flanelle superskinny, lui, s’impose comme le must-have. Au chapitre des accessoires, on retrouve toutes les tendances de la saison estivale comme le bandeau dans les cheveux ou le double serre-tête.

Le deuxième acte : les tenues cocktail. Des robes en tulle sont mariées à des blousons de cuir. La jupe en laine et le petit gilet assorti sont d’un goût exquis. Ici, on verse davantage dans le registre rétro avec des chaussures dont les n£uds ont été réalisés par la maison Lemarié, des robes en laine rebrodées de strass (ces  » bijoux invisibles « , comme les surnomme Karl Lagerfeld), des robes au dos en V plongeant et parsemées de brillants. Irrésitible, la robe-gilet jaune canari aux boutons précieux confectionnés par la maison Desrues et accessoirisée avec des bottes blanches. La palette de teintes rose poudré et chair, elle, est mise en valeur par de sages chignons sur lesquels on a posé un serre-tête. Couture et hype.

Troisième acte : les robes du soir. Les tenues prennent du volume et s’emplument. Les modèles sont le plus souvent entièrement rebrodés. Les robes chemisiers à gros n£ud évoquent l’ami Pierrot. Les jupes aux motifs Arlequin, rappelant les danseurs de Diaghilev, s’affichent strassées. Les pantalons en satin bleu se portent larges et taille haute. Les robes bustiers s’associent, en toute modernité, avec les fameuses bottes cavalières. Le gris perle, le lamé argent et le lamé or triomphent. Les ceintures vernies, leitmotiv chez Chanel, soulignent la taille, comme dans la collection haute couture printemps-été 2007, présentée, elle, en janvier dernier à Paris. Le luxe à l’état pur.

Un sens consommé du raffinement

Pour ses invités logés au Grand Hôtel de Paris, Karl Lagerfeld avait affrété un hélicoptère, depuis l’aéroport de Nice jusqu’à Monaco. Dans chacune des suites réservées, sur une petite table face à la mer, un énorme bouquet de roses accompagné d’un mot personnalisé du maestro de la Couture en personne :  » Je vous souhaite un séjour agréable à Monte-Carlo. Sincèrement vôtre. K.L. « . En prélude au défilé, la veille au soir : dîner au Rampoldi, un des restaurants italiens de la principauté réputé pour sa fréquentation people. Comme toujours chez Chanel, l’ambiance est élégante et décontractée. On change de table, on entame son toast au foie gras sans avoir même attendu Karl, journalistes et célébrités se mêlent joyeusement au programme. Parmi les privilégiés, on reconnaît la volubile Odile Gilbert, la grande coiffeuse des défilés, fidèle à Chanel depuis des années. Les membres de  » l’atelier « , dont la Belge Laetitia Crahay, responsable des accessoires, sont de la partie, tout comme les souriantes égéries : les actrices Anna Mouglalis, Elodie Bouchez, Amira Casar et Diane Kruger.

Le lendemain, pour couronner l’éblouissement de  » Paris – Monte-Carlo  » les invités assistent aux Nijinski Awards, les oscars de la danse, qui viennent récompenser les meilleurs chorégraphes, dont l’Américaine Trisha Brown, resplendissante dans une simple robe gris perle. Installés, pour la deuxième fois dans la même journée, dans les confortables fauteuils de la salle Garnier de l’Opéra de Monte-Carlo, ils assistent à la représentation d' » Altro Canto  » de Jean- Christophe Maillot sur la musique de Claudio Monteverdi, par les Ballets de Monte-Carlo, et dont les costumes sont l’£uvre de Karl Lagerfeld. Au programme également : la chorégraphie  » The Second Detail  » de William Forsythe.

La soirée se prolonge par un dîner aux chandelles dressé dans la salle Empire du Grand Hôtel de Paris. Irina Lazareanu, le mannequin vedette de la griffe française, arbore une robe en tulle de la collection  » Paris – Monte-Carlo « . Les attachées de presse affichent le total look Chanel. Anna Mouglalis arbore fièrement son ventre rond (elle sera tout prochainement maman) sous une robe courte portée avec des bottes. Les créateurs belges Laetitia Crahay, Jose Enrique Oña Selfa bavardent en toute complicité… tout comme, à la table d’à côté, Karl Lagerfeld, Caroline de Monaco et sa fille Charlotte. Mademoiselle Casiraghi, avec sa beauté naturelle, semble, elle, toute destinée au rang d’ambassadrice Chanel.

Agnès Trémoulet

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