L’écrivain Alain Mabanckou revient sur son enfance congolaise. Ou comment un truculent Petit Prince noir s’interroge sur la famille, l’amitié, l’amour et le monde des grands. Un roman punchy et plein d’émotions.

D’où vous vient la passion de l’écriture ?

De la lecture. La solitude m’a longtemps habité, tant j’étais un enfant effacé. Craignant la foule, je trouvais que le monde ne me correspondait pas. Le désir d’écrire vient de l’envie de créer un univers à soi.

Ce roman est-il celui d’un enfant orphelin ?

Quand j’écris, je suis au Paradis. Ce roman incarne le jardin le plus fleuri qui soit, parce qu’il est peuplé par mes parents, que je souhaitais immortaliser. Il est un hymne à une époque lointaine, mais formidable.

Quel goût avait votre enfance à Pointe-Noire ?

Un goût de nostalgie, d’évasion, d’aventure et d’errance. La capitale économique du Congo se trouvant au bord de l’océan, elle incite au voyage et à l’ailleurs.

Que reste-t-il du gamin en vous ?

L’émerveillement, parfois le désespoirà et une multitude de questions restées sans réponse.

Votre rêve de gosse ?

Grandir. Grâce à l’écriture, j’ai pu rester celui que j’étais. Chaque livre est un âge, une pierre que je pose pour continuer à grandir.

Votre héros d’hier ?

L’album Tintin au Congo m’a beaucoup amusé. A mille lieues de la polémique qu’il suscite, je savais que le Noir n’est pas celui qu’il décrit.

Et celui d’aujourd’hui ?

Martin Luther King, qui portait le rêve d’un nouveau monde tolérant ainsi que Mohammed Ali qui refusait l’injustice de la prétendue infériorité noire.

La famille était-elle un refuge ?

Étant enfant unique, c’était un refuge fragile. Or, j’avais l’impression d’être protégé par la voix grave de mon père et la voix adulée et mélodieuse de ma mère.

Qui était la femme de vos rêves ?

Geneviève, la femme de mon grand frère adoptif. Simple, disponible et généreuse, elle me tendait toujours la main pour que je puisse traverser le pont de la vie sans tomber.

Qu’est-ce qui rend les femmes belles ?

Lorsqu’elles sentent l’immensité de l’amour dans vos yeux, il n’est pas nécessaire de le leur dire.

La plus grande trahison amoureuse ?

Faire semblant qu’on aime. C’est une erreur de penser que l’amour est un jeu, parce qu’en amour, il est dur de jouer la comédie.

Si vous aviez la clé de l’amourà

J’hésiterais avant d’ouvrir la porte, mais dans la vie, il faut tout essayer ( rires) !

Qu’est-ce qui vous fait avancer ?

La joie de vivre. On n’a pas à l’acheter, ni à trouver de dealer, il suffit de la respirer.

Sapes préférées ?

Issu du pays de la sape, j’ai un goût éclectique, entre décontraction et sérieux. La casquette est essentielle.

L’humour, c’està

Plutôt une nature. Derrière le personnage sympathique se cache la gravité des chosesà

Auriez-vous pu être  » quelqu’un d’autre dans ma vie  » ?

J’aurais pu être un grand avocat ou magistrat, mais j’aurais été malheureux. Loin de cette réalité factice, il me fallait du rêve.

Quelle est votre  » route du bonheur  » ?

La route interminable de l’enfance, qui ne s’arrête jamais.

Demain j’aurai vingt ans, par Alain Mabanckou, Gallimard, 383 pages.

KERENN ELKAÏM

Grâce à l’écriture, j’ai pu rester celui que j’étais.

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