Avant d’y déambuler, un jour, peut-être, les premières idées que l’on se fait d’une ville passent souvent par la vision qu’en ont les réalisateurs de cinéma. La tentation est grande, alors, quand on s’y rend enfin, de mettre ses pas dans ceux des héros qui nous ont fait rêver et de se refaire in situ la scène en vrai. C’est en tout cas comme cela que Barbara Boespflug et Béatrice Billon, toutes deux boulimiques de films, allient leur passion des voyages et du 7e art en passant leurs vacances à pister les décors de leurs longs-métrages cultes à travers le monde. Et à ce petit jeu-là, New York et Paris se taillent une part de choix. Ensemble, elles ont d’ailleurs publié deux guides touristiques – celui sur Paname a même déjà fait l’objet d’une remise à jour – compilant quartier par quartier leurs adresses de tournage mythiques et tiennent aussi un blog listant leurs dernières découvertes en la matière. La version papier, richement illustrée, reprend à la fois des anecdotes de plateau mais aussi une description détaillée des lieux visités, tous accessibles au grand public et surtout restés inchangés depuis le passage de l’équipe du film afin que les cinéphiles puissent vraiment s’y projeter. On y apprend ainsi que James Gray, soucieux de reconstituer le plus fidèlement l’arrivée des immigrants à Ellis Island en 1921, n’hésita pas à déplacer sur l’île plus de 1 000 figurants et une équipe de deux cents personnes pour deux nuits intenses de travail. Que la petite boutique Belle Lurette à Paris, où Bérénice Bejo et Tahar Rahim se retrouvent pour acheter un lustre à bas prix dans Le Passé d’Asghar Farhadi, est un lieu de chine bien connu des décorateurs de cinéma. Et que l’Hôtel du Nord, au bord du canal Saint-Martin, entré dans la mémoire collective grâce à Marcel Carné, n’a pas bougé en apparence, même s’il est devenu un bar branché. Le duo a également eu la bonne idée de joindre sur chaque fiche un code QR renvoyant aux bandes-annonces des films évoqués qu’il s’agisse de classiques comme le King Kong de 1933 ou Gatsby le Magnifique de Baz Luhrmann sorti l’an dernier. Au hasard des pages défilent donc aussi bien des musées ou monuments emblématiques que des bonnes tables, des petits comptoirs, des hôtels prestigieux, des boutiques et des théâtres aussi. Des endroits grandioses ou intimes où il fait bon se raconter sa propre histoire.

Paris fait son cinéma et New York fait son cinéma, par Barbara Boespflug et Béatrice Billon, Editions du Chêne.

PAR ISABELLE WILLOT

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